Italie : les femmes luttent contre la radicalisation en prison

8:37 - December 17, 2018
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La radicalisation des jeunes musulmans en prison est un problème dans de nombreux pays européens. En Italie, l’Union des communautés islamiques propose, dans un projet pilote, d'envoyer des femmes parler de l’islam aux prisonniers.

Une fois par semaine, Amina Salah et Soraya Houli, se rendent à la prison de Bollate à Milan. Dotées d’une maîtrise en sciences islamiques, elles ont été choisies pour guider ce projet pilote de lutte contre la radicalisation.

"Nous ne sommes pas là seulement pour parler religion et leur dire comment prier, mais aussi pour les orienter vers un islam modéré", explique Amina Salah, présidente de l'Association des femmes musulmanes d’Italie.

Travail psychosocial

Dans l’aile féminine de la prison, les musulmanes ne sont pas très nombreuses. L’objectif est de leur faire comprendre que la radicalisation commence aussi par une mauvaise interprétation du Coran.

"Le Coran dit que le musulman doit bien se comporter. Pas seulement avec les autres musulmans, mais avec toutes les personnes. Le mot 'nes' en arabe, cela veut dire les gens en général", souligne Amina Salah.

Elever le niveau d’alerte de ces femmes fragiles et combattre les fausses idées véhiculées pour les soumettre s'avère être un travail plus psychosocial que religieux.

Imam "improvisé

"A Bollate, deux prêtres s’occupent des prisonniers chrétiens, mais aucun imam n'est habilité dans cette prison. Les détenus musulmans doivent choisir l'un d’entre eux pour commenter les versets du coran le vendredi, jour de la prière. Un risque réel si cet imam "improvisé" se radicalise.

La seule concession pour les 300 détenus musulmans est l’aménagement d'une cellule en mosquée à chaque étage de la prison. Car ce sont souvent les frustrations carcérales, vues comme des injustices, qui incitent certains à suivre les sirènes de la radicalisation.

"Si certains détenus sont plus fragiles psychologiquement, ils risquent encore plus facilement de se laisser influencer ici en prison, ce qui peut conduire à avoir des comportements graves de prosélytisme avec l’objectif du terrorisme", explique Cosima Buccoliero, vice-directrice de la prison de Bollate.

Rapport sur les prisonniers

Au fil des mois, Amina et Soraya sont devenues comme des grandes soeurs que les détenus écoutent. "C'est une erreur d'aller s'informer sur la religion sur internet, une grave erreur, tout comme le fait de contacter des personnes sur internet pour parler de religion", assure Amina Salah lors des discussions avec les détenus.

Chaque semaine, Soraya Houli établit un rapport sur les réactions des prisonniers. En cas d’indice de radicalisation, elle doit le signaler. "Si un détenu exagère dans ses paroles, et que notre intervention ne change rien, alors nous devons alerter la direction de la prison", explique la théologienne.

Ce projet pilote ne concerne que cinq prisons sur les 190 que compte l'Italie. A Bollate, aucun détenu n'a été remarqué pour radicalisation, alors que dans le reste du pays, 365 prisonniers ont été signalés.

rts.ch

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