L’Alsace pourrait intégrer l’islam dans ses cours de religion à l’école

10:24 - June 23, 2015
Code de l'info: 3317646
Paris(IQNA)-La Préfecture d’Alsace étudie la possibilité d’intégrer l’islam dans ses cours de religion à l’école. Seuls les élèves catholiques, protestants ou juifs peuvent aujourd’hui assister à l’enseignement religieux appliqué dans les écoles de l’Alsace-Moselle, départements sous régime concordataire.

Le préfet d’Alsace (également en charge de la fusion des régions Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne) vient d’ouvrir le dossier ultra-sensible de l’enseignement sur l’islam dans les écoles publiques a-t-on appris de sources concordantes, confirmant une information publiée par Rue 89 Strasbourg. Un «groupe de travail sur l’éveil cultuel [musulman] dans l’école publique » et une probable « première expérimentation à la rentrée, en primaire ou au collège» écrit le site alsacien, tandis que la préfecture refuse de confirmer ces informations.
D'après des chiffres cités par l'Observatoire de la laïcité, l'heure de religion est de facto peu suivie dans les écoles: "en 2010, si 63% des élèves suivaient l'enseignement religieux à l'école primaire, ils n'étaient plus que 30% au collège et 14% au lycée" pour les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle. Et à Strasbourg, on compte même 72,4% de "dispensés". En théorie, cet enseignement est obligatoire dans les trois départements concernés, à raison d'une heure par semaine dans le primaire comme dans le secondaire. Dans les faits, il est cependant facultatif, puisque les familles peuvent demander à en être dispensées.
De plus en plus d’élèves se dispensent des cours de religion
Toutefois, la généralisation de l’enseignement religieux à tous les cultes dont l’islam pourrait se frotter à une impossibilité juridique. D’après l’Observatoire de la laïcité, il est impossible d’étendre cette exception scolaire au culte musulman. Dans son jugement sur la rémunération publique des pasteurs en Alsace-Moselle, le Conseil constitutionnel a souligné en 2013 que le régime local des cultes reste valable mais ne peut pas s’étendre à de nouveaux bénéficiaires.
L'Observatoire de la laïcité, instance rattachée à Matignon, avait préconisé, dans un avis, de faire "évoluer" le droit local spécifique à l'Alsace-Moselle, en abrogeant notamment le délit de blasphème et en rendant pleinement optionnel l'enseignement religieux à l'école. L'Observatoire proposait d'"inverser les modalités de choix" pour cet enseignement: il ne reviendrait désormais plus aux élèves qui ne souhaitent pas suivre ce cours de demander à en être dispensés, mais à ceux qui souhaitent le suivre de s'y inscrire. D’ailleurs, les représentants des religions s’inquiétaient des propositions faites par l’Observatoire de la laïcité. "Le placement de l'enseignement religieux en dehors de l'horaire scolaire irait dans le sens d'une marginalisation rapide", s'inquiétaient les représentants des cultes catholique, protestant et juif dans un communiqué. "Qui voudrait le suivre, surtout si aucune autre alternative que le temps libre n'est plus présentée?" selon les responsables religieux, qui rappellent leur "attachement à un enseignement obligatoirement organisé dans le cadre scolaire, tel qu'il fonctionne depuis maintenant près d'un siècle".
Débat autour de la présence de l’islam à l’école, les autres cultes ouverts
En outre, en primaire, cette heure de religion ne devrait plus être, comme aujourd'hui, intégrée dans les 24 heures de cours hebdomadaire, car cela conduit à ce que "les élèves se voient privés d'une heure d'enseignement général par rapport aux élèves du reste du territoire", relève l'Observatoire. Trois membres de l'organisme- les parlementaires de gauche Jean Glavany et Françoise Laborde et l'essayiste Patrick Kessel -, se sont toutefois désolidarisés de cet avis. Ils  regrettaient qu'il n'apporte aucune réponse à la "discrimination" subie par l'islam, qui ne fait pas partie des cultes reconnus par le droit local d'Alsace-Moselle.
Toujours selon Rue 89 Strasbourg, les Eglises reconnues par le droit local d’Alsace-Moselle sont favorables à l’ouverture de l’enseignement religieux à l’islam mais rejettent la prise de décision dans le camp de l’Etat. Pour le Conseil régional du Culte Musulman (CRCM), l’enseignement dans les écoles publiques de l’islam est une bonne chose pour notamment éviter la radicalisation des enfants.
Dans un communiqué, l’association Egale qui prône la laïcité dans la société s’est émue de la possibilité d’intégrer l’islam dans l’enseignement religieux des écoles publiques d’Alsace. «En contradiction avec les prises de positions laïques du gouvernement, nous sommes surpris que le représentant de l’État en Alsace s’emploie à étendre un régime dérogatoire qui ne peut l’être selon notre Constitution» peut-on lire dans un communiqué. L’association demande à Manuel Valls et Najat-Vallaud Belkacem «d’envoyer un signal fort sur l’application pratique de la laïcité à l’école en Alsace comme en Moselle et de mettre en place les préconisations de l’Observatoire de la laïcité sans tarder, pour la rentrée 2015».
loractu

Tags: religion ، islam ، Alsace
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