La France et le mensonge de la laïcité / Bataille contre l'identité algérienne islamique et arabe

17:29 - December 08, 2020
Code de l'info: 3475043
Téhéran(IQNA)-Bashir al-Ibrahimi, intellectuel algérien bien connu et un des porte-drapeaux de la lutte contre le colonialisme français, dans ses écrits sur les jours amers de l'occupation de son pays, dénonce les mensonges de la France sur sa laïcité, et sa volonté d’effacer l'identité islamique et arabe des musulmans algériens. 
Dans un article, il écrit : « Pendant plus de 125 ans, l'Algérie a fait face à toutes sortes d'oppressions, de tortures et de tourments, au long de l'histoire de l'occupation française. Des centaines de milliers d'innocents sont morts sous le feu de l'artillerie, des canons et des avions de guerre français. Malgré de nombreuses atrocités, meurtres, viols, insultes à la religion et à la culture, et décapitation de milliers d'Algériens, la France en tant qu'État laïc, a toujours prétendu respecter toutes les religions et leurs valeurs sacrées alors qu’un de leurs responsables avait déclaré : « Tant que les Algériens lisent le Coran et parlent l'arabe, on ne peut pas les dominer, il faut donc leur enlever le Coran et la langue arabe ». 
 
L’Allamah Mohammed Bashir al-Ibrahimi est un des plus importants érudits musulmans contemporains en Algérie. Né en 1889, il a grandi dans la ville de Latif près de Constantine. Après des études dans la péninsule arabe et en Syrie, Al-Ibrahimi a vécu à Médine jusqu'en 1917. Puis il se rendit à Damas où il profita des enseignements des cheikhs syriens jusqu'en 1921. Après cela, il est retourné en Algérie pour aider le mouvement de réformation scientifique de son ami et militant Abdul Hamid bin Badis. Mais le gouvernement colonial français restreignit très vite le champ d’action de cette association et en arrêta les membres.
فرانسه و سکولاریسم جعلی/ نبرد استعمار با هویت اسلامی و عربی الجزایر
Le mouvement de réforme religieuse, déclenché au début du XXe siècle, s'est étendu sous la tutelle du cheikh Abdul Hamid ibn Badis et a eu un grand impact sur la société algérienne. Cet éveil intellectuel s’est généralisé avec le retour de certains érudits comme Ya'li al-Zawawi, al-Tayyib al-Aqbi et Bashir al-Ibrahimi, revenus d'exil, en Algérie. Puis ce mouvement se développa avec la création de l'Association des savants musulmans en 1931, qui hissa de nouveau, le drapeau de la lutte contre l'occupation française et de la défense de l'identité arabe islamique. Le cheikh Abdul Hamid bin Badis fut élu président de l'association et le cheikh al-Ibrahimi, son adjoint.
 
La fondation de l'Association des savants musulmans algériens, dans les années 1930 jusqu’au départ des occupants français dans les années 1960, a conduit à un éveil de la société, car elle ne s’occupait pas seulement de l'Algérie et des problèmes intérieurs, mais propageait aussi un esprit de fraternité, de solidarité et d'unité dans les pays arabes du Maghreb, et entretenait également des liens étroits avec le monde arabe oriental.
فرانسه و سکولاریسم جعلی/ نبرد استعمار با هویت اسلامی و عربی الجزایر
Bin Badis mourut en 1940 et en 1943, Ebrahimi fut libéré. Pendant un an, il participa à la construction de 73 écoles et bibliothèques coraniques dont le but était de promouvoir la langue arabe et la mémorisation du Saint Coran. Finalement, plus de 400 écoles furent créées pendant cette période, ce qui provoqua à nouveau, la colère de la France. En 1945, le cheikh Ebrahimi fut de nouveau arrêté et relâché plus tard. Il se rendit ensuite dans toutes les régions de l'Algérie pour construire des écoles et des centres éducatifs, jusqu'à son installation au Caire en 1954. Quand la Grande Révolution algérienne a éclaté en 1954, il se rendit en Inde et dans d'autres pays pour obtenir des aides financières. Après la victoire de la Révolution algérienne, il revint dans son pays natal et refusa de se ranger du côté d'une faction anti révolutionnaire. 
 
