Le chef des renseignements australiens demande aux politiques de se calmer sur l’islam

14:47 - December 18, 2015
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Le patron des renseignements australiens a exhorté les responsables politiques conservateurs de son pays à modérer leurs critiques de l’islam, selon lui contreproductives pour la lutte antiterroriste, rapporte le journal The Australian.
Cette rare prise de position d’un haut fonctionnaire est intervenue une semaine après une tribune incendiaire de l’ex-Premier ministre australien Tony Abbott, qui a jugé que l’islam posait « un gigantesque problème », soutenu que « toutes les cultures n’étaient pas égales » et que l’Occident devait proclamer la « supériorité évidente » de la sienne sur la culture islamique.
Le choc provoqué par les attentats de Paris du 13 novembre a également libéré ailleurs dans le monde les discours islamophobes, le candidat républicain à la Maison blanche Donald Trump demandant pour sa part l’interdiction temporaire de l’entrée des musulmans sur le territoire américain.
The Australian rapporte que Duncan Lewis, patron des services de renseignement (Australian Security Intelligence Organisation, ASIO), a contacté les membres de la coalition conservatrice au pouvoir pour leur demander de se calmer dans leur prise de parole publique sur l’islam.
Aucune confirmation officielle de cette initiative n’a pu être obtenue. Mais la ministre australienne des Affaires étrangères a apporté un soutien tacite à M. Lewis.
« Si le directeur général de l’ASIO estime que le débat public risque d’entraver le travail de son organisation dans l’antiterrorisme, alors il doit bien sûr le faire savoir », a déclaré Julie Bishop à Sydney.
Dans un entretien au Daily Telegraph de Sydney, M. Lewis avait estimé dimanche que les discours incendiaires contre les musulmans compliquaient la lutte contre l’extrémisme.
« Il appartient à l’Australie et aux Australiens de reconnaître qu’un retour de flammes peut être très, très dangereux », a-t-il dit, en précisant que la communauté musulmane coopérait étroitement avec ses services à Sydney ou Melbourne notamment pour la collecte d’informations.
« S’aliéner la communauté musulmane serait très préjudiciable à nos opérations », a-t-il dit. « Ce problème peut être résolu, mais il faut être malin. »
L’islamophobie prolifère notamment en Australie sur la crainte du retour au pays de djihadistes.
L’armée australienne participe à la campagne internationale de frappes aériennes contre le groupe État islamique en Irak et en Syrie.
AFP
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