Le Coran incite-t-il à la violence ?

8:50 - May 01, 2018
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Les détracteurs de l’Islam ne retiennent du Coran que ses versets médinois et plus particulièrement ceux qui traitent de la guerre et de la paix. Ils en concluent que la dernière révélation prêche la violence. En fait, ils font preuve d’une totale ignorance de la religion islamique mais aussi d’une mauvaise foi. L’objet de cette étude consiste à répondre à cette thèse qui accuse les textes coraniques d’inciter à la violence.

 


Pour comprendre les thèmes développés par le Coran, il convient de les placer dans leur contexte. Il n’est pas judicieux de les analyser sans tenir compte de leur temporalité. Le Coran serait inintelligible, si nous passions sous silence le très grand nombre de versets d’une humanité élevée. Mais ce n’est pas l’objet de cet article. Les ignorants, les calculateurs, les détracteurs, les pourfendeurs de la foi et les très nombreux gens de mauvaise foi s’attachent à lire les vingt-neuf (29) versets prétendument violents mais ne prennent pas en considération les autres six mille deux cents trente six (6236) versets qui composent tout le Coran.


A cet effet, nous analyserons quelques versets mis en cause. Nous montrerons que leur contenu est légitimé par les conditions et les circonstances de leur époque et que les Etats de notre siècle, eux-mêmes, prendraient pour eux-mêmes.

Premier verset :
« Combattez dans la Voie de Dieu ceux qui vous combattent, sans jamais outrepasser les limites permises, car Dieu n’aime ceux qui les transgressent. » (S.2, 190)


C’est le premier verset ordonnant de repousser toute agression conte les musulmans. Nous relevons plusieurs remarques dont la plus importante montre qu’en islam la guerre est défensive. En effet, ce n’est pas une guerre déclarée à tous les peuples et à toutes les nations, mais elle vise uniquement ceux qui vous combattent. C’est un droit de se défendre contre un ennemi, en l’occurrence les polythéistes mecquois. Il impose cependant des limites comme le fait d’interdire les guerres préventives. Cet impératif est inclus dans cette expression : Dieu n’aime pas les transgresseurs. N’est-ce pas que cet engagement dans la guerre contre l’agresseur est un droit reconnu aujourd’hui par toutes les puissances de la terre ?

Deuxième verset :
« Tuez (les polythéistes) où vous les trouvez et chassez-les d’où ils vous ont chassés, car la subversion (al-fitnatu) [1]est pire que le meurtre. Ne les combattez pas cependant auprès de la Mosquée sacrée, à moins qu’ils ne vous y attaquent les premiers. Dans ce cas, n’hésitez pas à les tuer. Ce sera la juste récompense des infidèles. » (S.2, 191)


Mohammad Chiadmi, auteur d’une traduction du Coran, celle d’où nous empruntons les citations, apporte cette explication du verset : « Dieu autorise les musulmans à se défendre contre les agressions des Qorayshites qui les avaient persécutés et chassés de leurs demeures. Placé dans ce contexte, ce verset appelle les musulmans à riposter contre toutes ces agressions et à lutter pour reconquérir leurs terres. »

Il faut rappeler que les musulmans étaient, à la Mecque, persécutés par les polythéistes. Certains d’entre eux ont été tués. Ces conditions négatives les ont contraints à s’exiler à Médine en abandonnant leurs demeures et leurs biens, lesquels ont été accaparés par leurs ennemis de Qoraysh. Le Coran ne fait qu’appeler les croyants à prendre les armes dans le but de récupérer leurs biens et de pouvoir pratiquer librement leur religion. N’est-ce pas un droit légitime, reconnu aujourd’hui par le droit international, de récupérer ce qui nous a été pris par l’ennemi et de défendre notre droit de pratiquer la religion (ou les idées) de notre choix ? C’est justement la raison d’être, entre autres, des deux guerres mondiales.


