Royaume-Uni : Jeremy Corbyn dénonce l’antisémitisme et l’islamophobie

9:17 - November 28, 2019
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Le chef des travaillistes britanniques Jeremy Corbyn s’est défendu mardi de tolérer l’antisémitisme et a refusé toute excuse après une charge du grand rabbin du Royaume-Uni lui reprochant, en pleine campagne électorale, son incapacité à éradiquer ce « poison » dans sa formation.
« Nous ne permettrons pas l’antisémitisme sous quelque forme que ce soit dans notre société, parce que c’est un poison qui divise, au même titre que l’islamophobie ou le racisme d’extrême droite », a insisté, sur la défensive, M. Corbyn sur la BBC.
 
Invité à plusieurs reprises à présenter des excuses, il a refusé et assuré que le grand rabbin Ephraim Mirvis « avait tort » dans ses accusations, qui sont venues raviver des critiques récurrentes à un peu plus de deux semaines de législatives anticipées, pour lesquelles le Labour reste distancé dans les sondages par les conservateurs du Premier ministre Boris Johnson.
 
« La manière dont la direction (du Labour) a traité le racisme anti-juif est incompatible avec les valeurs britanniques dont nous sommes si fiers », a écrit le chef religieux dans une tribune publiée par le quotidien The Times. « Un nouveau poison – approuvé par le haut – s’est enraciné dans le Parti travailliste », qui laisse les juifs britanniques « en prise avec l’anxiété ».
 
« Quand le 12 décembre arrivera, je demande à tout le monde de voter en conscience », a-t-il ajouté, estimant que Jeremy Corbyn est « inapte » à gouverner.
 
– « Système rapide et efficace » –
Très inhabituelle, l’intervention a été d’autant plus remarquée qu’elle est survenue le jour du lancement par le Labour de son  programme spécial visant à renforcer la lutte contre les discriminations en cas de victoire.
 
Avant ce lancement, la ministre conservatrice de l’Intérieur Priti Patel a jugé « stupéfiant que M. Corbyn fasse la leçon aux autres sur les discriminations raciales et religieuses alors même que son parti fait l’objet d’une enquête de la Commission à l’égalité et aux droits humains sur l’antisémitisme qui règne dans ses rangs ».
 
M. Corbyn, le très gauchisant chef du Labour depuis 2015, est régulièrement accusé de complaisance envers certains membres de son parti ayant tenu des propos antisémites, des accusations qui ont ressurgi avec force durant la campagne électorale et qui ont poussé plusieurs de ses députés à tourner le dos à la formation.
 
Le chef travailliste avait fini par reconnaître en août 2018 que le parti connaissait un « réel problème » d’antisémitisme, qu’il avait été « trop lent » à infliger des sanctions disciplinaires dans des cas avérés, affirmant que sa priorité était de « restaurer la confiance » de la communauté juive.
 
« L’antisémitisme est présent partout dans la société. Il y a un tout petit nombre de personnes qui a été sanctionné au sein du Labour à cause de leur comportement antisémite », s’est encore défendu mardi soir Jeremy Corbyn, réfutant que le fléau s’était aggravé depuis son arrivée à la tête du parti et assurant avoir renforçant les sanctions.
 
– « Islamophobie » des conservateurs –
Plusieurs voix se sont jointes à celle du grand rabbin, dont celle de la libérale-démocrate Luciana Berger, de confession juive, qui avait claqué la porte du Labour en février, l’accusant d’être « institutionnellement antisémite ».
 
« Lors de la dernière réunion que j’ai eue avec Jeremy Corbyn à la fin de 2017, je lui ai dit que de nombreux groupes publics et privés sur Facebook qui étaient souillés avec des posts antisémites utilisaient le nom et la photo du leader du Labour dans leur nom. Rien n’a été fait à ce propos après cette réunion », a-t-elle raconté sur Twitter mardi.
 
Dénonçant « le racisme d’où qu’il vienne », le Conseil des musulmans britanniques a dénoncé de son côté « l’islamophobie » du Parti conservateur: « Il est clair pour de nombreux musulmans que le Parti conservateur tolère l’islamophobie, qu’il la laisse envenimer la société et qu’il n’a pas réussi à mettre en place des mesure pour éradiquer ce type de racisme ».
 
Mi-novembre, le quotidien The Guardian avait relevé des publications islamophobes ou racistes sur les réseaux sociaux de 25 conseillers municipaux ou ex-conseillers conservateurs, dont des appels à interdire des mosquées ou qualifiant les Musulmans de « barbares » ou d' »ennemis de l’intérieur ».
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