Exposition : l’art islamique rayonne au British Museum

9:40 - November 18, 2018
Code de l'info: 3467881
 Au cœur de l'institution anglaise, la nouvelle galerie dédiée au monde islamique révèle une diversité de trésors, du VIIe siècle à nos jours.

Après quatre ans d'attente, le British Museum a rouvert le mois dernier sa galerie consacrée aux arts de l'Islam. Une relocalisation bienvenue de la périphérie au centre du musée dans deux majestueuses salles victoriennes restaurées, voisines de l'Angleterre médiévale et de la Renaissance en Europe. « Nous voulions capturer la qualité de la lumière que vous obtenez dans l'architecture islamique », précise Sanjay Ghodke, du cabinet d'architectes Stanton Williams. Il était temps pour le British Museum, grâce au soutien financier de la fondation malaisienne Albukhary qui œuvre à la préservation du patrimoine culturel islamique, de s'inspirer des réorganisations du Metropolitan Museum en 2011 (1 200 œuvres sur 1 800 mètres carrés) et du Louvre en 2012, avec sa cour Visconti recouverte d'un voile mordoré (3 000 œuvres sur 2 800 mètres carrés). Le directeur du British Museum, Hartwig Fischer, en explique la portée : « C'est une nouvelle approche de l'Islam en tant que phénomène mondial, spirituel, intellectuel et social dans l'histoire du monde. » « Ce n’est pas une galerie de l’islam en tant que religion, mais c’est une galerie des régions du monde islamique », indique Fahmida Suleman, conservatrice pour le Moyen-Orient moderne, qui poursuit : « Tout l'intérêt de la galerie est de montrer qu’il n’existe pas un seul type d’islam ni un seul type de musulman. » Agrandi, le nouvel écrin de 620 mètres carrés permet d'exposer dorénavant 1 600 objets, qu'ils soient splendides, comme un grand bassin mamelouk incrusté d'or et d'argent du XIVe siècle, ou ordinaires, telle une défense d'éléphant emballée pour le transport au Congo du XIXe siècle.


Un voyage de l'Andalousie à Tombouctou, de Zanzibar vers l'Asie du Sud-EstLe parcours chronologique central, secondé par des présentations thématiques latérales, montre comment la culture islamique est entrée en contact avec les autres sassanide, romaine, byzantine ou berbère au travers du commerce, des conquêtes et des mouvements artistiques. Artistes et artisans chrétiens, juifs, hindous et zoroastriens se sont adaptés et ont influencé les expressions visuelles des arts de l'Islam. « La galerie raconte les histoires de ce vaste territoire géographique, de l'Afrique de l'Ouest à l'Indonésie et à la Chine, du VIIe siècle à aujourd'hui », détaille Venetia Porter, une des conservatrices qui a participé au projet. Une occasion d’afficher des objets de la vie quotidienne, tels un tableau d'écriture somalien et un jeu d'échecs nigérian du début du XXe siècle. Les règles du jeu d’échecs, originaire d'Inde, étaient différentes dans le monde islamique, à l'image de la reine, beaucoup moins puissante. La riche collection du British Museum comprend aussi des instruments de musique, comme une lyre soudanaise, ou des bijoux, telle une Khamsa (main de Fatima) marocaine, toutes deux du XIXe siècle. « Le monde islamique fait partie d'un monde beaucoup plus vaste », ajoute William Greenwood, autre conservateur du musée. Par exemple, la présence de la porcelaine chinoise dans le monde islamique puis au tournant de 1400, l'intégration de cette esthétique et de ces motifs dragons, fleurs de lotus, nuages et pivoines à la céramique islamique. Comme le résume le président de la fondation philanthropique, Tan Sri Syed Mokhtar Albukhary : « Dans le contexte de la mondialisation, j'espère que cette nouvelle galerie attirera un public multiculturel et contribuera à la compréhension de l'histoire du monde islamique en montrant l'interdépendance des cultures que nous partageons. »

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