Soudan: un premier jour de «désobéissance civile» meurtrier

11:23 - June 10, 2019
Code de l'info: 3469717
Dans une rue déserte de la ville jumelée de Khartoum, Omdurman, le premier jour d'une campagne de désobéissance civile au Soudan, le 9 juin 2019.
Au Soudan, après le massacre du sit-in il y a quasiment une semaine, la coalition civile a organisé dimanche une campagne nationale de « désobéissance civile ». Une action lancée par l’Association des professionnels qui accuse les putschistes au pouvoir d’être responsables du bain de sang du 3 juin et de la répression qui s’est poursuivie les jours suivants. Pour protester, les leaders ont appelé à la grève et à la reprise des barricades. Des violences avec les forces de l’ordre ont fait au moins quatre morts.
 
L’Association des professionnels parle d’un succès et demande aux Soudanais de poursuivre le mouvement. Difficile de nier l’évidence. Khartoum était une ville fantôme avec des transports quasi inopérants, un trafic très faible et l’essentiel des magasins fermés.
 
Les boutiques d’alimentation type supermarchés ou encore boulangerie, étaient en partie ouvertes pour permettre aux gens de s’approvisionner.
 
Dans plusieurs quartiers, des barricades ont été érigées pour limiter la circulation ou encore empêcher les véhicules des forces de sécurité de se déplacer. Les auteurs des barrages ont été réprimés, tantôt par les FSR, principaux auteurs de la tuerie du 3 juin, mais aussi la police, pourtant en retrait depuis le début de la répression.
 
Les forces de sécurité sont même allées jusqu’à tirer alors qu’on enterrait une des victimes dans le quartier de Bahri, ce qui a fortement choqué la communauté.
 
Même si le mouvement est essentiellement pacifiste, on commence à voir émerger des propos plus violents parmi les civils. Certains n’hésitent plus à appeler à la résistance armée. Une dérive encore marginale, mais très préoccupante qui fait craindre une guerre civile.
 
L’Association des professionnels espère que la campagne durera jusqu’à ce que les militaires cèdent le pouvoir aux civils. L’APS a demandé aux institutions financières internationales de couper les liens avec le régime, et souhaite davantage de soutien international pour éviter un nouveau bain de sang.
 
L’ONU doit prochainement envoyer une équipe pour enquêter sur les accusations de violations des droits de l’homme.
rfi
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