William Kenneth Loftus, un archéologue anglais qui visita l'Irak en 1849, en tant que membre du Comité international chargé de déterminer les frontières de l'Irak et de l'Iran, publia son récit de voyage dans le livre « Travels and Researches in Chaldæa and Susiana », publiées à Londres en 1857.
William Kent Loftus, dans son récit de voyage, donne des descriptions intéressantes des conditions sociales, politiques, culturelles et économiques de Karbala et écrit : « les cadavres étaient constamment amenés à Karbala pour y être enterrés, car le désir d’être enterré dans le sol où le sang de l'Imam Hussain (as) a été versé, est un des grands vœux des musulmans et la plus haute de toutes les valeurs ».
Loftus visita la ville sainte de Najaf en 1853, avec Darvish Pacha, membre turc de la Commission internationale des frontières, Tahir Bey, gouverneur militaire de Hilla, et un groupe de soldats turcs. Il s'est ensuite rendu à Karbala avec la même caravane qui l'avait accompagné à Najaf. Lorsqu'il entra dans la périphérie de Karbala, il décrivit la beauté de l'entrée de la ville, entourée de jardins et de palmiers, et la considéra comme plus belle que l'entrée de Najaf. Il considérait Karbala comme plus sûre contre la menace d'attaque des tribus bédouines en raison des nombreux bâtiments situés à l'extérieur des murs de la ville. À son arrivée à Karbala, cet orientaliste anglais a été chaleureusement accueilli par le gouverneur et plusieurs fonctionnaires et anciens, et a séjourné avec son groupe, dans une maison d'hôtes appelée Sarai Iqam.
Du thé leur fut servi ainsi que du café et des pipes orientales. Loftus décrit ensuite en détail le repas que le souverain avait préparé en leur honneur, qui comprenait du pilaf, des légumes cuits sous diverses formes, et des assiettes de viande, le tout parfumé au jus de citron. Ils mangèrent tous ces plats puis le repas se termina par un grand bol de sirop.
Après cela, Loftus alla se promener dans la ville avec son groupe, et mentionne le courage de l'Imam Hussain (as) le jour d'Achoura, et son martyre, avec ses compagnons. Il décrit ensuite la cour et le dôme du mausolée de l'Imam Hussain (as) très similaire au dôme du mausolée de l'Imam Ali (as), mais supérieur en termes de décoration et de qualité de construction bien qu'un de ses trois minarets (en référence au célèbre minaret d'Al-Abd), soit usé et sur le point de tomber. Loftus attribue cela à l'incident d'al-Mankhor, à l'époque de Najib Pacha, qui s'est produit six ans avant que Loftus vienne à Karbala. La chose la plus importante que Loftus mentionne à propos de cet incident est que Tahir Bey, le gouverneur militaire turc de Hilla, qui l’accompagne dans son voyage pour le protéger, lui a raconté qu'il était l'un des officiers présents dans cet événement, et avait reçu une promotion en raison de la cruauté et de la violence dont il avait fait preuve dans la répression des gens.
Tahir Bey lui a raconté qu'il avait tué trois révolutionnaires de ses propres mains, tandis que ses hommes avaient éliminé 70 habitants de Karbala, dont des enfants et des femmes.
Loftus décrit les conséquences et les effets de cet incident, notamment les dommages et la destruction de maisons et de mosquées.
Loftus n'a pas ignoré la situation économique de Karbala et affirme que les marchés de Karbala regorgent de céréales et de marchandises apportées par les pèlerins du monde entier. Il note également que la ville est célèbre pour la fabrication de bijoux et de délicates sculptures sur les huîtres, pêchées au large de Bahreïn, dans le Golfe Persique.
Loftus décrit enfin son dernier souvenir de Karbala lorsqu'il quitta la ville, juste avant le lever du soleil dont les faibles rayons tombèrent sur le dôme doré de l'Imam Hussein (a) et sur le dôme d'Abbas (a), aux tuiles bleu foncé et entourés d'une épaisse couche de brouillard.