L’école de récitation coranique irakienne est restée isolée dans le monde islamique
L’attention au Coran et aux sciences coraniques a commencé au début de l’islam en Irak, et a atteint son apogée à l’époque abbasside où Bagdad est devenue une référence pour les érudits musulmans de tous les pays islamiques.
Durant cette période, l'Irak a vu l'émergence d'écoles coraniques, dont l'école de récitation de Mossoul et surtout l'école de Bagdad, chacune ayant ses caractéristiques selon son environnement géographique et social.
Dans son récit de voyage, Ibn Jubeir, un voyageur célèbre, a décrit les compétences des lecteurs coraniques de Bagdad dans les cercles de récitation du Coran qui selon lui, avaient près de vingt récitants.
Les récitants de Bagdad étaient les maitres dans l'utilisation de différents modèles de récitation. Pour parler de l’école de Bagdad à l’époque contemporaine, il faut commencer par la figure marquante de cette école, Cheikh Hafez Khalil Ismail, célèbre pour son habileté à utiliser les différents modèles de récitation, de telle manière qu'on dit qu'il récitait même dans le Maqam Zanjran considéré comme l'une des méthodes de lecture les plus difficiles en Irak.
Cheikh Hafez Ismail est né en 1920 à Bagdad, il a étudié la jurisprudence et le commentaire coranique, ainsi que la mémorisation du Coran. En 1941, sa récitation fut diffusée à la radio irakienne. Cheikh Hafez Khalil a été décrit comme le fondateur de l'école contemporaine de récitation en Irak. Cheikh Hafez Khalil devint célèbre en Irak et dans d'autres pays islamiques, grâce à ses lectures du Coran à Masjid al-Haram, Masjid al-Aqsa et dans d'autres mosquées célèbres du monde islamique. Parmi ses contemporains, on peut citer le cheikh Hafez Haider al-Jawadi de Mossoul, considéré comme l'un des plus grands spécialistes du Tajweed en Irak. Parmi les lecteurs irakiens les plus importants des générations ultérieures, on peut citer Walid al-Dimi, Faras al-Taee, Amer al-Kazemi et Ala al-Din al-Qubaisi.
Dans les années 90, de jeunes récitants éminents ont émergé dans l'école de récitation irakienne, dotés de nombreuses compétences et connaissances dans le domaine du tajwid et des différents makams. Parmi les plus importants, on peut citer Mohammad Al-Azzawi, Shirzad Abdurrahman et Nemat Hassan.
Cependant, la nouvelle école irakienne de récitation n'a pas été bien accueillie dans les autres pays et n’a pas dépassé les frontières de ce pays.
Selon certains experts, l'un des facteurs les plus importants de cet isolement est la difficulté du chant irakien, difficile à imiter pour des lecteurs non irakiens alors que les récitants irakiens peuvent facilement imiter les méthodes de récitation d’autres écoles.
Cependant, il ne faut pas oublier que l'école de récitation irakienne est un héritage précieux qui n'appartient pas seulement à l'Irak, mais doit être décrite comme un héritage islamique qui a créé une riche tradition de récitation du Coran.
