D’autre part, la journée devra également permettre d’approfondir les réflexions sur les grands chantiers de l’heure, en vue d’améliorer de façon significative, aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif, la situation de l’alphabétisation, afin de contribuer efficacement à l’atteinte des objectifs de l’Education pour tous dans les années post-2015.
Dans un communiqué rendu public à cette occasion, l’ISESCO a indiqué que sur le plan quantitatif, avec environ 781 millions d’analphabètes, le taux de l’analphabétisme dans le monde est passé de 18% en 2000 à 14% en 2015 ; ceci dénote que malgré les progrès réalisés, l’objectif consistant à réduire de moitié ce taux est loin d’être atteint. A cet égard, l’ISESCO a appelé à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs escomptés de réduction de l’analphabétisme dans les prochaines décennies. Pour ce faire, a indiqué le communiqué, il est nécessaire de revoir la vision de l’alphabétisation dans les Etats membres et de mettre en place une nouvelle stratégie de mise en œuvre des projets et programmes en la matière.
Par ailleurs, et pour susciter l’engouement des populations, l’ISESCO a souligné que les programmes d’alphabétisation doivent être bâtis sur la demande plutôt que d’être des offres de formation, répondant à la diversité de la demande de différents groupes cibles. Pour ce faire, a-t- elle précisé, ces programmes devront octroyer des possibilités réelles de préserver, d’améliorer et d’appliquer les compétences alphabétiques dans l’environnement culturel et socioéconomique des bénéficiaires, accompagnés par la création d’environnements lettrés dynamiques dans la perspective de l’apprentissage tout au long de la vie. Dans ce cadre, l’ISESCO a mis l’accent sur l’importance d’adopter l’approche participative et de proximité dans la planification, celle de la micro-planification, des programmes d’alphabétisation, autour de données statistiques fiables et de données d’évaluation des besoins de formation bien ciblés des populations.
En outre, pour porter à une plus grande échelle les programmes d’alphabétisation, l’ISESCO a rappelé que les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) à travers les téléphones mobiles, la radio, la télévision, etc. faisant partie des supports actuels de communication et de formation devront être mis à contribution, pour toucher les nombreux utilisateurs et notamment les populations vivant dans les zones reculées. En plus des programmes d’alphabétisation sur mesure répondant aux centres d’intérêt des populations, l’engouement des communautés pour les programmes d’alphabétisation nécessite la mobilisation, afin d’y intégrer davantage les apprenants grâce aux campagnes de sensibilisation à travers les mass-médias, les institutions religieuses et autres canaux de communication dans la société. Dans cette dynamique, la prise en compte de différentes sphères éducatives des sociétés islamiques, à savoir, les institutions religieuses, les écoles coraniques, les écoles arabo-islamiques… devront être exploitées pour la généralisation de l’alphabétisation dans nos pays.
De même, l’ISESCO a affirmé que les questions d’ordre linguistique devront occuper une place fondamentale dans les politiques et pratiques d’alphabétisation dans les décennies futures. « En fait, considérant que la langue employée pour l’alphabétisation joue également un rôle central dans la motivation des participants, nous devrons répondre aux aspirations des populations dans ce domaine, tant au niveau du choix de la langue ou des langues à utiliser dans nos programmes d’alphabétisation et de post-alphabétisation qu’au niveau du système de graphie à utiliser » a-t-elle ajouté.
Outre l’augmentation du taux de participation aux programmes d’alphabétisation, dans les prochaines décennies, l’ISESCO a appelé à s’investir pour l’amélioration de la qualité des apprentissages que nous offrons dans ce domaine. A ce titre, la qualification de diverses ressources pédagogiques des programmes (les concepteurs de matériels et supports didactiques, les alphabétiseurs et leurs formateurs, les enseignants de l’éducation formelle et autres ressources humaines potentielles) semble être un paramètre important. Dans ce sens, pour leurs interventions efficientes, les cadres pédagogiques devront être formés dans le domaine de l’élaboration et la publication des matériels didactiques d’alphabétisation et de post-alphabétisation grâce aux moyens modernes.
Dans la même veine, le communiqué a indiqué que pour améliorer la qualité des offres de l’ISESCO en matière d’alphabétisation, elle devra s’investir davantage, pour mettre en place des systèmes de suivi et d’évaluation ainsi que des mécanismes de coordination efficients de ses programmes. Dans ce sens, le renforcement des capacités des cadres techniques et administratifs capables d’assurer le suivi et l’évaluation corrects ainsi que la bonne gestion, le pilotage des projets et programmes d’alphabétisation demeure un paramètre essentiel.
L’ISESCO a, par ailleurs, déclaré : « Quand bien même la parité entre les sexes dans le domaine de l’alphabétisation ait progressé de 2000 à 2015, la grande majorité de la population analphabète actuelle reste toujours dominée par les femmes. Ainsi, considérant le rôle fondamental de l’alphabétisation pour corriger les disparités en matière de développement et pour assurer l’autonomisation des femmes, nous devrions à travers nos stratégies d’alphabétisation inclusive, continuer nos efforts, en mettant en œuvre des programmes d’alphabétisation adaptés aux besoins spécifiques de la population féminine, notamment celle vivant en milieux rural et périurbain, articulés autour des activités génératrices de revenus ».
Pour contenir le fléau de l’analphabétisme dans les futures décennies, parallèlement à l’alphabétisation des adultes, l’ISESCO a appelé dans son communiqué à œuvrer pour tarir à la source ce fléau, par la réalisation de programmes d’éducation spécifique ambitieux au profit des enfants d’âge scolaire n’ayant pas eu l’opportunité d’aller à l’école et aussi des enfants déscolarisés. Ainsi, dans nos pays, il s’avère nécessaire d’accorder toute l’attention souhaitée à la mise en œuvre des politiques et programmes d’éducation non formelle vigoureux et de qualité au profit de ces enfants, adaptés à leurs environnements socioéconomiques.
ISESCO