L'arabe, langue de la révélation coranique, s'est rapidement propagée à travers le monde islamique, accompagnant la conquête musulmane. Très tôt, le Coran fut recopié, et l'écriture est devenue un moyen fondamental de diffusion du message religieux. Ainsi, elle possède une triple fonction : religieuse, utilitaire et ornementale.
Styles de calligraphie
Les styles calligraphiques musulmans sont nombreux et variés. On distingue principalement deux grandes catégories : le kufique, à caractère angulaire, et le cursif, à caractères déliés. Le kufique est apparu tôt, influencé par l’écriture hijazi, et se diversifie dans ses variantes, telles que le kufique tressé ou animé, où les lettres sont parfois associées à des formes humaines ou animales.
Quant aux styles cursifs, on compte six grands types canoniques : le naskh, rapide et lisible, le muhaqqaq, souvent penché, le thuluth, majestueux avec ses hampes longues, et le riqâ’, utilisé pour des documents administratifs. Le nasta’lîq, développé pour les manuscrits persans, est également notable. Ces styles varient selon les régions et les époques, enrichissant le patrimoine calligraphique de l’Islam.
Histoire de la calligraphie en Algérie
L'Algérie, comme d'autres régions du Maghreb, adopte dès le début l'écriture kufique pour la transcription des premiers Corans. Ce style, rigide et angulaire, est largement utilisé jusqu'au XIIIe siècle. Les premiers Corans sont donc souvent écrits en kufique avant que la calligraphie ne se diversifie avec l'apparition de nouveaux styles plus cursifs.
À travers les siècles, l'Algérie connaît diverses dynasties comme les Hammadides (XIe-XIIe siècles), les Zianides (XIIIe-XVe siècles), et les Ottomans (XVIe-XIXe siècles). Chacune d'elles influence les pratiques artistiques et calligraphiques du pays, avec l'introduction de styles calligraphiques plus complexes. Sous la domination ottomane, le style diwani et thuluth sont adoptés et influencent la calligraphie coranique en Algérie.
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L'écriture El Kendoussi
L’écriture El Kendoussi tire son nom du calligraphe et théologien soufi Abou Abdellah Sidi Mohammed Ben El Kacem El Kendoussi, né à Kenadsa, dans le sud-ouest algérien. Formé à la zaouïa Zianiya Chadliya, il s’est illustré par sa maîtrise de la calligraphie coranique et son apport à l’art manuscrit islamique.
Son œuvre majeure est la transcription du Coran en douze volumes, réalisée dans un style distinctif qui porte son nom. Ce style se distingue par l’élégance des lettres, l’harmonie des couleurs et la richesse des ornements. El Kendoussi a ainsi développé une esthétique propre à la région, alliant rigueur religieuse et raffinement artistique.
Décédé en 1861, il laisse un héritage précieux dans la tradition calligraphique algérienne. Son œuvre, saluée comme un rare chef-d’œuvre, est aujourd’hui étudiée pour sa valeur artistique et patrimoniale, notamment à travers les initiatives du musée national de la calligraphie islamique de Tlemcen.
Omar Racim, père de la calligraphie moderne
Au XXe siècle, un renouveau de la calligraphie se produit avec des figures comme Omar Racim (1884-1959), un maître calligraphe qui joue un rôle central dans la préservation et la promotion de la calligraphie en Algérie. Racim fonde une école de calligraphie à Alger en 1939, formant de nombreux artistes et contribuant à la renaissance de cet art. Son influence est telle qu'il est considéré comme le père de la calligraphie moderne en Algérie. Racim mêle les influences traditionnelles à des éléments modernes, ce qui permet à l'art de se réinventer tout en conservant ses racines.
Calligraphie coranique dans les zaouïas
L’Algérie, par ses nombreux zaouïas (écoles religieuses), joue également un rôle majeur dans la transmission de la calligraphie coranique, tant pour la pratique religieuse que pour la formation des générations futures. Ces écoles ont formé de nombreux calligraphes qui ont joué un rôle clé dans la transcription et la décoration des Corans.
Aujourd’hui, l’Algérie continue de valoriser cet art avec des institutions comme le Musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie d'Alger, qui conserve des œuvres précieuses de calligraphie coranique et d'enluminure. Ce musée représente un centre important pour la préservation de la calligraphie et la promotion de cet art au niveau international.
Sources : wikipedia
UNESCO
arjazia
Par Sara Hamidi