La mosquée est un chef-d'œuvre d'architecture en terre crue, caractéristique de la région sahélienne. Elle fait partie des trois grandes mosquées de Tombouctou, inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO, mais a également été vulnérable en raison des conflits et de l'érosion.
La mosquée Sankoré est fascinante, car elle incarne à la fois la spiritualité, l'éducation et l'ingéniosité architecturale de l'Empire du Mali. Fondée sous le règne de l'empereur Kankou Moussa, connu pour sa richesse légendaire et son mécénat, Sankoré a joué un rôle central dans la transmission du savoir en Afrique de l'Ouest.
Architecturalement, la mosquée est un exemple parfait du style soudano-sahélien : des murs en terre battue renforcés de poutres en bois qui aident à stabiliser la structure et servent aussi d’échafaudage pour l'entretien. C'est une technique adaptée aux conditions climatiques de la région.
L’histoire de la mosquée de Sankoré et de l’université qui y était liée est profondément inspirante.
L’Université de Sankoré était l’un des plus grands centres d’apprentissage du monde médiéval, comparable à des institutions comme Al-Azhar au Caire ou les universités européennes de l'époque.
Elle n'était pas une université au sens moderne, mais un regroupement de plusieurs écoles coraniques et bibliothèques autour de la mosquée. À son apogée, Sankoré aurait accueilli jusqu'à 25 000 étudiants, ce qui est remarquable pour une ville comme Tombouctou.
Les érudits de Sankoré enseignaient une grande variété de sujets, allant bien au-delà de la théologie :
Sciences naturelles : astronomie, botanique, médecine.
Humanités : philosophie, histoire, linguistique.
Mathématiques : algèbre, géométrie.
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Manuscrits et savoirs anciens
Les manuscrits de Tombouctou sont le joyau intellectuel de cette époque. Ces textes, souvent écrits en arabe ou en ajami (langues africaines transcrites en caractères arabes), montrent une richesse incroyable. Ils contiennent des traités scientifiques, des poèmes, des documents de droit et même des manuels de gestion. Certains manuscrits révèlent une connaissance avancée en astronomie et médecine, bien avant que ces concepts n'apparaissent en Europe.
Malheureusement, ces trésors ont souvent été menacés par des pillages, l'érosion et des conflits, mais des efforts récents ont permis d’en préserver une grande partie. Des familles maliennes les ont protégés pendant des générations, et aujourd'hui, des projets de numérisation permettent de les sauvegarder.
Les manuscrits de Sankoré sont non seulement des témoins d’un riche passé intellectuel africain, mais ils continuent d’éveiller un intérêt profond pour leur contenu unique et les efforts de préservation qui les entourent.
Un contenu riche et varié
Les manuscrits couvrent des domaines très divers, souvent méconnus :
1. Sciences islamiques : Les traités sur le Coran, le hadith (paroles du Prophète), le fiqh (jurisprudence islamique) et le soufisme dominent ces collections. Ces textes montrent une grande profondeur théologique et une diversité d’interprétations.
2. Astronomie et navigation : Certains manuscrits traitent de la cartographie, des cycles lunaires, et de l'orientation pour les voyages dans le désert. Cela montre la maîtrise des connaissances pratiques adaptées aux besoins locaux.
3. Médecine : Des recettes à base de plantes, des traitements pour des maladies communes et des descriptions anatomiques sont détaillées, souvent inspirées de traditions africaines et islamiques.
4. Philosophie et éthique : Ils abordent des questions de moralité, de gouvernance et de gestion communautaire, avec une vision guidée par la sagesse islamique.
5. Commerce et économie : En lien avec l’importance de Tombouctou comme carrefour commercial, ces manuscrits décrivent des systèmes économiques et des règles pour le commerce équitable.
Parmi les savants ayant contribué à ces écrits, on retrouve Ahmad Baba al-Timbukti, l’un des érudits les plus célèbres de Tombouctou. Il a écrit plusieurs ouvrages sur la jurisprudence islamique et a vigoureusement défendu l’Afrique contre les préjugés raciaux.
Efforts modernes de préservation
Numérisation : Des initiatives internationales et locales, comme celles soutenues par l'UNESCO et des institutions comme la Bibliothèque Ahmed Baba, ont permis la numérisation de milliers de manuscrits pour éviter qu’ils ne soient perdus à cause des conflits ou des conditions climatiques.
Protection physique : Lors de la crise de 2012 à Tombouctou, des familles locales ont courageusement caché ou transporté les manuscrits dans des endroits sûrs, comme Bamako.
Éducation et valorisation : Des expositions, des projets de traduction, et des recherches académiques renforcent la visibilité et l'importance de ce patrimoine, aussi bien en Afrique qu’à l’international.
Les manuscrits de Sankoré ne sont pas seulement des vestiges historiques ; ils inspirent aujourd’hui des discussions sur l'importance du savoir local et l'intégration de ce patrimoine dans les systèmes éducatifs modernes. En les redécouvrant, le monde reconnaît l’Afrique comme un acteur majeur de la transmission du savoir.
Sources : Arts & culture
Wikipédia
Sankoré Africa
Jmtvplus
Par Parvaneh Javan