Le festival, qui s’est tenu à la maison de jeunes de la ville, a été placé sous le slogan «Paix et pacification». Plusieurs conférences traitant de la naissance de ce genre de chant et son rôle dans la société ont été animées par des professeurs universitaires venus des universités de Bouira et Tizi Ouzou. Devant une assistance nombreuse, le professeur Aïgoune Khaled, de l’université de Tizi Ouzou, a rappelé que les origines du chant religieux kabyle remontent très loin dans le temps, il est pratiquement indissociable de l’apparition des confréries religieuses dans la région. Il est, selon le conférencier, «la preuve concrète de l’attachement de la région à la religion musulmane». Pour M’hamed Djellaoui, docteur en langue amazighe à l’université de Bouira, «le rôle du chant religieux kabyle ne se résume pas uniquement à l’orientation et l’incitation de la société à suivre les principes de l’islam, en louant le bon chemin et la bonne foi, mais il est, à côté des contes et de la poésie, un facteur très important dans la préservation de la langue amazighe». Le conférencier a précisé qu’il s’agit là d’«un genre littéraire à part entière par lequel les adeptes de ce genre expriment le vécu et les phénomènes de la société en louant bien entendu les bonnes valeurs et en condamnant les mauvaises habitudes».
De son côté, Saïd Bouizri, enseignant à l’université de Tizi Ouzou, est revenu longuement sur la nature et les fondements des messages que véhicule ce genre de chant, en disant que dans la plupart des cas «les textes chantés sont puisés du Coran et de la Sunna», avant d’expliquer que si la Kabylie avait su garder pendant longtemps la bonne religion, c’est-à-dire l’islam du juste milieu, «c’est grâce en grande partie à ce genre de chant qui adopte la méthode pacifique et la conviction et non la violence et l’excès, comme c’est malheureusement la cas de nos jours, où la personne se trouve égarée et ne sait quel courant religieux suivre». Notons par ailleurs qu’un grand hommage à été rendu à l’un des plus grands adeptes de ce genre de chant encore en vie, à savoir El Hadj Mahfouf Ramdane, natif de Haïzer, qui continue, malgré son âge très avancé, à se battre pour que ce genre de chant continue à exister.
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