Jean Delaunay est le fondateur et le directeur de la publication de L'Observatoire de l'Europe : https://www.observatoiredeleurope.com. Son parcours a été centré sur les sciences politiques, et il a obtenu un doctorat dans ce domaine. Passionné par les enjeux relatifs à l'Union Européenne, il a créé ce forum pour partager sa passion et encourager un débat éclairé et constructif sur le sujet. Avant de se consacrer pleinement à ce projet, il a eu une carrière distinguée en tant que chercheur et professeur en Sciences Politiques dans plusieurs universités réputées, où il a publié de nombreux articles et ouvrages sur les institutions européennes et la politique de l'UE. Sa connaissance approfondie et son approche équilibrée font de lui une voix respectée dans le domaine des études européennes. Nous lui avons demandé de répondre à nos questions sur les récentes élections au parlement européen et l’avenir de l’Europe après le renforcement de la position de l’Extrême droite en Europe.
IQNA-Pourquoi parle-t-on du renforcement de l’extrême droite en Europe après les législatives européennes ?
Jean Delaunay : L'extrême droite en Europe bénéficie d’une montée significative de son électorat en raison de plusieurs facteurs. Il y a une crise de confiance croissante envers les partis traditionnels, exacerbée par des questions économiques et sociales non résolues, ainsi que la perception d'une gestion inefficace des crises migratoires. La rhétorique nationaliste et anti-immigration de l'extrême droite résonne avec une partie de l'électorat qui se sent laissée pour compte par la mondialisation et les politiques européennes actuelles. Ces partis parviennent à capitaliser sur les craintes concernant la sécurité, l’emploi et l’identité culturelle.
Pourquoi le président Macron a-t-il dissous le parlement français ?
La dissolution du parlement par le président Macron pourrait être motivée par plusieurs raisons stratégiques. Elle peut être vue comme une réponse à une crise politique majeure, un moyen d’éviter le blocage parlementaire ou de tenter de renforcer la majorité présidentielle via de nouvelles élections. Dans un contexte où le gouvernement pourrait se trouver en difficulté pour faire passer ses réformes clés ou en proie à un mouvement d’opposition marquant, une telle démarche permettrait de restaurer l’autorité du président et de reconfigurer le paysage politique en sa faveur.
Les partis comme le Rassemblement National (RN) auront-ils plus de chances à siéger dans le futur parlement français ?
Oui, il y a une possibilité accrue pour des partis comme le Rassemblement National de gagner plus de sièges. La fragmentation du paysage politique français, marquée par l’érosion de la discothèque traditionnelle et la montée de nouvelles formations politiques, pourrait créer un contexte favorable pour le RN. De plus, leur capacité à jouer sur le mécontentement populaire et à présenter des alternatives claires aux politiques gouvernementales actuelles leur donne une chance significative de renforcer leur présence parlementaire.
Comment ces élections européennes vont-elles changer l’avenir de l’Europe ? Pensez-vous qu’elles vont affecter l’avenir des migrants et surtout des musulmans en Europe ?
Les élections européennes qui montrent un renforcement de l'extrême droite pourraient avoir plusieurs impacts sur l'avenir de l'Europe. Elles risquent de compliquer les avancées vers une plus grande intégration européenne et de renforcer les clivages au sein de l'Union. En ce qui concerne les migrants et les musulmans, un parlement européen plus incliné vers l’extrême droite pourrait adopter des politiques plus restrictives en matière d'immigration et de droits des minorités. On peut anticiper des législations visant à limiter l'accueil des migrants et à renforcer les contrôles aux frontières, ce qui impacterait directement la vie quotidienne des communautés musulmanes et migrantes en Europe.
Les cadres musulmans quittent la France en raison d'une islamophobie croissante. Pensez-vous que l’arrivée au pouvoir des partis de droite va renforcer ce mouvement de départ ?
L'arrivée au pouvoir des partis de droite, surtout ceux qui ont une rhétorique et des politiques perçues comme islamophobes, pourrait effectivement accentuer le départ des cadres musulmans. Si ces partis mettent en œuvre des mesures discriminatoires ou créent un climat de suspicion à l'égard de la communauté musulmane, cela pourrait encourager ces derniers à chercher des environnements plus accueillants. Le sentiment d’exclusion et les expériences de discrimination peuvent motiver ces départs non seulement à cause des primes économiques, mais aussi pour une recherche de sécurité et de meilleures perspectives d'avenir pour eux et leurs familles.
Par Parvaneh Javan