
Né en 1933 à Lubliniec, en Pologne, il obtient son doctorat à l’Université de Téhéran en 1968 avec une thèse sur l’histoire littéraire de la taʿziyeh, un art dramatique religieux chiite.
Professeur à l’Université de New York, il fut l’un des premiers non-Iraniens à étudier et promouvoir la taʿziyeh à l’échelle internationale. I
l organisa en 1976 à l’université de Chiraz la première conférence sur le sujet, dont les actes furent publiés dans l’ouvrage Taʿziyeh: Ritual and Drama in Iran. Il mena également des recherches sur les rituels chiites à Trinidad et Tobago, témoignant de la diversité mondiale de l’islam.
Par son enseignement, ses écrits et ses interventions publiques, Chelkowski œuvra pour une meilleure compréhension de l’islam dans le monde occidental. Ses travaux visaient à déconstruire les stéréotypes et à montrer l’islam non pas comme une menace, mais comme une civilisation riche, complexe et profondément humaine.
Un parcours unique entre la Pologne, l’Iran et l’islam
Né dans une famille catholique en Pologne durant la Seconde Guerre mondiale, Peter Chelkowski se forma à l’orientalisme à l’université Jagellonne et au théâtre à Cracovie.
Après un passage à Londres, où il étudia à la SOAS sous la direction de Bernard Lewis, il s’installa en Iran. En 1968, il devint le premier Polonais à obtenir un doctorat en langue et littérature persanes à l’université de Téhéran.
Durant ses années en Iran, il collabora avec l’organisation humanitaire CARE Mission et parcourut plus de 70 000 km à travers le pays, contribuant à la construction d’écoles et de bains publics dans les villages.
Le prix Golden Dozen Award
C’est au cours de ces voyages qu’il découvrit la Taʿziyeh, théâtre rituel chiite, qui allait marquer durablement son parcours intellectuel. Ce lien entre art dramatique et spiritualité chiite devint le cœur de ses recherches et l’expression de sa profonde passion pour la culture islamique.
Professeur charismatique et pédagogue engagé, Peter Chelkowski captivait ses étudiants américains par son approche humaniste et vivante de l’islam et de la culture iranienne. Pour son excellence dans l’enseignement, il reçut à deux reprises le Golden Dozen Award de l’université de New York.
Auteur ou éditeur de douze livres et de centaines d’articles, il publia dans des revues prestigieuses comme Encyclopaedia Iranica ou TDR. Son ouvrage Le Miroir du monde invisible (1975), inspiré du Khamsa de Nezâmi et publié par le Metropolitan Museum, reçut le premier prix de l’Association des éditeurs universitaires américains.
Chelkowski participa également à 46 épisodes de l’émission Sunrise Semester sur CBS, devenant une figure médiatique populaire. Dans les années 1990, il réalisa un documentaire sur la Taʿziyeh à Trinidad avec le Smithsonian Institution, soulignant ainsi la portée mondiale des traditions chiites.
Ambassadeur de la Taʿziyeh sur la scène mondiale
Peter Chelkowski joua un rôle essentiel dans la reconnaissance internationale de la taʿziyeh, théâtre rituel chiite.
De la mer Caspienne à Trinidad, il collabora avec des figures majeures du théâtre mondial comme Jerzy Grotowski, Eugenio Barba, Peter Brook et Richard Schechner.
En 2002, avec Mohammad Ghaffari, il présenta la taʿziyeh au Lincoln Center de New York, où la représentation fut chaleureusement accueillie. Son engagement était sincère, culturel, et libre de toute visée politique.
Une œuvre majeure sur Nezâmi récompensée aux États-Unis
Parmi les ouvrages marquants de Peter Chelkowski, Le Miroir du monde invisible : Contes du Khamsa de Nezâmi fut couronné en 1975 comme meilleur livre publié par une maison d’édition universitaire et muséale américaine.
Son livre sur la Taʿziyeh, théâtre rituel iranien, fut aussi finaliste d’un prix en études théâtrales. Il dirigea également Iran : Dynamique et transformation (1971) et publia l’article important Du théâtre religieux au théâtre national. Son héritage se poursuit à travers sa famille.