Le voyageur qui déambule dans la ville d’Athènes a forcément les yeux tournés vers les vestiges de l’Antiquité. Sur le rocher de l’Acropole, le Parthénon domine toute la métropole. Un peu plus bas, des monuments gréco-romain côtoient des édifices byzantins. Mais une autre Athènes, plus méconnue, gagne aussi à être connue, celle de la période ottomane. Cette époque de la ville cherche néanmoins encore sa place dans le puzzle historique et culturel de la cité.
La présence ottomane à Athènes a duré plus de 360 ans, si l’on prend pour point de départ la prise de Constantinople en 1453 et comme date ultime la révolution grecque, en 1821. À cette époque, Athènes reste une petite ville de province qui compte quelque 20 000 habitants. Selon l’archéologue Yiorgos Pallis, professeur à l’université d’Athènes et spécialiste de la période ottomane, la cité s’étend « des pieds de l’Acropole, du quartier de Plaka, jusqu’à la place Syntagma et aux alentours du boulevard Panepistimio ».
Athènes ottomane, une ville multiculturelle
La ville ottomane, malgré sa petite taille, était une ruche culturelle qui abritait une extraordinaire diversité linguistique. On y trouvait des Grecs, des Albanais, des Turcs, et aussi des Arméniens, qui partageaient tous l’ombre du Parthénon. Les juifs Romaniotes et les Séfarades étaient en revanche pratiquement absents de la ville, jusqu’à la création de l’État grec. « Il y a bien sûr eu des périodes de tensions entre les chrétiens et les musulmans mais, la plupart du temps, ces deux communautés religieuses vivaient en symbiose », poursuit Yiorgos Pallis.
En raison de la reddition de la ville sans résistance, le sultan Mehmet II octroya des privilèges spéciaux aux Athéniens, par exemple en interdisant le pillage des antiquités. Le quartier de Plaka, dont le nom provient de pliaka, signifiant la « vieille » ou « l’ancienne » dans le dialecte des Albanais installés depuis le XVIe siècle dans la région, resta le cœur de la cité jusqu’à la création de l’État grec moderne. C’est dans ce quartier que subsistent encore la majorité des monuments de l’époque ottomane.
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