Le Parlement indien vote une loi créant un lien entre critères religieux et citoyenneté

9:43 - December 11, 2019
Code de l'info: 3471363
La chambre basse du Parlement indien a voté, dans la nuit de lundi à mardi, un projet de loi sur l'attribution de la citoyenneté aux minorités religieuses ayant fui les pays voisins, à l'exception des musulmans. Un amendement controversé et une étape majeure dans l'agenda des nationalistes hindous du Bharatiya Janata Party (BJP).
En Inde, le projet d'amendement sur la citoyenneté adopté par la chambre basse du Parlement permettra aux hindous, sikhs, bouddhistes, jains, parsis et chrétiens ayant fui l'Afghanistan, le Bangladesh et le Pakistan, d'obtenir la nationalité indienne. Mais les musulmans en sont exclus.
 
« Je le dis encore et encore, ce texte de loi n'a rien à voir avec les musulmans de ce pays », a tenté de convaincre, lundi, le puissant ministre de l'Intérieur Amit Shah dans un hémicycle en ébullition. Le projet d'amendement sur la citoyenneté, adopté par la chambre basse du Parlement indien après plus de sept heures de débats tumultueux, permettra aux hindous, sikhs, bouddhistes, jains, parsis et chrétiens ayant fui l'Afghanistan, le Bangladesh et le Pakistan, d'obtenir la nationalité indienne. Mais les musulmans en sont exclus.
 
« C'est un texte qui donne des droits, pas un texte qui en retire à quiconque », a fait valoir Amit Shah, vêtu pour l'occasion d'une veste safran, la couleur des nationalistes hindous. Le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi affirme ainsi qu'il s'agit de protéger les communautés religieuses persécutées dans les pays voisins à majorité musulmane.
 
Nation hindoue
L'amendement est extrêmement controversé dans une Inde fondée sur les principes de laïcité mais dans laquelle la minorité musulmane, de près de 200 millions de personnes, se retrouve de plus en plus marginalisée. « L'idée même de l'Inde, qui se trouve au coeur de la lutte pour l'indépendance, est que ce pays appartient de manière égale à tout le monde, en dépit des religions », rappelle Harsh Mander, défenseur des droits de l'Homme, pour qui cet amendement détruirait la Constitution du pays.
 
Et de poursuivre : « Le BJP est quant à lui ancré dans une idéologie qui considère que l'Inde est une nation hindoue et cet amendement est une manifestation politique de ce vaste projet ».
 
Prouver sa nationalité
Cette réforme est d'autant plus controversée qu'elle va de pair avec un autre projet de loi. Les nationalistes hindous veulent en effet mettre en place un recensement qui demandera à tous les Indiens de prouver leur nationalité. A l'instar de celui qui a été mené dans l'Assam (nord-est) et dont le résultat, publié le 31 août dernier, risque désormais de priver près de deux millions de personnes de leur nationalité. Si l'amendement sur la citoyenneté venait à être définitivement adopté, il permettrait ainsi de réintégrer les non-musulmans ayant été écartés.
 
La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, qui a elle aussi fait le lien entre les deux projets de loi, a dit craindre que « le gouvernement indien ne mette en place un critère religieux à la citoyenneté indienne qui priverait des millions de musulmans de leur nationalité ». Le projet d'amendement sur la citoyenneté devrait être présenté dès mercredi à la chambre haute du Parlement.
lesechos
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