L'oeil des start-ups du monde islamique sur le marché de la cryptomonnaie
Les monnaies numériques se développent dans le monde islamique et les start-ups envisagent de fournir des services islamiques dans ce domaine. La popularité des monnaies numériques a augmenté et selon « CoinMarketCap », leur valeur totale s'élève désormais à 1,2 billion de dollars dans le monde.
Ibrahim Alkord, entrepreneur de 25 ans, a monté un groupe de capital-risque axé sur les actifs numériques et les startups halals, et travaille maintenant à trouver des crypto-monnaies conformes à la charia.
Mazin Khalil, directeur adjoint des services financiers islamiques chez « Grant Thorton » à Abu Dhabi, a déclaré à Middle East Eye : « Il n'y a pas d'autorité centrale dans l'Islam qui déclare la monnaie numérique halal ou haram. Les sceptiques la considèrent comme une activité virtuelle, et traditionnellement, même les monnaies fiduciaires telles que le dollar américain, sont interdites, car elles ne sont pas liées à des actifs tangibles comme l'or, bien que la plupart des érudits islamiques aient surmonté cette barrière, une « ambiguïté excessive » dans les prix de la cryptomonnaie, pourrait être interprétée comme une forme de jeu ».
Malgré la longue incertitude de certains, les monnaies numériques ont attiré l'attention des investisseurs et en 2021, le Pakistan se classait au troisième rang mondial pour l'acceptation des crypto-monnaies. L'Inde est arrivée deuxième avec 15% de la population musulmane, et le Nigeria, un pays où la moitié de la population suit l'islam, est arrivé sixième.
Ibrahim Khan, co-fondateur « d'IslamFinanceGuru », une plateforme axée sur l'investissement halal, a déclaré : « A ce stade, le contrôle est hors de portée et de larges pans de la population musulmane utilisent la crypto-monnaie. « lslamicFinanceGuru » a une liste d'actifs numériques halals qui sont devenus des conduits incontournables dans le monde de la crypto-monnaie islamique. Les produits considérés comme halals sont supérieurs quand ils sont les produits d’investisseurs musulmans. La société consulte des spécialistes de la charia pour déterminer si les devises en question sont liées à des activités interdites comme l’intérêt ou l'alcool, et Bitcoin, Atrium et Tetra sont toutes considérées comme halals ».
Dans cet espace, peu de startups ont ressenti une opportunité et vont au-delà de simples jetons d'authentification. L'une de ces sociétés est « Marhaba De-Fi », lancée en décembre 2021, qui se présente comme le premier système financier décentralisé halal dans le monde. Le président de Marhaba De-Fi, basé à Dubaï, Khalid Hawladar, a déclaré au Middle East Eye, que la société était très demandée par des investisseurs musulmans de la génération Z (nés entre 1990 et 2010) pour ses produits halals : « Cette nouvelle génération est socialement consciente et réfléchie, et ce que nous voyons, ce sont des jeunes musulmans qui expriment leur morale à travers leur religion. La mission de Marhaba va au-delà de la présentation d'un service halal. La société travaille dans le monde de la finance traditionnelle depuis plus de deux décennies et a été témoin de la crise financière de 2008, qui nous a rappelé les risques de la monnaie fiduciaire et des taux d'intérêt. L'utilisation des actifs pour créer une nouvelle valeur et un rendement, est une des choses les plus permises qui ait jamais existé, et nous aimerions mettre cette option à la disposition des utilisateurs. La finance islamique repose fortement sur le partage des bénéfices. Notre société possède son propre portefeuille de crypto-monnaie halal appelé « Sahal Wallet » et son propre jeton. Dans l'avenir, Marhaba a l'intention d'offrir des retraits en espèces et de donner aux investisseurs un moyen légal de prêter leurs pièces aux bourses. Marhaba travaille également sur des jetons physiques basés sur l'or. La finance islamique est une industrie de 3 000 milliards de dollars, si nous pouvions obtenir 1 % de ce marché, nous aurons 30 milliards de dollars à notre disposition ».
Une autre entreprise active dans cette industrie, est « Fasset » qui a récemment terminé un test d'environnement logiciel à Bahreïn, et fait un grand pas dans le monde des crypto-monnaies. La société a reçu une licence pour établir un échange de devises numériques en Indonésie, et est aux premiers stades dans l'offre de prêts en devises numériques P2P (pair-à-pair) au Pakistan.
Daniel Ahmed qui a cofondé la société après avoir travaillé comme consultant auprès du bureau du Premier ministre des Émirats arabes unis, a déclaré : « La cryptomonnaie est un produit vraiment conçu pour les marchés émergents dans le monde islamique. La monnaie numérique et la finance décentralisée offrent des solutions uniques dans les pays où le risque politique est élevé et où les gouvernements dévaluent l'argent. En Turquie, l'année dernière, les gens ont afflué vers les actifs numériques car la livre s'effondrait. L'utilisation de Bitcoin a augmenté de près de 600 % d'avril 2020 à 2021, et les transactions en monnaie numérique ont quadruplé. Le potentiel de la Cryptomonnaie pour aider à résoudre des problèmes tels que le nombre élevé de personnes sans accès bancaire dans les pays en développement, et l'accès accru aux services financiers, a conduit de nombreuses personnes à surmonter leurs doutes sur sa conformité avec la charia. Nous prenons les questions religieuses au sérieux lors de la fabrication de nos produits. Les actifs numériques en eux-mêmes, ne sont ni conformes ni contraires à la loi islamique, mais doivent être examinés au cas par cas. Changer l'opinion des gens sur les marchés islamiques vers les monnaies numériques reste un défi majeur pour l'industrie ».
Mark Zubov, fondateur de la startup « Umma Finance » basée à Dubaï, qui cherche à mettre en relation les investisseurs de cryptomonnaies Halals, a déclaré : « Les principaux concurrents ne sont pas les plateformes d'investissement mais l'argent « sous le matelas ». Nous faisons des efforts pour éduquer les gens sur les options d'investissements dans les entreprises des marchés émergents ».
Au fur et à mesure que ces nouvelles entreprises commencent à émerger, davantage de dissensions pourraient apparaître. La valeur des crypto-monnaies a fortement chuté ces dernières semaines. Le bitcoin a chuté d'environ 50 % depuis qu'il a atteint son point culminant, et près de 1 trillion de dollars de devises numériques ont été perdus depuis l'année dernière.
Salman Massoud, gestionnaire du fonds de capital-risque « Australian Gulf Capital » axé sur le financement islamique, qu'il a investi dans Marhaba, n'est pas contrarié par la présence de cryptomonnaies sur le marché, et affirme que ses investissements sont à long terme et que son entreprise est activement à la recherche de nouveaux projets : « Nous voyons des opportunités incroyables pour les startups qui à la fois servent les musulmans en Occident, avec des options halals, et apportent cette technologie aux pays en développement. Australian Gulf Capital a récemment ouvert un bureau à Abu Dhabi, et les Émirats arabes unis nous apportent un soutien précieux. Les Émirats arabes unis sont en concurrence pour devenir un pôle industriel. « Bainance » (Cryptomonnaie Online Echange) a ouvert un magasin à Dubaï cette année, et en avril, Abu Dhabi a autorisé « Cracken » (société de services financiers américaine) à gérer une bourse d'actifs virtuels. De nombreux pays du Moyen-Orient soutiennent cette industrie et cela aidera assurément le monde islamique ».
Une entreprise qui se trouve à Dubai ou Bahreïn sert les intérêts de la dictature locale donc Haram