L’interprétation scientifique du Coran du Cheikh Tantawi Johari
Tantawi Johari est né en 1861 dans le village de Kafr Awadullah Hijazi, dans la province de Sharqiya en Égypte.
Après avoir appris les principes religieux et le Coran, il est entré à Al-Azhar pour poursuivre ses études.
Il a aussi étudié l'histoire, les sciences et la philosophie occidentale, les travaux des philosophes Kant et Spencer, des philosophes grecs, l'Histoire des sciences, la médecine, la pharmacie et l'astronomie, les travaux d'Einstein et l'Histoire du transfert des réalisations scientifiques du monde islamique vers l'Occident.
« Al-Jawahar fi Tafsir al-Qur'an », une révolution dans l'interprétation du Coran
L'œuvre la plus importante de Tantawi Johari est son grand commentaire coranique :« Al-Jawahir fi Tafsir al-Qur'an », en 26 volumes, dont la compilation a pris des années.
Effort pour fournir une interprétation scientifique du Coran
Dans ce livre, Tantawi Johari utilise les commentaires de ses prédécesseurs et dans certaines parties, l'approche traditionnelle, mais son innovation dans l'interprétation du Coran, est l’allusion aux inventions scientifiques européennes, aux découvertes et aux progrès de la psychologie et de la sociologie, et leur application à l'interprétation des mots, des phrases et du sens des versets.
Cette révolution dans le commentaire, a selon certains, ébranlé les centres éducatifs et jurisprudentiels en Égypte et dans d’autres pays du monde islamique. L’objectif de Tantawi était de motiver et d’encourager les jeunes musulmans à apprendre les sciences comme l'astronomie, la médecine, la physique, la géologie, les mathématiques et d'autres sciences expérimentales, afin que les musulmans puissent rivaliser avec les Européens et que le monde islamique plongé dans l’ignorance, sorte de cette arriération.
Tantawi Johari souligne que le nombre des versets sur le rituel et l'adoration, dans le Coran, est de 150 versets, tandis que les versets qui invitent l'homme à réfléchir sur la nature, l'univers et les créatures, représentent 750 versets.
Tantawi Johari critique vivement la stagnation des élites politiques et religieuses dans les pays islamiques, et la priorité qu’ils accordent à leurs intérêts sur les intérêts de la nation.
En général, dans ses œuvres, Cheikh Tantawi Johari considérait les Européens comme des adeptes de religions divines, dont la plus importante est le christianisme, des érudits et des intellectuels dont les connaissances devaient être mises à profit, et comme des agents du colonialisme et de l’orientalisme.
Tantawi ne prétend pas que l’ensemble du savoir et de la civilisation occidentale provienne du Coran. Il souligne seulement que les Européens ont atteint leur niveau en suivant une approche rationnelle et empirique, que les musulmans ont préféré ne pas suivre, alors que le Coran les encourageait à le faire.
Les critiques à la nouvelle approche du Cheikh Tantawi Johari
Tantawi Johari a utilisé les sciences anatomiques dans son interprétation, ce qui a conduit certains, dont le Cheikh Shaltut, à considérer que son interprétation s'éloignait du but principal de la révélation, tandis que d'autres, comme l'Imam Khomeiny, tout en reconnaissant ses efforts d'interprétation, estimait que ces efforts étaient limités à l'expression d'une partie de la vérité du Coran. Certains commentateurs comme Rashid Reza, se sont opposés à cette approche, et Seyed Qutb a également refusé la fait d'extraire des concepts scientifiques, du Coran.
Effort pour une interprétation scientifique du Coran
Johari Tantawi considérait son programme dans le Tafsir al-Jawahir fi Tafsir al-Qur'an, comme un règlement du conflit entre l'esprit et l'âme, la science et la religion. Il a lui-même appris l'anglais sans professeur, communiqué avec des scientifiques occidentaux et a été le premier professeur de philosophie occidentale dans le lycée égyptien « Dar-ol-Oloum », après ses études à Al Ahzar.
Cheikh Tantawi Johari a été très actif dans la lutte contre le colonialisme et les envahisseurs britanniques, ce qui a conduit à son interdiction d'enseigner.
De plus, sa vie dans le quartier de Seyeda Zainab, qui était à l'époque le quartier des délégations occidentales, l'a amené à suivre des principes éducatifs et moraux occidentaux, et à être influencé par les méthodes des scientifiques européens, leurs idées et leurs livres.
Certains ont qualifié de « minime » sa connaissance des nouvelles sciences et des développements occidentaux, et c'est pourquoi sa suggestion aux musulmans, d'apprendre les sciences expérimentales de l'Occident et de ne pas prêter attention à leurs idées sur le salut dans le monde et dans l'au-delà, a été qualifiée de naïve.
Malgré toutes ces critiques, on ne peut nier que sa méthode d'interprétation et l'insistance du Coran sur la réflexion sur le monde et la nature, ainsi que la nécessité d'utiliser cette approche, pour le progrès scientifique et pour affronter la domination occidentale, sont des choses nécessaires qui ont été soulignées.
