Lors d'une joyeuse cérémonie dans le village de Tamsoult dans la province de Taroudant, au Maroc, Sana et Salvi, deux mémorisatrices du Coran, ont été récompensées pour leur réussite dans la mémorisation du Coran.
Salvi et Sana qui ont fini de mémoriser le Coran cette année, ont été choisies parmi les élèves du Dar al-Faqihah, une ancienne école pour filles, et récompensées lors d'une cérémonie traditionnelle.
Salvi (14 ans) a déclaré à Al Jazeera que ce qu'elle a réalisé était dû aux efforts de ses professeurs et au dévouement de ses parents, à qui elle a remis son prix qui est un voyage à La Mecque pour l’Umra.
Sara (15 ans) a exprimé le même sentiment de gratitude avec une voix pleine d'enthousiasme, et a ajouté que la mémorisation du Coran était une fierté pour une jeune fille marocaine, et que son sentiment de bonheur était indescriptible.
L'école Al-Faqihah donne une nouvelle vie aux filles qui ont perdu tout espoir de poursuivre leurs études en raison de l'éloignement des écoles publiques.
Cette école fait partie des centaines d'écoles traditionnelles actives partout au Maroc, qui accomplissent leur mission scientifique et spirituelle.
Nasser Ayat Bunser, le directeur de l'école, a déclaré que ce village possédait aussi une école pour les garçons, appelée Tamsoult, que son père a fondée en 1976, et que l'école Al-Faqihah, qu'il a personnellement fondée en 2020, est une école indépendante qui ne se limite pas à la mémorisation du Coran et à l'enseignement des sciences religieuses, mais forme également les élèves à la cuisine, à la couture, au sport et aux langues étrangères, pour les préparer à entrer dans la vie familiale et sociale.
Après 5 ans, Salvi et Sana espèrent poursuivre leur parcours scolaire pour entrer à l'université et obtenir une licence, un master et un doctorat.
L'école de Sara s'appuie sur une méthode particulière de mémorisation du Coran, qui a permis aux élèves de prendre les premières places dans les compétitions nationales et internationales.
Ebrahim Al-Fatemi, le professeur coranique de cette école, a déclaré que les élèves mémorisent le Coran selon la méthode « Taghudin », qui consiste à lire les versets gravés sur une tablette, en bougeant le corps d'avant en arrière, en position assise, pour consolider ce qui a été confié à l'esprit.
Après le petit-déjeuner, les élèves procèdent à des révisions en groupe. Après la prière de midi, le temps est consacré à la mémorisation de textes religieux (Ibn Asher, Al-Jarimiyya, Al-Barda, Al-Hamziyya, Tuhfa al-Elitat...), puis les tablettes sont à nouveau révisées après la prière du soir. La séance du soir est réservée aux cours de révision, de grammaire et de tajwid.
Abdur Rahim Mofikir, chercheur islamique marocain, estime que le programme des anciennes écoles montre une adhésion, profonde et historique, aux fondements et aux enseignements religieux, ainsi qu'à l'enseignement scientifique moderne.
Mahdi bin Mohammed Al-Sa’idi, professeur d'université marocain, a expliqué que la création de ces anciennes écoles a coïncidé avec l'arrivée de l'islam et sa propagation au Maroc.
Le chercheur islamique, Mounir Aqsabi, a déclaré que les premières écoles marocaines dans la ville de Fès, dont l'école Al-Sabarin mentionnée dans les sources historiques, avaient été créées sous la dynastie des Almoravides, ainsi qu’un grand nombre de mosquées, et qu'à la fin du XIIe siècle, les Almohades fondèrent une autre école à Ceuta.
A l’époque des Marinides, des écoles, grandes et célèbres, furent construites à Fès, Meknès, Sela, Tanger, Ceuta, Aghmat, Marrakech, Taze et Tlemcen, et leur nombre atteignit 35 écoles, dont 10 dans la capitale.
Al-Aqsabi ajoute : « L'école Sharatin, fondée par Mola Al-Rashid en 1666, est la plus grande école du Maroc avec 126 salles. Ces écoles historiques ont été créées dans le but de faire revivre et de renforcer l'école malékite, d’assurer le respect à ses savants et à ses dirigeants, d'enseigner les sciences islamiques et les sciences exactes, d'accueillir des étudiants étrangers et de former des juges, des prédicateurs et des notaires.
Les sciences coraniques, la récitation, les hadiths, la jurisprudence et la charia islamique avaient une place privilégiée dans ces écoles, ainsi que l'enseignement de la grammaire, de la syntaxe et de la rhétorique.
La place importante de l'école dans l'éducation religieuse du peuple marocain.
Les anciennes écoles ont contribué à consolider la religiosité au Maroc, ont nourri l'élite scientifique et ont grandement contribué à l'augmentation des connaissances générales du peuple sur la religion et la langue arabe. 68% de tous les mémorisateurs du Coran au Maroc, sont issus de villages et de zones rurales, ce qui montre le rôle important de ces communautés dans la diffusion de la culture islamique et l'enseignement du Coran.
Le nombre de ces centres a dépassé les 30000, ce qui montre la supériorité significative de ce pays dans ce domaine, par rapport aux autres pays islamiques africains. L'une des régions les plus connues du Maroc dans le domaine de la mémorisation du Coran, est la région de Tamsoult, située à environ 50 kilomètres de Taroudant.
Le premier rang mondial du Maroc en termes de nombre de mémorisateurs du Coran, témoigne de l'esprit religieux du peuple marocain, de son adhésion aux enseignements de l'Islam et de son intérêt pour l'éducation religieuse.