Le gouvernement libanais démissionne

8:25 - August 11, 2020
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Téhéran(IQNA)-Le Premier ministre libanais Hassan Diab a annoncé lundi soir la démission de son gouvernement à la suite du « séisme » provoqué par l’explosion meurtrière au port de Beyrouth qui a fait au moins 160 morts.
Le chef du gouvernement, qui se revendique comme indépendant et à la tête d’une équipe de technocrates, a rendu la classe politique traditionnelle au pouvoir depuis 30 ans responsable de ses échecs et du drame du 4 août, lorsque 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées au port de la capitale depuis des années ont provoqué la gigantesque explosion.
 
« Aujourd’hui, j’annonce la démission de ce gouvernement », a déclaré Hassan Diab dans un discours télévisé adressé aux Libanais.
 
Il a fustigé la « corruption » ayant conduit selon lui le pays à « ce séisme qui a frappé le pays, avec toutes ses conséquences humanitaires, sociales et économiques ».
 
« La catastrophe qui a frappé les Libanais au cœur (..) est arrivée à cause de la corruption endémique en politique, dans l’administration et dans l’Etat », a dit le Premier ministre.
 
« J’avais dit précédemment que le système de corruption est profondément enraciné dans tous les recoins de l’État; néanmoins j’ai découvert que le système corrompu est plus grand que l’État, et que ce dernier est contraint par ce système et ne peut l’affronter ou s’en débarrasser », a ajouté amèrement M. Diab, un professeur d’université qui a formé son gouvernement en janvier.
 
La démission est intervenue à l’issue d’une réunion du cabinet ministériel qui s’était tenu lundi après-midi, au Sérail, au cours de laquelle la plupart de ses membres s’étaient prononcés en faveur d’une démission, avait déclaré à l’AFP Vartiné Ohanian, ministre de la Jeunesse et des Sports.
 
Pendant la journée des tentatives avaient été déployées pour dissuader Diab de démissionner mais quatre ministres avaient déjà claqué la porte depuis dimanche.
 
La veille , lors d’une intervention télévisée, alors que les manifestations battaient leur plein dans le centre-ville, il avait annoncé qu’il ne resterait au pouvoir que deux mois et allait proposer à la prochaine réunion ministérielle un projet de loi pour raccourcir le mandat du parlement. Une revendication clamée par les manifestants ce jour-là. Mais son initiative prise sans consultations préalables avec les parties qui le soutenaient avait été mal vue par ces dernières. Et surtout par le président de la chambre Nabih Berri qui s’est senti outrepassée. Irrité, ce dernier a décidé de répondre à la requête de certains blocs parlementaires du 14 mars qui réclamaient une séance parlementaire extraordinaire destinée à interroger le gouvernement sur l’explosion du port. Ce qui a vexé les membres du cabinet ministériel qui pressentaient que les caciques du 14 mars qui ont contrôlé le pays depuis la fin de la guerre civile voulaient leur adosser la responsabilité de l’effondrement qu’ils ont causé par trente années de politiques erronnées er corrompues.
 
« un scénario bien concocté qui se veut adosser à un gouvernement de 6 mois leur corruption, leur négligence et leur hypocrisie… nous ne permettrons pas que les gens honnêtes soient deswhatsapp-image-2020-08-10-at-20-49-02 boucs émissaires », a taclé la ministre de l’immigration Gada Chreim, résumant pertinemment la situation.
 
C’est alors que Hassane Diab a tranché définitivement la question de la démission du gouvernement, a rapporté la correspondante d’al-Manar.
 
Dans une première réaction à cette démission, l’ancien chef de la Sureté générale le député Jamil Sayed a écrit sur son compte twitter :
 
«La mafia de l’argent et des milices avait renversé le président Sélim al-Hoss après avoir accusé son gouvernement de fiasco.
 
Mon père avait alors dit : entre un dirigeant honnête avec qui il aura faim, et un dirigeant voleur qui lui donnera à manger, le peuple choisira le voleur.  Les voleurs reviendront mais ils ne pourront pas donner à manger au peuple. Le peuple les mangera ».
 
Almanar
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