Les mois de janvier et février ont été témoins d’incidents qui ont montré l’escalade des tensions communautaires. Dans l'Uttar Pradesh, des affrontements autour de l'appel à la prière près d'une mosquée historique, ont donné lieu à plusieurs arrestations, tandis qu'au Karnataka et au Gujarat, des musulmans ont été agressés physiquement et soumis à des sanctions économiques. À Telangana, des groupes de droite ont tenté de construire un temple sur des terres musulmanes et ont organisé des manifestations près des mosquées, provoquant des affrontements. D’autres rapports faisant état de destructions de lieux musulmans au moyen de bulldozers, ont montré la vulnérabilité de la communauté musulmane.
Ce schéma de violence contre les musulmans s'est poursuivi en février, avec des incidents à Mumbai, Indore et Rajasthan. À Mumbai, une famille musulmane a été assaillie et forcée de scander des slogans religieux hindous. À Indore, un jeune musulman a été attaqué pour avoir prétendument courtisé une femme hindoue, tandis qu'au Rajasthan, 12 maisons appartenant à des musulmans, ont été démolies. La violence s'est également étendue à d'autres régions, le Mahārāshtra étant témoin d'une intensification des conflits. Le suicide tragique d'un étudiant musulman de 15 ans à Akola, apparemment dû à des abus de la part des autorités scolaires, a ajouté au sentiment d'insécurité croissant au sein de la communauté musulmane.
En mars, les fêtes des couleurs ont tourné à la violence dans plusieurs districts, avec des slogans contre les musulmans. Dans le Mahārāshtra, des slogans religieux hindous ont été écrits sur le mur d'une mosquée, tandis qu'à Bijnor, dans l'Uttar Pradesh, une famille musulmane a été victime de harcèlement.
Ces tensions ont été exacerbées par la rhétorique incendiaire des dirigeants politiques du BJP, du Premier ministre Narendra Modi et du ministre de l'Intérieur, Amit Shah.
En avril, les discours des dirigeants politiques ont accentué les divisions communautaires. Plusieurs dirigeants du BJP ont qualifié les musulmans d’étrangers, tandis que d’autres se sont engagés à retirer les installations destinées à la communauté musulmane. Ces déclarations ont provoqué des tensions, des protestations et des troubles publics. Les violences se sont poursuivies en mai, lorsqu'un commerçant de bétail musulman a été attaqué dans le Karnataka, et qu'un journaliste pris pour un musulman, a été battu lors d'un rassemblement électoral. La profanation d’un sanctuaire islamique à Ahmedabad et la diffusion continue de discours de haine sur les réseaux sociaux, notamment lors des campagnes électorales, ont alimenté le feu de la violence.
Juin a été un mois très violent. Deux musulmans ont été tués dans le Chhattisgarh pour avoir prétendument transporté du bétail, tandis qu'à Aligarh, un jeune musulman a été battu pour avoir exprimé son intérêt pour une femme hindoue. Ces incidents ont révélé les profondes divisions entre les communautés, auxquelles les autorités locales ont souvent répondu par l'inaction ou la complicité
La violence contre les musulmans s'est intensifiée de juin à septembre, avec de multiples incidents attirant l'attention nationale. En juillet, un jeune musulman a été tué au Rajasthan par une foule l'accusant d'avoir abattu des vaches. Cette attaque a provoqué de nombreuses protestations. De nombreux critiques estiment que la violence a été encouragée par l'incapacité du gouvernement à contrôler la montée de l'extrémisme hindou. En août, dans le Mahārāshtra, plusieurs musulmans ont été agressés lors d'une procession religieuse.
Des incidents similaires se sont poursuivis en septembre, et des musulmans ont été attaqués dans le Madhya Pradesh et l'Haryana. Dans les deux États, les responsables ont été accusés de ne pas avoir protégé les victimes et dans certains cas, de se ranger du côté des criminels. Le rôle des médias sociaux dans l’alimentation de ces attaques, a également été mis en évidence, avec la diffusion de discours de haine et de contenus incendiaires qui alimentent la violence et l’anti-islamisme.
Les chrétiens et les Dalits ont également été la cible de violences au cours de cette période, même si les violences à leur encontre n'ont pas attiré beaucoup d'attention médiatique. Au total, 161 incidents de violence contre des chrétiens ont été enregistrés, notamment des attaques contre des églises et des réunions de prière.
Alors que l’Inde entre en 2025, la coexistence de ses sociétés reste une question profondément controversée. Alors que les minorités continuent d’être confrontées à la violence, aux discriminations et à la marginalisation, la question de savoir comment combler le vaste fossé communautaire reste un défi crucial pour la population de ce pays.
L’escalade de la violence et l’insécurité croissante ressentie par les communautés minoritaires, sont un avertissement. Le rétablissement de la paix et la protection des droits fondamentaux nécessitent une action urgente.