En avril 1964, le cheikh Ibrahimi publia une déclaration bien connue, critiquant le gouvernement de l'époque dirigé par Ahmad ibn Bala, accusé par Ibrahimi de déroger aux principes islamiques. Dans cet article, l’Allamah Bashir al-Ibrahimi a condamné la conspiration mondiale contre la Palestine et la migration massive des Palestiniens en 1948, au cours de laquelle environ 725 000 Arabes palestiniens ont quitté leurs maisons, ont fui ou ont été expulsés. Il est nécessaire de se référer à cet article pour connaitre ce qui a poussé l'Algérie à se soucier de la question palestinienne. Mohammad Bashir al-Ibrahimi a également révélé les réalités de la colonisation française et ses objectifs. 
 
« Les occupants français ont toujours rappelé aux Algériens l'importance du principe de la laïcité française, que le soldat, l'enseignant, le médecin et le prêtre français étaient tenus d'observer, et les généraux français ont toujours été fiers des personnes qui répandaient ces idées dans toute l'Algérie », écrivait Bashir al-Ibrahimi qui a répondu à ces affirmations absurdes et sans fondement, en disant : « La France est venue en Algérie avec un prêtre colonial pour cibler la religion musulmane et semer le doute dans les croyances. Elle a amené le professeur colonialiste pour enlever la sagesse aux enfants musulmans et troubler leur esprit, les éloigner de leur langue et de leur littérature, et déformer leur histoire. Elle a humilié ouvertement leurs prédécesseurs et émis des doutes sur leur religion et leur prophète, puis leur a donné une éducation incomplète, pire que l'ignorance. Le médecin colonial est venu pour guérir la maladie avec une autre, pour tuer les microbes en créant de nouveaux microbes, et pour faire des personnes, des souris de laboratoire. Après 120 ans de colonisation, 99% des Algériens sont analphabètes et ont oublié leurs traditions islamiques et arabes. Le médecin colonial n’a pas guéri les maladies et 400 000 personnes ont été atteintes de tuberculose. Des dizaines de milliers de femmes ont avorté en raison du manque de soins, et un même nombre d'enfants souffrent de malnutrition. De nombreux jeunes ne veulent plus revenir dans leur pays en raison du manque d'installations. Les prêtres appellent les jeunes au christianisme comme si le Christ avait dit que le ventre ne sera rassasié que si le cœur se tourne vers le christianisme. Peut-on dire que le gouvernement français est un gouvernement laïc alors qu’il embauche des prêtres et s'appuie sur eux pour sa colonisation  et pour changer les croyances, la culture, la religion et l'héritage du peuple algérien ? »
 
 Al-Ibrahimi ne se limite pas à cette question et dénonce les politiques oppressives que la France impose à son pays. Il brosse un tableau amer et triste de la société algérienne, reconnaissant qu'il y a une différence flagrante entre ce que les médias et journaux européens et français écrivent sur les valeurs du gouvernement laïc français, et les souffrances du peuple algérien en matière de santé, de politique et de religion. 
 
« La France, fondatrice du système laïc, entend créer une barrière entre les États et les religions, c'est-à-dire renforcer le matérialisme et affaiblir le clergé. Qu'a fait le système colonial en pratique ?  En Algérie, le gouvernement français limite l'islam et les mosquées, et supprime nos rites religieux. Aucune mosquée, mufti ou prédicateur ne peuvent fonctionner sans l'autorisation de la France. Même le croissant du Ramadan est vu par un juge désigné par eux, et les cheikhs et les oulémas sont limogés ou nommés selon l’avis des Français », disait-il.
 
Ce sont là, les déclarations sur l’affirmation de la laïcité française pendant l'occupation de l'Algérie qui a duré 133 ans, déclarations que l’Allamah al-Ibrahimi a toujours réfutées en tant que témoin oculaire de l'époque coloniale et un de ceux qui ont beaucoup souffert pendant cette période.
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