Des chiites saoudiens fortifient leur mosquée de Dammam
Cible d'un attentat meurtrier perpétré le 29 mai dernier par un kamikaze du groupe terroriste de Daesh, la mosquée Al-Anoud, située dans la ville orientale de Dammam, est aujourd'hui un lieu de culte fortifié. C'est dans cette région côtière du Golfe Persique que se concentre la majeure partie des chiites saoudiens, population minoritaire dans un royaume d'Arabie saoudite majoritairement sunnite.
Effrayés par la menace des djihadistes de Daesh qui les considèrent comme des hérétiques, les chiites ont donc décidé de protéger l'esplanade jouxtant l'entrée de la mosquée en y installant des blocs de béton à l'aide de grues. De véritables barricades, doublées d'un système de sécurité filtrant l'entrée des fidèles dans ce lieu de culte qui accueille les musulmans des deux courants. Ce dispositif, mis en place par des volontaires, trahit toute l'angoisse de la population locale qui craint d'autres attaques dans un futur proche, comme en attestent les témoignages de plusieurs badauds dont Ibrahim Abou Ahmed ou Radi Turaiki, qui se sont confiés à l'AFP :
Nous avons peur que quelque chose se produise alors nous nous organisons en conséquences.
Nous nous attendons à ce qu'il y ait d'autres attaques.
L'érection de ces barricades intervenait alors que dans le même temps des milliers de personnes assistaient à Saihat - ville située en périphérie de la ville - aux funérailles des quatre personnes décédées lors de l'attentat suicide du 29 mai dernier. Ces victimes, parmi lesquelles se trouvaient deux frères, avaient tenté de s'interposer pour empêcher le kamikaze, déguisé en femme, d'atteindre la mosquée. Considérés comme des "héros", les défunts ont été célébrés par une foule nombreuse venue leur rendre un dernier hommage. Des pancartes, sur lesquelles on pouvait lire "Non au terrorisme", étaient visibles dans le cortège.
Souvent critiquées par la communauté chiite qui leur reproche leur laxisme devant les discriminations dont elle se dit victime, les autorités saoudiennes ont procédé ces derniers mois à de multiples arrestations d'extrémistes sunnites, soupçonnés de planifier des attentats antichiites. Riyad a par ailleurs dénoncé à maintes reprises ces attaques, les considérant comme contraires à l'islam.
Itele.fr
