Incapacité des régimes arabes face à la montée de la pandémie de Coronavirus 

11:23 - April 27, 2020
Code de l'info: 3472678
Téhéran(IQNA)-Le monde arabe qui a connu cette dernière décennie, de profonds changements politiques et sociaux, est désormais face à des changements qui ne sont pas cette fois, provoqués par le suicide d'un colporteur mais par un virus.
Les pays du monde arabe qui ont connu des soulèvements populaires au cours de la dernière décennie, ont commencé l'année 2020 avec le Coronavirus et ses conséquences politiques, sociales et économiques. 
 
Depuis que le premier cas de coronavirus a été confirmé dans les pays arabes, les régimes arabes tentent de résoudre l’épidémie pour éviter des problèmes sociaux et politiques qui peuvent mettre en péril leur système politique. 
 
Cette situation est encore plus grave pour les gouvernements des pays arabes qui manquent d'efficacité et de réponse aux besoins sociaux et économiques de leurs citoyens. Le monde arabe est aujourd’hui, face à des changements déclenchés par un simple virus. 
 
Le manque de statistiques précises sur le nombre des patients, des décès et des guérisons, ne diminue pas les inquiétudes quant à l'incapacité des pays arabes à traiter l’épidémie. C’est le cas en particulier en Libye, au Yémen et en Syrie, plongés dans la guerre et les tensions. 
خیزش کرونایی بعد از بهار عربی رخ خواهد داد؟
Pour réduire au minimum la transmission du virus, la fermeture des aéroports, des entrées et des sorties, et le confinement à domicile figurent parmi les mesures prises par les gouvernements du monde entier pour lutter contre l’épidémie.
 
Cependant, étant donné les conditions politiques et économiques défavorables dans les pays arabes et la guerre civile qui dévaste certains pays, ces efforts dans certains pays, risquent d’échouer. Les connaissances techniques et l'expertise technologique limitées, la faiblesse des ressources humaines et financières, et la bureaucratie sont de sérieux obstacles à la lutte contre la propagation du virus non seulement dans les pays arabes mais dans tous les pays.
 
Outre les difficultés de mise en œuvre des mesures de contrôle social à grande échelle même pour les régimes autoritaires (de la plupart des pays arabes), les coûts économiques et sociaux, et les restrictions sévères imposées par les gouvernements, peuvent être énormes et finalement insupportables. L'un de ces problèmes concerne les camps de réfugiés syriens, libyens et palestiniens, qui vivent sans système de santé, ce qui peut entraîner des coûts humains généralisés et parfois irréparables, si le coronavirus s’y propage.
 
Actuellement, les premiers effets du coronavirus sur l'économie de la région et des pays arabes se font sentir notamment dans l'industrie du tourisme. L'économie de certains de ces pays a été frappée par l'annulation généralisée des voyages et des activités de tourisme qui a supprimé de nombreux emplois et de grands revenus.
 
L'Arabie saoudite où le nombre total des pèlerins dépasse les 20 millions chaque année, en est un bon exemple. Le 4 mars 2020, le gouvernement saoudien a supprimé complètement les permis de voyage pour l’Umrah, et la possibilité de la tenue du grand pèlerinage est encore incertaine.
 
Dans d'autres pays arabes, l'industrie du tourisme représente directement et indirectement environ 15% du produit intérieur brut de l'Égypte, 14% en Jordanie, 12% en Tunisie et 8% au Maroc. La paralysie de l’activité touristique due à la crise mondiale du coronavirus, est un coup dur pour l'emploi et les moyens de subsistance de nombreuses familles. Au début de l’année, les prévisions de croissance des revenus touristiques dans la région, étaient importantes mais ont chuté en quelques semaines.
 
La crise du coronavirus a aussi fait chuter les prix du pétrole brut à leur plus bas niveau en 20 ans. La principale raison de cette baisse est la baisse de la demande des principaux importateurs de pétrole comme la Chine. La baisse de la demande de pétrole de la Chine, principal client pétrolier de l'Arabie saoudite, a incité Riyad à rechercher un accord avec les autres pays producteurs de pétrole, pour réduire la production. 
 
L'offre excédentaire de production due au désaccord des deux principaux acteurs du marché mondial du pétrole (Arabie saoudite et Russie) a entraîné une chute brutale des prix du pétrole.
 
Mais est-ce que ces problèmes économiques laissent prévoir de nouveaux soulèvements populaires dans le monde arabe ?
 
La réponse à cette question étant donné la structure sociale et économique des pays arabes et les raisons de la crise, est différente. En fait, la crise économique actuelle, contrairement aux soulèvements arabes et aux manifestations de l'an dernier en Irak, est plutôt due à l'inefficacité des responsables gouvernementaux et la mauvaise gestion des responsables arabes face à l’épidémie qui touche tous les pays et a aggravé la situation des citoyens.
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Dans le cas de l'Algérie par exemple, le sentiment que le système politique ne peut pas répondre aux demandes et que des réformes profondes sont nécessaires pour construire un État civilisé avec une séparation des pouvoirs et une gouvernance adaptée aux besoins du peuple, est très répandu. Mais la propagation de l’épidémie a montré une autre dimension des problèmes de gouvernement. Les dirigeants algériens qui ont réalisé des bénéfices élevés grâce à la vente d'hydrocarbures, auraient pu calmer la population en versant des subventions et des aides financières, mais cela ne s'est pas produit. Ce qui est clair, c'est qu'avec la baisse importante des revenus pétroliers et des réserves en devises, les perspectives algériennes pour les prochaines années sont plus qu’incertaines.
 
En Irak et au Liban, les gens manifestent depuis octobre 2019, contre la corruption gouvernementale. Les nombreux échecs du gouvernement, l'absence de dirigeants politiques capables de résoudre ces énormes problèmes et la propagation de l’épidémie dans ces pays, peuvent servir de moteur à de nouvelles manifestations.
 
L'Irak souffre d'une forte baisse de ses revenus pétroliers causée par la récente guerre des prix de l'Arabie saoudite, et le Liban fait face à plusieurs crises simultanées et profondes. La forte dévaluation de la livre libanaise (qui a perdu plus de 40% de sa valeur depuis octobre dernier) et le manque de devises ont entraîné la suppression de nombreux emplois, l'inflation et de graves problèmes d'importation de produits médicaux et hygiéniques, avant la propagation du virus dans ce pays.
 
L'épidémie la plus dangereuse du monde a durement frappé le monde arabe qui subit déjà subi une pression intense due à la faiblesse des systèmes de soutien social et au chômage élevé des jeunes.
 
Ces facteurs ont conduit à des troubles sociaux généralisés et à la mobilisation contre les régimes, dans plusieurs pays, au cours de la dernière décennie. L'épidémie de Covid-19 a de nombreuses répercussions politiques, économiques et sécuritaires qui entraîneront une plus grande instabilité dans ces régions. 
 
Répondre à ces demandes exige des réformes structurelles ou la répression des manifestants, et les pays arabes auront certainement des jours plus difficiles que les autres pays après l’épidémie.
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