Bien que le verset prévoit de combattre l’ennemi, il émet cependant une réserve : « Ne les combattez pas auprès de la Mosquée sacrée ». Il n’en reste pas moins que « s’ils vous y attaquent les premiers, dans ce cas n’hésitez pas à les tuer. » C’est encore une autre preuve que la guerre en islam revêt un caractère défensif. Pourtant, ce qui dérange les Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Michel Onfray et compagnie, c’est certainement ce genre de passage : « N’hésitez pas à les tuer ». C’est comme si au cours des guerres, les hommes ne s’entretuaient pas mais combattaient en se donnant l’accolade ou en se jetant des fleurs. Mais voilà, ce qui est valable pour les uns n’est en aucune façon admis pour les autres.


Il y a un fait marquant que les non-musulmans doivent avoir à l’esprit, c’est la clémence que l’Islâm préconise en maintes occasions. En effet, le Prophète (p.p) a accordé le pardon à tous ses ennemis après son triomphe et son entrée victorieuse à la Mecque. Cette décision du Messager de Dieu (p.p) représente une source de droit. Est-ce que les Occidentaux ont pardonné à leurs ennemis au lendemain des deux guerres ? Les juifs continuent, jusqu’à ce jour, à pourchasser les nazis de la seconde guerre.


Troisième verset :
« Combattez-les sans répit jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de subversion et que le culte soit rendu uniquement à Dieu. S’ils cessent le combat, ne poursuivez les hostilités que contre les injustes récalcitrants. » (S.2, 193)


Pourquoi généraliser ce verset et l’appliquer à notre époque ? Il est bien temporal puisqu’il est question spécifiquement des polythéistes mecquois de l’époque du Prophète (p.p). Ce sont eux les agresseurs, et les musulmans sont appelés à se défendre et à rétablir leur religion dont ces associationnistes avaient supprimé définitivement l‘exercice. Est-ce que la France, aujourd’hui, ne se défendrait pas militairement s’il le fallait, si un pays tentait, par exemple, de saborder la religion catholique ? Elle l’a bien fait pour des raisons politiques et économiques pendant les deux grandes mondiales.


Quant à ces « djihadistes » qui sèment la haine meurtrière, ils n’ont pas compris ou n’ont pas voulu comprendre le sens temporal du verset. Il est clair qu’il énonce une déclaration de guerre à des polythéistes précis et non pas à tous les non-musulmans pour les soumettre à la religion de Dieu. Agir de la sorte, c’est contredire ce verset fondamental qui stipule clairement : « Nulle contrainte en religion ».


Nous voyons que le Coran ne prêche pas la guerre à tout moment et à tout instant, puisqu’il préconise l’arrêt des hostilités si l’ennemi venait à cesser le combat. Il n’est poursuivi que contre les injustes ; c’est ce que font présentement tous les Etats du monde. Pourquoi donc les analystes islamophobes ne prennent-ils pas en considération cet important et vital aspect de la question ?


Quatrième verset :
« Il vous est prescrit de combattre et cette prescription vous l’avez en horreur.  il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose qui constitue pourtant un bien pour vous ; et il se peut que vous chérissiez une autre, alors qu’elle constitue un mal pour vous. Dieu le sait ; mais vous ne le savez pas. » (S.2, 216)


Ce verset énonce deux valeurs qui ont cours à travers toutes les époques et toutes les générations. Il s’agit, d’abord, de tous les gens qui détestent la guerre et la violence d’une manière générale. Ensuite, cette valeur se réfère à ces questions auxquelles nous donnons notre approbation mais qui, pourtant, se révèlent être par la suite contre nos intérêts. Il est également fait référence à ces questions que nous désapprouvons sur le moment mais s’avèrent par la suite favorables à nos intérêts.


Quoiqu’il en soit, le verset énonce un principe général admis par tout le monde, y compris à notre époque : l’obligation de s’engager collectivement dans une guerre défensive en cas d’agression, et la riposte à toute attaque diffamatoire à titre individuel, en temps de paix, s’impose à tous les peuples agressés et à toutes les personnes diffamées. Il s’agit, pour les uns, de repousser l’agression d’un ennemi et, pour les autres, de défendre leur honneur et leur dignité.


