Mardi noir en Arabie Saoudite!

15:19 - April 24, 2019
Code de l'info: 3469296
Le régime saoudien a décapité, tôt ce mardi 23 avril, 37 ressortissants saoudiens dont 32 chiites. Riyad leur reprochait d'avoir créé des comptes sur Facebook et y être actif !
Ces abominables exécutions ont eu lieu quelques mois après le meurtre du journaliste dissident Khashoggi que l'administration US et les lobbyistes israéliens de Riyad ont réussi à gommer à coup de pétrodollars et de contrats alléchants.                                                                                                                                     
Ce mercredi, silence radio côté des défenseurs « professionnels » des droits de l'homme. Des daechistes couronnés décapitent en vrac et achètent le silence des Américains et des Européens en signant des chèques blancs à l'intention des armuriers occidentaux. 
 
Parmi ces 37 personnes décapitées figure un jeune homme de 18 ans que le régime de Riyad accuse d'« activités terroristes ». Le ministère de l’Intérieur du royaume est d'ailleurs bien fier de mettre cette accusation à toutes les sauces, alors même que l'Arabie saoudite est connue comme étant le principal sponsor du terrorisme wahhabite version al-Qaïda et Daech.  
 
Le ministère a prétendu que ces hommes avaient « créé des cellules terroristes pour porter atteinte à la sécurité, semer le chaos et provoquer des conflits sectaires », terme utilisé à chaque nouvelle vague de répression sanglante contre la minorité chiite.
 
Au nombre de 32 chiites décapités, figurent des séminaristes des écoles religieuses, de simples usagers des réseaux sociaux, des lycéens.
 
Les décapitations ont eu lieu dans six villes du royaume dont deux villes saintes où il est conseillé de ne pas verser de sang: la capitale Riyad, les villes saintes de La Mecque et de Médine, al-Qassim (centre), Asir (sud) et ach-Charqiya (est), soit cette province riche en pétrole qui abrite les chiites du royaume, ces laissés pour compte des richesses pétrolières saoudiennes. 
 
Les milieux politiques évoquent un mardi « noir » dans l'histoire du royaume marqué par le plus grand nombre d'exécutions jamais réalisées en un seul jour depuis le 2 janvier 2016, date à laquelle le régime a décapité le leader des chiites, Cheikh Nimr al-Nimr. 
 
Le 2 janvier 2016, le régime des Ale-Saoud a commis un crime qui a étonné jusqu’à ses propres soutiens: l'exécution de l’éminent dignitaire religieux chiite d’Arabie saoudite, le cheikh Nimr Baqer Al-Nimr. Par la même occasion, nombre de jeunes chiites ont été exécutés pour avoir participé à des manifestations pacifiques en soutien à Cheikh Nimr. Mais le mouvement de protestation n'a fait que s'amplifier, ajoute cette même source. 
 
Déjà, depuis le début de l'année en cours, le nombre des exécutions s’élève à environ 104 en Arabie saoudite, selon un décompte établi à partir de communiqués officiels, contre 149 en 2018. L'atrocité de ces exécutions a même poussé Amnesty International, souvent bien laxiste à l'égard des Occidentaux et de leurs alliés, à les dénoncer. Il estime que « l'exécution massive d'aujourd'hui est une démonstration effrayante du mépris cruel des autorités saoudiennes pour la vie humaine ».
 
En Iran, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a violemment dénoncé ces exécutions, « impossibles à avoir été perpétrées sans la complicité avec les États-Unis ».
 
« Force est de constater que toute adhésion à la bande B - Bolton (conseiller à la Sécurité nationale de Trump), le prince héritier MBS, le prince héritier d’Abou Dhabi et Bibi (Premier ministre israélien) - accorde automatiquement l'immunité à tout crime », a-t-il écrit ce mardi sur son compte Twitter.
 
Et le ministre de poursuivre: « Le gouvernement américain n’a pas montré la moindre réaction à la liquidation du journaliste dissident saoudien, Jamal Khashoggi et au démembrement de son corps. Cette fois aussi, il a observé le silence face à l’exécution de 37 personnes en une seule journée par le régime de Riyad alors que l’un des suppliciés a été crucifié deux jours après les fêtes de Pâques. »
 

After a wink at the dismembering of a journalist, not a whisper from the Trump administration when Saudi Arabia beheads 37 men in one day—even crucifying one two days after Easter. Membership in the #B_team —Bolton, Bin Salman, Bin Zayed & "Bibi"— gives immunity for any crime. pic.twitter.com/GgtfOqowGq

— Javad Zarif (@JZarif) April 23, 2019
 
Mais pourquoi ces exécutions ?
Les analystes politiques relèvent la quasi concomitance de ces macabres décapitations avec l'annonce le 22 avril par Trump de la fin des dérogations accordées à huit pays importateurs de pétrole iranien. Il y a là un signe du soutien apporté par Riyad à la décision américaine et surtout des promesses pétrolières saoudiennes faites à l'administration US. Un accord tacite selon lequel Riyad aurait promis à Washington d'élargir ses productions pétrolières pour récompenser le manque du pétrole iranien sur le marché.
 
Après avoir fait avaler au monde entier des mensonges pour effacer la culpabilité de MBS dans l'affaire Khashoggi, l'administration US vient de refaire le coup avec l'exécution de chiites. Mais cette affaire pourrait avoir un autre aspect lié directement au Deal du siècle. En échange d'un suivisme totale envers Israël qui consisterait à sacrifier la Palestine mais aussi à lâcher la Cisjordanie voire l'Égypte, le régime saoudien a acheté le silence de Washington.
 
Sur ce, les analystes prévoient un nouveau cycle de violence et de répression barbare en Arabie saoudite où MBS, fort du soutien US, irait aussi loin que possible dans les crimes. Mais ce faisant, font remarquer les analystes, le régime de Riyad ne ferait que s'exposer davantage aux risques d'une explosion sociale et politique. 
 
Depuis 2011, la province d’ach-Charqiya dans l’est saoudien est en effet le théâtre de manifestations populaires en faveur de réformes et de justice sociale. Les forces du régime saoudien ont déjà procédé à des dizaines d'exécutions, à la destruction systématique des quartiers entiers sur fond de descentes intermittentes dans les maisons, les lieux de culte et les bâtiments publics de cette province. Le mardi « noir » n'est qu'un début pour un vaste mouvement populaire qui coûtera peut-être son trône à MBS, note un analyste. 
presstv
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