Polémique en Arabie Saoudite après l'annonce de l'introduction de la musique à l'école

8:08 - May 28, 2022
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Téhéran(IQNA)-Contraire à la charia, trop chère, hors de propos : les détracteurs de la décision des ministères saoudiens de l’Éducation et de la Culture se déchaînent sur les réseaux sociaux.

L’annonce du conseiller au ministère de la Culture saoudien, Sultan al-Bazie, de l’introduction des arts dans le cursus scolaire a fait des remous dans le royaume conservateur.

Dans une émission de la chaîne Rotana, Sultan al-Bazie, qui est aussi président de la Commission des arts et du théâtre, a précisé que les ministères de la Culture et de l’Éducation comptaient ajouter la matière des arts dans l’enseignement général, y compris la musique, le théâtre, les arts visuels et le cinéma.

Selon ce même responsable, la prochaine étape consistera à « introduire la musique dans les programmes des premières années de scolarité ».  

Les autorités saoudiennes avaient, selon le site arabophone de la BBC, annoncé il y a un mois qu’elles adopteraient une stratégie pour développer le secteur de la musique à tous les niveaux.

Ces annonces n’ont pas manqué de provoquer des réactions. Des internautes ont publié le hashtag « nous refusons l’enseignement de la musique dans les écoles ».
 
« J’écoute de la musique rock, néanmoins je ne vois pas l’utilité d’enseigner la musique dans les écoles, car il y a des matières plus importantes. De plus, la pratique musicale est très onéreuse, les instruments coûtent cher », écrit Magdi sur Twitter.   

#نرفض_تعليم_الموسيقى_في_المدارس

حكم الموسيقى شرعاً محرم، لماذا يجبر الطالب و ينشأ على تعلمها و كأنها حلال !!! /!؟

— القـطلي (@M__AlQatly) May 23, 2022
Traduction : « La musique est [haram] illicite du point de vue de la charia. Pourquoi l’élève est-il forcé de l’apprendre comme si ce n’était pas le cas !!!/ !? ».

« Nous attendions du ministère la réintroduction de matières comme la dictée, la calligraphie ou l’expression écrite, l’intensification des matières religieuses et scientifiques pour bâtir une génération instruite au service de sa religion et de son pays », twitte Mohamed.

« Au lieu de cela, le ministère planifie de créer une génération qui danse sur les airs du luth et du tambourin. » 

Fahd s’offusque lui aussi : « Après avoir réduit les séances des matières islamiques, ils les remplacent par des séances de musique. »  

« Cette décision ne respecte ni la religion ni la sensibilité de nos concitoyens », renchérit Mohamed sur le réseau social.

لا يجتمع حصة القرآن وحصة الموسيقى في مدرسة واحدة ؛ ولو اجتمعا كان على حساب القرآن ، الطالبُ لا يفلح في حصة القرآن دامه يحضر في نفس الوقت حصة الموسيقى،القرآن والموسيقى لا يجتمعان لأنهما ضِدّان؛هذا كلام الله وهذا كلام الشيطان فأنى لهما أن يجتمعا!؟
#نرفض_تعليم_الموسيقي_في_المدارس

— عـزالدِّين | EZEDEN (@ezq111) May 24, 2022
Traduction : « La classe d’enseignement du Coran et celle de la musique ne peuvent exister dans la même école. Et si c’est le cas, ce serait au détriment du Coran, car l’élève ne réussit pas le cours du Coran tant qu’il assiste au cours de la musique en même temps. Le Coran est la parole de Dieu, la musique est celle du Diable. »

D’autres internautes saoudiens ne sont toutefois pas de cet avis. Saad rappelle que la musique était enseignée auparavant dans les écoles du royaume.

« Il est naturel que certains s’y opposent, car on leur avait enseigné que la musique était haram, et que celui qui l’écoutait aurait du plomb fondu versé dans les oreilles. Ils ont appris à refuser tout ce qui est beau dans la vie », soutient un autre internaute.  
 
Pour Walid, « la chanson et la musique sont un besoin psychologique pour ressentir la joie dans les fêtes ». « Donc oui à la musique, et je soutiens avec force son enseignement, sa généralisation dans la société et la profusion de la culture musicale. » 

#نرفض_تعليم_الموسيقي_في_المدارس
الحياةكلها خلقت على أصل موسيقي،صراخ المولود،صوت المطر،الرعد.
النص القرآني وغيره يحتفظ بداخله بموسيقى،فجاء الإعراب لضبط موسيقى الكلام عن الإعوجاج وليس فقط لضبط الشكل الذي ليس له فائدة مالم ُيُنطق.
ألاتعلمون أن مسابقات القرآن تعتمدعلى المقامات؟

— عبد الرحمن السلوم (@aelsalom) May 25, 2022
Traduction : « Toute vie a été créée sur la base de la musique, le cri d’un nouveau-né, le bruit de la pluie, le tonnerre. Le texte coranique contient la musique en son sein, et la syntaxe est venue fixer la musicalité de la parole et pas seulement pour contrôler la forme, qui n’a aucune utilité à moins qu’elle ne soit prononcée. Ne savez-vous pas que les compétitions de récitation du Coran sont aussi basées sur l’art du maqam [le système mélodique moyen-oriental qui inclut des échelles, des phrases et des harmonies pour créer une ‘’atmosphère’’ à la fois dans la musique classique ainsi que dans la récitation du Coran] ? »

Middle East Eye

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