Soumis au vote d’une assemblée qui y était majoritairement très favorable, hormis la parlementaire Latifa Al-Shualan, la seule voix dissonante qui s’est étonnée de cet empressement à régir par la loi le code vestimentaire des femmes journalistes, le projet de loi imposant l’abaya sur tous les plateaux des JT, mais aussi au-delà, dans toutes les émissions, à toutes les chaînes, jusqu’aux médias de divertissement, a été entériné à l’unanimité.
Ahmed Al-Zailaee, le président de la commission des médias et véritable cheville ouvrière de cette loi extensible à loisir, a opposé son souverain mépris aux objections formulées par Latifa Al-Shualan, l’empêcheuse de légiférer en rond au sein de la Choura, qui a vainement tenté d’alerter ses pairs sur l’impact désastreux en terme d’image que produirait cette législation dans le reste du monde.
Alors que c’est à Budoor Ahmad (voir photo ci-dessus) qu’il est revenu l’insigne honneur d’être la première présentatrice à porter la tenue correcte exigée à l’antenne, s’invitant dans les foyers enveloppée dans une abaya noire rehaussée d’une bande bleue, Ibrahim Abu Obat, un membre de la Choura manifestement insatisfait, a appelé de ses voeux que la loi s’étende à toutes les Saoudiennes sans distinction et à l’ensemble de l’espace public, aux confins illimités…
Cette exigence fait suite à la vive polémique qui a secoué le pays, le 30 janvier dernier, et mis en ébullition les réseaux sociaux, à la vue de Manal Radhwan, un membre de la mission diplomatique saoudienne à l'Organisation des Nations Unies, prononçant un discours sans être voilée devant le Conseil de sécurité. La bourrasque de la controverse a balayé les quelques propos élogieux qui saluaient la première femme saoudienne à s’exprimer dans l’enceinte onusienne, pour laisser fuser les critiques acerbes qui lui reprochaient sa tenue « non-conventionnelle ».
"Je me demande qui a permis à cette femme de parler au nom de l'Arabie saoudite lors d'une rencontre internationale ", s’est emporté un blogueur. "Elle nous a causé un profond embarras. Tout le monde sait que nous sommes une société conservatrice et j’appelle à sanctionner ceux qui nous ont fait offense, y compris ceux qui ont permis à cette femme de prendre la parole au nom de l'Arabie saoudite", a-t-il poursuivi de sa plume électronique trempée dans le vitriol, son appel à sévir contre la diplomate et son entourage se mêlant au concert d’indignation qui s'est amplifié sur le Net et en dehors de l'agora virtuelle.
oumma