En 2014, elle avait déjà été pillée et en partie détruite, avant d'être réhabilitée. Cette mosquée était devenue l'emblème de la réconciliation. Aujourd'hui, les habitants baissent les bras.
La mosquée de Lakouanga n'est plus qu'une ruine. C'est la seconde fois qu'elle est détruite de manière vengeresse. Issani Maga est membre du comité de gestion de l'édifice. Il a du mal à trouver les mots. « On ne peut pas le raconter. Vous savez que quand il y a une foule de plus de 200, 300 ou 400 personnes qui convergent sur la mosquée pour la détruire, c’est terrible. C’était terrible. Il y avait du matériel qui était stocké. Des pillards ont pris tout le matériel. D’autres se sont mis avec haches et autres armes pour pouvoir vraiment tout détruire. C’est indescriptible », a-t-il confié à RFI.
Depuis des mois, plus d'une vingtaine de jeunes habitants du quartier – tous chrétiens – travaillaient d'arrache pied pour reconstruire l'édifice. Un chantier symbole de la réconciliation entre les communautés. Mais devant l'avancée des pillards, ce week-end, ils n'ont rien pu faire. « Des jeunes d’autres quartiers sont venus envahir Lakouanga, précisément au niveau de la mosquée. Ils voulaient détruire la mosquée. Ces jeunes, venus d’ailleurs, étaient armés. Les jeunes de Lakouanga qui, eux, n’avaient pas d’armes, ne pouvaient rien faire. Ils ont par ailleurs été prévenus : "Si vous osez nous interdire de détruire la mosquée, nous reviendrons à Lakouanga pour dévaster Lakouanga" », raconte le père Etienne Cotowawé qui occupe la paroisse, à 500 m de là.
A demi-mot, tous ceux qui œuvraient à la reconstruction de l'édifice confient, abattus, « On ne va pas recommencer tout de suite. C'est bien trop tôt ».
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