Les nations ont besoin d’une nouvelle alliance avec Dieu et avec la nature

12:01 - October 20, 2021
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Téhéran(IQNA)- « L'union des musulmans est recommandée tandis que la division est blâmable et condamnable. L'union est un devoir auquel aucun croyant ne peut se soustraire », a affirmé le docteur Badri el-Madani.

Le docteur Badri Khalfullah Chahr Badri el-Madani est né en 1967 à Ksibet El Médiouni, en Tunisie. Il maîtrise l’arabe, le français et l’anglais et a obtenu un doctorat en discipline de la gnose en 2020, à l’académie internationale de la gnose au Royaume-Uni.

Le cheikh el-Madani est l’un des grands prédicateurs du ministère tunisien des affaires religieuses et l’imam et prédicateur de la Grande Mosquée An-Nour à Ksibet El Médiouni et a mené des activités religieuses entre 2010 et 2019 en France, en Allemagne et en Italie.

Il est membre de l’Union Internationale du Soufisme, adjoint de l’Association Al-Muhammadi de Tunisie, membre de l’Union africaine de soufisme, et membre du corps enseignant de l’Académie internationale des savants qui font des recherches sur la gnose.

Nous lui avons posé quelques questions, dans le cadre d’une interview, à l’occasion de la semaine de l’unité islamique et de l’heureux anniversaire du Noble Prophète de l’islam (psl), et M. le docteur el-Madani a gentiment accepté de répondre.

 

Ces jours-ci, nous sommes à l’anniversaire de la naissance du Noble Prophète de l’islam (psl) et à la semaine de l’unité. Quel était le message du Prophète Muhammad (psl) ?


A l’honorable occasion de la naissance de notre prophète, nous insistons sur le fait que l’islam a d’énormes potentialités en tant que foi, pensée, et présence dans l’histoire. La richesse extraordinaire de la culture islamique a maintenu ce message vivant et permanent, et cette universalité, a créé deux choses dont le monde actuel a le plus grand besoin.

Nous avons besoin d’un message de fraternité, de justice, d’effort et de libération. La règle d’or en Islam, est que notre action humaine ne réussit que si elle se situe dans le prolongement de la création divine.

Etre musulman signifie vivre conformément aux principes divins. Le bonheur islamique est l’art de la relation avec Dieu qui est une bénédiction et un bonheur. L’organisation collective de la cité islamique implique le travail, la production, les échanges avec autrui, les échanges intellectuels aussi bien qu’économiques, et une profonde spiritualisation de l’ensemble de nos actes. Nous devons spiritualiser le travail, l’éducation, la politique, le droit, les relations internationales et la vie quotidienne. L'union des musulmans est recommandée tandis que la division est blâmable et condamnable. L'union est un devoir auquel aucun croyant ne peut se soustraire.

Dans le monde musulman, le pouvoir est aux mains de gens qui s’opposent à la volonté des peuples et ont depuis des années, des relations secrètes avec un régime qui est l’ennemi de tous les pays musulmans (Israël). De nos jours, ces relations deviennent ouvertes et un processus de normalisation est en cours. Que doivent faire les nations pour exercer leur souveraineté ?

Le drame des peuples musulmans aujourd’hui, est qu’ils manquent d’une analyse suffisante des exigences de leur temps. Pour être efficace, la lutte actuelle des musulmans pour l’affirmation d’eux-mêmes, doit s’incarner dans de nouveaux systèmes de pratiques sociales, inspirés par la foi mais institutionnellement définis et réglementés. On ne peut pas réduire l’Islam à un simple système de valeurs. L’islam est aussi une forme d’organisation de l’existence. C’est le projet islamique de l’organisation de la société qu’il faut inlassablement reprendre et traduire en actes compatibles avec les énormes potentialités de notre époque.

Les nations ont besoin d’une nouvelle alliance avec Dieu et avec la nature

Face à leur retard économique et social, les nations ont besoin d’une nouvelle alliance avec Dieu et avec la nature. Face aux désirs de justice et l’état piteux des relations avec leurs frères d’autres races, confessions et cultures, les musulmans ont besoin de réaffirmer leur internationalisme profond et leur vocation universelle.

C’est pour cela que nous devons exprimer notre rejet et notre opposition à toutes les mesures et décisions israéliennes illégales visant à changer les réalités dans les territoires palestiniens occupés, y compris Al-Qods, et devons mettre en œuvre tous les enseignements islamiques pour empêcher cette colonisation.

La République Islamique d’Iran organise chaque année, une conférence internationale pour rapprocher les musulmans et éliminer les désaccords. Dans quelle mesure ces démarches sont-elles positives ?

Ces démarches envisagent des actions qui œuvrent à une cohabitation pacifique des différentes écoles et religions. Une démarche intracommunautaire se concrétise par une réflexion théologique sur les dogmes, doctrines et textes sacrés, en vue de faciliter des comparaisons entre les religions, des contextualisations et leur adaptation grâce à l’interprétation religieuse. D’autre part, une démarche intercommunautaire, à travers des rencontres entre communautés, invite les participants à partager leurs croyances, leurs pratiques et leurs rites. Cela étant, l’ancrage communautaire et le leadership religieux restent un socle de sociabilité et d’identification des interlocuteurs, au service du « vivre-ensemble » des pays islamiques. Au sein de sociétés pluralistes, les rencontres multiconfessionnelles ou interreligieuses ont pour point d’orgue la réconciliation, la cohabitation et une participation collective au dialogue. L’échange de « bonnes pratiques » est un procédé de partage et de débat, qui se situe à un niveau supérieur des modes de gouvernance et de gestion des diversités culturelles

Quelles sont vos propositions pour éliminer les différends et rapprocher les cœurs des musulmans dans le monde ?

Le dialogue permet de prévenir les conflits liés la plupart du temps, à des incompréhensions ou une méconnaissance mutuelle. Il faut élargir ces initiatives. Il serait donc approprié de promouvoir la mise en œuvre de multiples rencontres pour exprimer les attentes respectives vis-à-vis d’un meilleur « vivre-ensemble »

Il y a peut-être cinquante ans, deux centres théologiques, celui de Qom et le centre Al-Azhar, ont fait des efforts pour rapprocher les points de vue des chiites et des sunnites. Actuellement il existe des instances en Iran, qui font des efforts dans ce sens. Qu’est ce qui manque ? Pourquoi ces efforts n’ont-ils pas abouti pleinement ? Comment faire pour obtenir meilleurs résultats ?

On appelle toujours à interdire les luttes internes entre sunnites et chiites. C’est un appel important et opportun qui ne doit pas cesser. Nous devons pas faire de différence entre les sunnites et les chiites, qui font la chahada (profession de foi musulmane qui stipule qu'il n'y a qu'un Dieu et que Mohammad est son prophète). Nous devons chercher ensemble, à promouvoir un islam modéré et soutenir l'appel au rapprochement entre sunnites et chiites, afin d’atteindre les objectifs de l'islam, de contrer les groupes extrémistes qui publient des fatwas contraires à la religion, et de mettre un terme aux divisions, vu que la réalité sur le terrain du conflit entre les sunnites et les chiites, n'est pas ce qu'elle semble être ou ce qu'elle semble signifier. Il est important de faire une distinction entre les deux branches de l'islam et ceux qui cherchent à les exploiter à des fins politiques.

Par Parvaneh Salehi

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