L’Amérique combat les terroristes en théorie plus qu’en pratique

9:49 - February 09, 2017
Code de l'info: 3462317
Pour le professeur américain, John Andrew Morrow, les Etats-Unis soutiennent les groupes terroristes islamistes pour avancer son agenda hégémonique en les combattant.
L’Amérique combat les terroristes en théorie plus qu’en pratique
Lors d’une interview accordée à l’Agence Internationale de Presse Coranique (IQNA), il évoque le soutien américain aux terroristes qui partent des Etats-Unis et de l’Europe, en Syrie et en Irak, soulignant l’accueil réservé par ces pays à ces terroristes en rentrant. 
A ce propos il nous a dit : « On ne les interroge pas. On ne les charge pas. On ne les juge pas. On ne les condamne pas à la prison ou à la mort pour trahison, crimes de guerre et génocide. Au contraire, on les accueille avec les bras-ouverts! Aux États-Unis, sous Obama au moins, l’administration américaine encourageait la "réintégration des combattants terroristes américains qui retournent de l’étranger." Cela démontre que les terroristes travaillent pour eux. » Ce que vous lisez, ce sont les réponses que le professeur américain a données à nos questions.
 
 Quelles sont les conséquences du décret anti-migratoire de Trump sur la société américaine qui se considère comme défenseur des droits de l'homme et de la démocratie?
 
Il ne s’agit pas d’un décret anti-migratoire. Les États-Unis permettent l’immigration légale. Comme n’importe quel pays souverain, l’Amérique a le droit de contrôler ses frontières et son immigration.  Rappelons-nous qu’il y a 16 pays musulmans qui interdisent l’entrée de juifs israéliens. Alors, ne soyons pas hypocrites. Il n’y a aucun pays au monde qui laisse ses frontières ouvertes à n’importe qui et en n’importe quelle quantité. Trump a amplement raison quand il affirme qu’un pays qui ne contrôle pas ses frontières n’est point un pays. Un pays souverain ne se laisse pas envahir.
 
Le décret de Trump est dirigé envers les ressortissants de sept pays qui, soi-disant, produisent le plus de terroristes « islamistes » et qui représentent, soi-disant, la plus grande menace envers les États-Unis! Ce n’est pas un décret général qui viserait tous les musulmans. Souvenons-nous que les musulmans sont majoritaires dans 49 nations et se trouvent dans presque tous les autres pays de la planète. Ils ne sont pas exclus de voyager aux États-Unis.
 
Je ne défends point les actions de Trump. Néanmoins, il ne faut pas se laisser duper par la propagande des médias libéraux qui lui ont déclaré la guerre et qui est devenu l’opposition officielle. Les États-Unis ont un grave problème avec l’immigration clandestine et avec le terrorisme étranger et domestique. Il faut donc agir intelligemment et non stupidement en considérant toutes les conséquences. L’aspect humanitaire doit aussi être considéré. On ne détruit pas des familles dans notre quête pour protéger des familles. On fait notre possible pour faire le plus de bien et faire le moins de tort.
 
Ce n’est pas à cause du décret de Trump que les États-Unis ne sont plus les défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie : ils ne l’ont jamais été. Ce n’est rien de nouveau. Vous n’avez qu’à demander aux victimes historiques de l’Empire Américain : aux autochtones, aux Africains, aux femmes, aux juifs, aux irlandais et aux italiens, aux canadiens français, aux catholiques, aux japonais américains, aux pauvres blancs anglo-saxons, et aux ouvriers ce qu’ils pensent de la « démocratie » américaine et de sa défense des « droits de l’homme ». Et quand vous y êtes, demandez donc aux victimes de l’impérialisme américain en Amérique Latine, aux Antilles, en Asie du Sud-ouest, en Afrique du Nord, et aux Moyen-Orient ce qu’ils pensent des « droits de l’homme » et de la « démocratie » américaine.
 
