Le réalisateur suédois : L’Occident ne comprend rien à l’islam

9:25 - May 22, 2022
Code de l'info: 3480757
Téhéran(IQNA)-Le cinéaste a présenté aux festivaliers Boy from Heaven, un thriller politico-religieux inspiré du Nom de la Rose et se déroulant autour de l'université islamique d'al-Azhar, au Caire.

«L'Occident est à la fois obsédé par l'islam et en même temps, il ne comprend pas du tout cette religion», a déclaré samedi à l'AFP le réalisateur Tarik Saleh, dont le film Boy from Heaven est en lice pour la palme d'or. Si le long métrage n'a pas de visée pédagogique, il documente avec précision différentes doctrines de l'islam sunnite. Et offre aux spectateurs un aperçu, de l'intérieur, d'un monde mal connu voire déprécié.

«Je pense vraiment que l'Occident ne comprend rien à l'islam», insiste celui qui explique avoir un rapport «personnel» à cette religion. Près de cinq ans après la sortie du Caire confidentiel , le cinéaste suédois de 50 ans, né d'un père égyptien, est de retour avec un thriller politico-religieux qui dénonce les dérives autoritaires du pouvoir du maréchal al-Sissi et offre une plongée dans le monde de l'islam sunnite. 

Une plongée qui n'est pas sans rappeler Le Nom de la rose , le roman d'Umberto Eco puis film à succès, se déroulant dans une abbaye au Moyen-Âge. Simple coïncidence ? «Je relisais ce livre quand je me suis demandé : “Et si je racontais une histoire de ce genre mais dans un contexte musulman ?”», se remémore Tarik Saleh auprès de l'AFP.

Une lettre d'amour au Caire
Tout comme Le Caire confidentiel, qui avait été tourné au Maroc, Boy from Heaven n'a pas pu être tourné en Égypte, mais en Turquie. «Je ne suis pas retourné en Égypte depuis 2015, au moment du tournage du Caire confidentiel où les services de sécurité égyptiens nous ont ordonné de quitter le pays. Depuis, je suis un indésirable, qui, s'il pose le pied sur le sol égyptien sera sans doute arrêté», assure-t-il. Celui qui a découvert le pays de son père à l'âge de 10 ans explique qu'il tient une place à part dans sa vie : «J'aime les Égyptiens, leur langue... Quand je l'entends, c'est comme de la musique pour moi. Même si mon niveau d'arabe est catastrophique !», ironise-t-il. D'ailleurs, ancrer ses films dans ce pays est une façon de se le «réapproprier».

Fiction et non documentaire, le film a aussi une forte portée autobiographique: «Comme le personnage principal, mon grand-père est originaire d'un petit village de pêcheurs et a étudié à l'université al-Azhar», indique Tarik Saleh en référence à la principale institution religieuse dans le monde sunnite, située dans le centre historique du Caire. «D'une certaine façon, poursuit-il, ce film est une lettre d'amour à l'Égypte et un hommage à mes grands-parents.»

Pourtant, Tarik Saleh n'a pas toujours été réalisateur. Il a commencé sa carrière comme street artiste, avant de se diriger vers le documentaire. En 2005, le documentaire qu'il produit sur la prison militaire de Guantanamo est primé aux États-Unis et en Europe. «Je déteste être réalisateur, dit-il avec sérieux lorsque l'AFP l'interroge sur sa vocation de cinéaste. Je viens du monde de l'art et de la peinture et j'aime être seul. Je déteste me retrouver avec 200 personnes sur un plateau de tournage. Même si j'aime le cinéma, c'est toujours très douloureux pour moi».

Et de confier qu'il se voit davantage comme «un écrivain». Tel un Harlan Coben ou un John Grisham, deux maîtres du polar, le cinéaste nourri chacun de ses scénarios d'intrigues à ne plus finir. «À chaque fois on me dit de simplifier parce que sinon personne n'arrivera à suivre». «En plus d'être mon meilleur ami, c'est pour moi, un réalisateur et scénariste incroyable», tranche auprès de l'AFP son acteur fétiche, Fares Fares.
lefigaro

captcha