Bangladesh : colère contre la police après la mort de manifestants

10:34 - October 22, 2019
Code de l'info: 3470912
Des milliers de musulmans ont manifesté leur colère lundi à travers le Bangladesh, au lendemain de la mort d'au moins quatre personnes lorsque la police a ouvert le feu contre un rassemblement, l'une des plus meurtrières émeutes religieuses dans le pays.
Quelque 20.000 musulmans manifestaient dimanche sur l'île de Bhola (sud) pour demander l'exécution d'un jeune hindou, accusé d'avoir posté des messages insultant le prophète Mahomet sur Facebook. La police a tiré à balles réelles sur le rassemblement après que ses membres ont, d'après elle, reçu des jets de pierres.
 
Quatre personnes sont mortes et une cinquantaine ont été blessées. Au moins sept personnes se trouvent toujours dans un état critique à l'hôpital.
 
Ces décès ont provoqué un nouveau mouvement de colère dimanche soir et lundi. Dans plusieurs villes de ce pays d'Asie du Sud de 160 millions d'habitants, des milliers de manifestants ont lancé des slogans et appelé à juger les policiers impliqués dans la fusillade.
 
"Ce n'est pas acceptable. La police a de manière illégale et inconstitutionnelle ouvert le feu sur les manifestants", a déclaré à l'AFP Mahmudul Hasan, un étudiant de 22 ans d'une école coranique qui participait à un rassemblement dans la capitale Dacca. "C'est une exécution extrajudiciaire. Nous réclamons justice", a-t-il ajouté.
 
L'hindou de Bhola, sur le compte Facebook duquel sont apparus les messages jugés blasphématoires, est poursuivi pour avoir attisé les tensions religieuses.
 
La Première ministre Sheikh Hasina a appelé au calme dimanche et affirmé qu'une personne musulmane avait piraté le compte Facebook de l'hindou en question pour "répandre des mensonges".
 
La police a ouvert une enquête sur les milliers de manifestants de Bhola, a indiqué à l'AFP le chef de la police locale Enamul Haque. Selon lui, un policier "lutte pour sa vie" après avoir reçu une balle tirée par les manifestants.
 
Les émeutes religieuses provoquées par des messages en ligne représentent un casse-tête sécuritaire pour les autorités du Bangladesh, pays dont la population est à 90% musulmane.
 
En 2016, des musulmans en colère ont attaqué des temples hindous dans une ville de l'est du pays, en représailles à un message Facebook moquant selon eux l'un des lieux les plus sacrés de l'islam.
 
En 2012, des émeutiers musulmans avaient incendié des monastères, maisons et commerces bouddhistes d'un district du sud-est du Bangladesh après qu'un jeune bouddhiste eut publié sur internet une photo considérée comme blasphématoire du Coran.
AFP
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