L’Amérique a amplement de bienfaits mais elle a aussi une histoire honteuse de haine, de génocide, d’esclavage, d’exploitation, de racisme, de ségrégation, de discrimination, de misogynie et d’impérialisme économique et politique. Les principes constitutionnels sur lesquelles les États-Unis sont fondées sont exceptionnels et admirables. Hélas, la plupart des administrations américaines les ont violés sans cesse pour des siècles. Les droits de l’homme, c’est pour tous les hommes et les femmes y-compris. Au lieu d’être une république démocratique, les États-Unis sont devenus un Empire. Mais, les Empires ne durent point et l’Empire Américain est en plein déclin. Nous ne prions point pour sa destruction mais pour sa salvation avec « justice et liberté pour tous. » 
 
Pourquoi Trump n'a pas placé les vrais terroristes comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar sur la liste des pays dont les ressortissants sont interdits d'entrer sur le sol américain?
 
La liste de Trump, qui a été préparée par Obama, n’oublions-pas, est idiote. On ne devrait pas discriminer à base de nationalité ou de religion. On devrait, quand même, discriminer à base d’idéologie. Les lois américaines interdisent l’immigration de personnes qui étaient membres d’un parti communiste, qui croient au totalitarisme, ou qui ont commis des crimes de guerre. Au lieu d’interdire les citoyens de certains pays majoritairement musulmans, on devrait interdire les salafistes, wahhabites, nasibites et takfirites d’entrer sur le sol américain. Voilà la véritable menace envers musulmans et non-musulmans.
 
Souvenons-nous que des dizaines de milliers de terroristes qui se battent en Syrie et en Irak viennent d’Occident. Ils rentrent et sortent d’Occident à leur gré. Ils ne sont point interdits d’aller au Moyen-Orient pour commettre des crimes de guerre. Ils reviennent en Europe et aux États-Unis sans le moindre problème. On ne les interroge pas. On ne les charge pas. On ne les juge pas. On ne les condamne pas à la prison ou à la mort pour trahison, crimes de guerre et génocide. Au contraire, on les accueille avec les bras-ouverts! Aux États-Unis, sous Obama au moins, l’administration américaine encourageait la « réintégration des combattants terroristes américains qui retournent de l’étranger. » Cela démontre que les terroristes travaillent pour eux. Si Trump veut mettre fin à cette politique cinglée, bienvenu soit-il.
 
Si l’Arabie Saoudite n’apparaît pas sur la liste de Trump, c’est question d’intérêt personnel et économique du « Président » des États-Unis. Et si je ne reconnais pas Trump comme mon Président, ce n’est pas à cause de ses politiques, c’est par ce que, en tant qu’autochtone et en tant qu’amérindien, je refuse de reconnaître l’existence même de ce pays. L’Amérique n’appartient à aucune nation : elle appartient aux peuples originaires de ce continent. Les Européens ont volé et vendu de la terre qui ne leur appartenait point. Du point de vue des Premières Nations, les Inuits et des Métisses, nous ne reconnaissons pas les droits de ceux qui ne reconnaissent pas nos droits. Nous étions prêts à partager ce continent mais on nous l’a pris en échange pour des miettes. Il n’y a point de justice sur terre volée.
 
En ce qui concerne l’Arabie Saoudite, nous savons très bien que c’est la Mère de la Bête. Quinze des dix-neuf terroristes takfiristes qui ont commis les attentats du 11 septembre 2001 étaient citoyens saoudiens. Nous savons bel et bien que l’Arabie Saoudite dépense des milliards de dollars pour promouvoir l’idéologie de la terreur takfirite et qu’elle finance les psychopathes islamistes autour du monde. C’est un fait établi que Daesh travaille ou travaillait pour le compte des États-Unis, d’Israël, de l’Arabie Saoudite, du Qatar, et la Turquie, même si ce dernier pays semble avoir changé de stratégie. Curieusement, ces trois derniers pays ne figurent pas sur la liste de Trump. L’Égypte, le centre même des salafites extrémistes, est notablement absent car, pour le soi-disant Président des États-Unis, ce n’est pas bon pour les affaires.
 