Cinquième verset :
« Prophète ! Rappelle-toi le matin où tu quittas ta famille pour aller placer les croyants à leurs postes de combat, alors que Dieu entendait et savait tout ! » (S.3, 121)


Ce verset est bien personnel, puisqu’il est fait appel essentiellement au Prophète. Il ne généralise pas non plus l’appel, dès lors qu’il fixe une époque donnée. En effet, il est question, dans ce verset, de la préparation de la bataille qui va se dérouler à Ouhoud. C’est un appel relatif à la préparation de se défendre dans cette localité contre un agresseur, en l’occurrence les polythéistes. Cet ennemi a voulu la guerre et le Coran impose aux musulmans de se défendre.


Lequel d’entre les européens en général, et d’entre les Français en particulier, ne se défendrait pas pour étouffer les voies de la violence ? N’est-ce pas ce que font, de nos jours, les Etats de tous les continents pour combattre ceux qui veulent semer la terreur et rompre le cordon de la paix et de la miséricorde ? Les musulmans les combattent aussi d’autant plus que ces faux musulmans combattent au nom de l’islam, alors qu’en  réalité ils  portent atteinte ou trahissent la doctrine coranique.


Sixième verset :
« Combien de prophètes, suivis d’un grand nombre de disciples, ont combattu pour défendre la Cause de Dieu, sans jamais se laisser abattre par les épreuves, ni faiblir ni abandonner la lutte ! Dieu aime les gens persévérants. » (S.3, 146)


Si la France était attaquée par un Etat voisin et si les autorités françaises demandaient, par exemple, à Alain Finkielkraut ou à Michel Aufray de rédiger un appel pour combattre ceux qui envahissent leur pays et oppriment leurs concitoyens, n’exprimeraient-t-ils pas des idées où serait mis en valeur le fait de “ne pas se laisser abattre par les épreuves” ?Certainement, ils exhorteraient leurs compatriotes “à ne pas faiblir ni abandonner la lutte” ! Qu’y a-t-il donc de répréhensible dans ce verset ? Absolument rien, à moins d’être de mauvaise foi et de proclamer que ce qui est bon pour eux est nécessairement mauvais pour les autres.


Il ne sert à rien à un homme d’être un philosophe s’il manque d’objectivité et si, au lieu de comprendre ses vis-à-vis et de discuter pacifiquement avec les gens qui ne partagent pas ses idées, il excelle à les interpréter à sa façon et, partant, les accable de calomnies, en s’entêtant de surcroît à examiner leurs discours selon des inclinations philosophiques ou des doctrines politiques douteuses.


Septième verset :
« Ils souhaitent tant vous voir perdre votre foi comme ils l’ont eux-mêmes perdue pour que vous soyez tous pareils. Ne formez pas de liaisons avec eux, tant qu’ils ne seront pas résolument engagés dans la Voie du Seigneur. Mais s’ils optent carrément pour l’apostasie, saisissez-les et tuez-les tous où que vous les trouviez ! Gardez-vous de prendre parmi eux des amis ou des auxiliaires. » (S.4, 88)


Il convient de placer le verset dans son contexte. Voici ce que Mohammed Chiadmi, auteur d’une traduction du Coran, dit au sujet de verset : « Il fait allusion à la situation de conflit dans laquelle se trouvait la communauté à Médine. Certains individus, des hypocrites, se convertissaient à l’islam, s’immisçaient dans la communauté des croyants, récoltaient les informations et finalement reniaient leur religion en transmettant ces informations aux ennemis de l’islam. Pour ces traîtres de guerre, la condamnation est la peine de mort comme le stipule ce verset. Celui ou celle qui quitterait sa religion par conviction, sans chercher à trahir par la suite l’islam et les musulmans, n’entre pas dans cette catégorie. »


Dans toutes les guerres, les espions, considérés comme des traîtres, sont condamnés à mort et fusillés. Pourquoi, lorsque le Coran préconise le même traitement à appliquer aux espions de l’islam et des musulmans, des plumitifs islamophobes, comme Michel Onfray, s’insurgent contre cette décision ? Ils parlent alors de violence. Est-ce que la violence engendrée par l’Occident en temps de guerre est plus douce que celle dont parle la révélation ? Devons-nous comprendre que pour ce philosophe, les espions ne devraient être condamnés, « par humanisme », qu’à de faibles peines, par un simple tribunal correctionnel ?


