Surveillance des étudiants pro-palestiniens dans les universités américaines par l'intelligence artificielle

1:39 - November 27, 2025
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IQNA-La presse américaine a révélé une série de pratiques de surveillance préoccupantes menées par plusieurs universités aux Etats-Unis à l’encontre d’étudiants soutenant la cause palestinienne.

Selon un rapport détaillé publié par The Intercept, préparé par la journaliste Thea Chater, certaines institutions ont eu recours à des entreprises spécialisées et à des technologies de collecte de données pour observer, analyser et transmettre les activités numériques de ces étudiants.

À l’Université de Houston, les tensions étaient déjà vives avant même l’installation des campements étudiants. Les étudiants ignoraient alors que l’administration avait signé un contrat avec Dataminer, une société de renseignement artificiel connue pour ses antécédents controversés en matière de droits civiques.

Par son outil First Alert, l’entreprise rassemblait des publications, conversations et activités diffusées sur les réseaux sociaux, avant de transmettre ces informations directement aux responsables universitaires et, parfois, à la police du campus.

Les documents obtenus par The Intercept, soit plus de 20 000 pages datées d’avril et de mai 2024, dessinent un schéma systématique de collaboration entre universités publiques et partenaires privés afin de surveiller les mobilisations étudiantes.

D’autres établissements, notamment en Californie, dans l’Ohio ou en Caroline du Sud, ont utilisé soit des fonds d’urgence destinés aux catastrophes, soit des centres d’intégration du renseignement pour suivre les manifestations pro-palestiniennes.

Plusieurs experts interrogés dénoncent une atteinte directe à la liberté académique. Rory Mayer, du Electronic Frontier Foundation, estime que ces systèmes de surveillance brisent la confiance au sein des campus et transforment les universités, censées être des espaces ouverts au débat, en lieux de contrôle et de suspicion.

Emily Tucker, directrice du Centre pour la vie privée et la technologie à la faculté de droit de Georgetown, y voit une manifestation inquiétante de la marchandisation croissante de l’enseignement supérieur.

Face à ces pratiques, certains étudiants affirment avoir renforcé leur sécurité numérique, privilégié des téléphones jetables ou réduit leurs échanges sur les réseaux. D’autres, comme Kirk Wolf de l’Université de Virginie, disent craindre que leurs communications privées soient consultées, ce qui a freiné la participation aux mobilisations.

L’ensemble de ces révélations indique une évolution préoccupante : la privatisation des moyens de surveillance et leur utilisation croissante contre des mouvements étudiants pacifiques. Ces mesures, amorcées sous l’administration Biden et renforcées à l’arrivée de Donald Trump, servent désormais de base à des enquêtes officielles, pouvant mener à des sanctions ou à des pressions administratives sur étudiants et personnels.

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