Des ONG réclament une enquête de l’ONU sur la détention des Ouïghours en Chine

10:16 - February 06, 2019
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Une quinzaine d’ONG, dont Amnesty et la FIDH, ont réclamé lundi la création d’une enquête de l’ONU sur la détention « arbitraire » d’un million de Ouïghours en Chine, minorité musulmane turcophone se disant victime de répressions.
« Ensemble, nous lançons un appel aux Etats membres du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour qu’ils mettent en place, lors de la prochaine session à la fin du mois, une mission d’établissement des faits chargée d’enquêter » sur la détention « arbitraire » des Ouïghours dans le Xinjiang, a déclaré le directeur de Human Rights Watch, Kenneth Roth.
 
Une telle enquête doit être décidée par la majorité des 47 Etats membres du Conseil, dont la Chine est actuellement membre.
 
« Les abus dans le Xinjiang sont si graves aujourd’hui qu’ils nécessitent une action internationale », a relevé M. Roth lors d’une conférence de presse à Genève.
 
S’exprimant via téléconférence, le secrétaire général d’Amnesty International, Kumi Naidoo, a qualifié la région du Xinjiang de « prison à ciel ouvert »: un lieu où « la surveillance avec haute technologie, l’endoctrinement politique, l’assimilation culturelle forcée, les arrestations arbitraires et les disparitions ont conduit les minorités ethniques à devenir des étrangers sur leur propre terre ».
 
Le Xinjiang, vaste région dont les Ouïghours constituent la principale ethnie, a été le cadre de violentes tensions inter-ethniques et d’attentats meurtriers, avant d’être placée ces dernières années sous haute surveillance policière.
 
Jusqu’à un million de musulmans y seraient détenus dans des centres de rééducation politique, selon des accusations d’experts et d’organisations de défense des droits de l’homme. D’après Dolkun Isa, représentant du Congrès mondial ouïghour, organisation basée à Munich, il pourrait y avoir quelque « 3 millions » de personnes dans les camps.
 
Ces accusations sont démenties par Pékin qui parle de « centres de formation professionnelle » contre la « radicalisation » islamiste. Pékin assure que les mesures de sécurité au Xinjiang sont nécessaires pour combattre l’extrémisme mais ne visent aucun groupe ethnique en particulier.
 
« La Chine s’en tire (…) parce que peu de gens savent qui sont les Ouïghours. Et parce que la Chine s’est montrée prête à utiliser son influence économique pour faire taire les critiques », a observé M. Roth.
 
Il a appelé les Européens et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à « agir de concert » au Conseil des droits de l’Homme, comme ils l’ont fait dans le contexte de la crise des musulmans Rohingyas en Birmanie.
 
Il a critiqué le « silence » du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres sur cette question.
 
En septembre, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a fait état d' »allégations profondément inquiétantes de détentions arbitraires (…) dans la région du Xinjiang » et demandé au gouvernement chinois de donner accès à ses services au Xinjiang.
 
Pékin a assuré que des observateurs de l’ONU sont les bienvenus dans la région, mais à condition qu’ils « s’abstiennent de toute ingérence dans les affaires intérieures de la Chine ».
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