Huitième verset :
« La seule récompense de ceux qui font la guerre à la religion de Dieu et à Son Prophète, et qui provoquent le désordre sur la terre, est qu’ils soient mis à mort, crucifiés ou amputés d’une main et d’un pied par ordre croisé, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera une dégradation pour eux dans ce monde, en plus du terrible châtiment qui les attend dans la vie future. » (S.4, 33)


Le verset pose le cas de ceux qui sèment le trouble dans une société, propagent la corruption sur terre et des criminels d’une manière générale. Le Coran prévoit plusieurs peines : la condamnation à mort, la crucifixion, l’amputation d’un membre et l’exil.


Certes, il est indiscutable que certaines peines, énoncées par le Coran, sont inadmissibles à notre époque. Cependant, elles étaient en vigueur à ce moment chez les musulmans et chez d’autres peuples. Les structures juridiques n’étaient pas perfectionnées dans ces siècles reculés et, ce qui explique ces peines à cette époque, c’est qu’il n’y avait aucune institution carcérale. Que faire alors, faute de prison, fallait-il laisser les criminels en liberté ?


Neuvième et dixième verset :
« A l’expiration des mois sacrés,  tuez les polythéistes partout où vous les trouverez ! Capturez-les ! Assiégez-les ! Dressez-leur des embuscades ! s’’ils se repentent, s’ils accomplissent la salât, s’ils s’acquittent de la zakât, laissez-les en paix car Dieu est Clément et  Miséricordieux. » (S.9, 5)


« Combattez-les donc ! Dieu les châtiera par vos mains et les couvrira d’ignominie. Il vous donnera la victoire sur eux, apaisera le coeur des croyants. » (S.9, 14)


Il est tout à fait naturel que, en période de guerre, les autorités donnent des consignes sur la manière de lutter contre l’ennemi. Dans ces versets, le Coran ne fait qu’enseigner les différentes manières de combattre un ennemi. Il n’y a rien d’étonnant à cet aspect de la guerre. Il est apparent que ce n’est pas une guerre conventionnelle. Les résistants français et les maquisards algériens opéraient de la même manière, les premiers contre les allemands, et les seconds contre les soldats de l’armée française. Les uns et les autres « assiégeaient », « capturaient », « dressaient des embuscades  … Si, dans ces versets, les objectifs ne sont pas les mêmes (pour les uns, c’est la politique, et pour les autres, c’est la religion), ils revêtent, cependant, le même caractère libérateur.


L’islam projette de rassembler et d’unir les hommes et les femmes dans une forme d’organisation sociale où s’impliquent la solidarité humaine, le respect des croyances, des cultures et de toutes les libertés fondamentales, dans la mesure où elles ne portent pas atteinte à l’Unicité de Dieu et à Ses grands préceptes. Si des versets apparemment « violents » sont contenus dans le Coran, c’est seulement à titre défensif, donc pour repousser les agressions, comme ce fut par exemple l’expulsion des gens de leurs terres, à l’époque du Prophète (p.p), l’empêchement de la libre circulation des idées religieuses et les injustices imposées aux plus faibles.


C’est le propre de toutes les sociétés anciennes et contemporaines, comme c’est le cas en France et dans d’autres pays d’Europe, à la suite d’attentats meurtriers, de prescrire des règles qui incitent leurs membres à se montrer vigilants et disposés à se défendre. Pourquoi donc refuse-t-on à l’Islam ce que les Etats dits modernes s’appliquent à eux-mêmes, à savoir l’ordre que leur commandement militaire donne aux soldats pour bien mener des guerres ? Le Coran ne fait rien d’autre que de formuler, sous forme de versets, les règles de conduite auxquelles il faut se conformer en temps de paix et en temps de guerre, lorsque les circonstances l’exigent.
par Tahar Gaïd

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