L’Amérique est un dragon à deux têtes. L’Amérique est un pyromane et un pompier. Elle allume le feu et essaie de l’éteindre ensuite. L’Amérique soutient les groupes terroristes islamistes pour avancer son agenda hégémonique en les combattant, en théorie plus qu’en pratique, pour gagner l’opinion publique. C’est un double jeu diabolique qui coûte des centaines de milliers de vies musulmanes qui sont pris au milieu du carnage. Ils sont sacrifiés sur l’autel de Mammon pour enrichir ses adorateurs.
 
L’idée de Trump de s’allier avec les Russes, les Syriens et peut être même les Iraniens pour détruire Daesh était bonne. Le problème c’est que Trump est encerclé de néo-conservateurs et de sionistes acharnés qui ont un agenda complètement diffèrent. Trump a besoin d’eux mais ils ont besoin de lui aussi. Alors, Trump se voit tiré dans de nombreuses directions différentes. Il avait le choix entre l’axe de la résistance, la Russie, la Syrie et l’Iran, et l’axe de l’oppression, Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Si le choix était entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, Trump parait avoir choisi le Royaume du Mal au lieu de la République Bien-Intentionnée. Si les Américains ont imposé la « théorie du chaos » dans le monde musulman, il semble qu’ils viennent d’être servis. Bienvenue en Amérique. Le nouveau Tiers-Monde où le gouvernement est aussi instable qu’en Afrique Noire et le président agit comme un dictateur militaire arabe. C’est l’ultime ironie.
 
Comment les ressortissants des sept pays musulmans figurant sur la liste concernée par le décret peuvent manifester leur protestation? Comment les musulmans américains peuvent défendre les musulmans étrangers concernés par le décret anti-migratoire?
 
Ils ont protesté. Ils se sont fait entendre. Le décret de Trump a été mis en arrêt. Nous attendons voir la suite. Le pouvoir cède sous pression. Il faut donc s’organiser, manifester, se faire entendre et se faire écouter.
 
 Dans quelle mesure les gestes symboliques comme les chaînes humaines autour des musulmans en prière dans les aéroports sont efficaces?
 
De telles actions sont très symboliques. Elles démontrent énormément de solidarité. Elles affaiblissent l’autorité. Elles aident à construire des ponts entre toutes les communautés qui sont visées par l’extrême-droite, par ces suprématistes blancs qui se présentent faussement comme des nationalistes. Mais, il faut se poser une question importante : où étaient ces millions de manifestants pendant que les escadrons de la mort de Daesh exterminaient les chrétiens, les chiites, les soufies, et les sunnites traditionnelles? Il faut aussi se demander si nous pouvons véritablement compter sur l’amitié et la solidarité des GLBTT, les ultra-libéraux et des laïques. Il se peut que je me trompe, mais cela semble être un mariage de convenance qui coûtera cher. C’est-à-dire, les activistes en question vont vouloir quelque chose de retour : la reconnaissance de leur « mode-de-vie » de la part des musulmans. Il est également possible que, face aux grands problèmes, les différences secondaires soient mises de côté.
 
 A quel point la société américaine est favorable aux mesures prises par Trump contre les musulmans ?
 
La société américaine est profondément polarisée. C’est ce qui s’appelle la "guerre culturelle.” La moitié de la population consiste de protestants conservateurs tandis que l’autre moitié consiste de laïques libéraux. La moitié des américains sont favorables aux mesures prises par Trump tandis que l’autre moitié s’y oppose. En réalité, la vérité ne se trouve pas dans les extrêmes : la vérité se trouve au centre. Les gens qui opposent Trump sont aussi égarés que les gens qui le soutiennent. Nous devons donc travailler envers la réconciliation fondée sur des principes éthiques universels. Dans le cas échéant, je crains que la « guerre culturelle » devienne une « guerre civile et civilisationnelle. » Et nous, les croyants, nous nous trouverons au milieu de deux forces du mal en essayant d’identifier le moindre de mal. Mais, souvenons-nous, le moindre mal est quand même un mal. Nous prions donc pour le retour de Jésus et de l’Imam Mahdi, sans lesquels, il n’y a point d’espoir pour l’humanité et la planète qui nous donne la vie.  

Parvaneh Salehi

captcha