L’initiative d’une chercheuse danoise pour lutter contre l’islamophobie par une traduction rigoureuse du Coran

20:20 - December 16, 2025
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IQNA-Dans un contexte marqué au Danemark par des débats tendus autour de l’islam et par la montée de l’islamophobie, la traduction du Coran en langue danoise par une universitaire non musulmane a suscité un large écho.

Selon Al Jazeera, Elin Wolf, orientaliste danoise titulaire d’un doctorat en langue arabe, a consacré plusieurs années de travail à la traduction du Coran avec l’objectif explicite de présenter l’islam de manière fidèle et compréhensible au public danois.

Publiée dans un format académique soigné, cette traduction se veut un outil de connaissance et de dialogue, mais elle a également donné lieu à des débats et à des critiques au sein de la communauté musulmane du pays.

 

Une traduction académique au service de la connaissance de l’islam

La traduction du Coran réalisée par Elin Wolf a été publiée en langue danoise dans un volume de 544 pages, rédigé dans un langage universitaire précis et rigoureux. La traductrice explique avoir consacré plus de trois années à ce travail exigeant, qu’elle qualifie elle-même de difficile et éprouvant. Selon elle, l’objectif principal de cette publication est de permettre aux Danois de mieux connaître l’islam et de corriger les malentendus, les fausses informations et les accusations qui ont contribué à ternir l’image de cette religion dans la société danoise.

Elin Wolf considère également son initiative comme une réponse intellectuelle et culturelle aux discours portés par les partis d’extrême droite de son pays. Elle estime qu’un accès direct au texte coranique, dans une langue claire et maîtrisée, peut favoriser une approche plus juste et plus apaisée de l’islam. Contrairement à de nombreuses traductions publiées dans d’autres pays, son travail ne juxtapose pas le texte arabe et le texte traduit. Ce choix repose sur la conviction que la lecture dans une seule langue permet au lecteur de se concentrer pleinement sur le sens, sans être distrait ou désorienté par la confrontation de deux systèmes linguistiques différents.

Malgré une volonté affichée d’utiliser une langue accessible, la traduction d’Elin Wolf se distingue par sa qualité littéraire et sa force d’expression. Toutefois, certains choix ont suscité des réserves, notamment l’absence de références aux causes de la révélation des versets, jugées essentielles par de nombreux spécialistes pour une compréhension approfondie du message coranique. De plus, le terme « Allah » n’est pas employé dans le corps du texte, remplacé par le mot « God », alors même que certaines expressions arabes figurent sur la couverture de l’ouvrage.

ترجمه قرآن کریم به زبان دانمارکی توسط یک بانوی غیرمسلمان

Réactions et critiques au sein de la communauté musulmane danoise

La publication de cette traduction a été accueillie avec un certain soulagement par l’importante minorité musulmane vivant au Danemark, tout en suscitant des débats. Abdelwahid Pedersen, imam d’origine danoise, a souligné que ce travail ouvre la voie à une meilleure compréhension du Coran pour le grand public danois et contribue à nourrir une réflexion collective sur les enseignements de l’islam. Il a également noté l’utilité de cette traduction pour les jeunes générations de musulmans danois, souvent confrontées à des difficultés dans la lecture et la compréhension du texte arabe.

Cependant, Pedersen a exprimé des réserves quant à la valeur religieuse de cette traduction, estimant que le fait qu’elle ait été réalisée par une personne non musulmane en limite la portée spirituelle. Selon lui, l’absence de références à la tradition prophétique et à l’exégèse coranique rend difficile son adoption comme source officielle et complète.

Ce point de vue est partagé par Jihad Al-Farra, président du Centre islamique du Danemark, qui considère que l’absence de traductions réalisées par des musulmans disposant des compétences scientifiques et des moyens financiers nécessaires constitue une lacune à combler. Il exprime néanmoins l’espoir que de tels projets se multiplient et gagnent en maturité, afin de devenir des références fiables pour les musulmans du pays.

Al-Farra souligne aussi que le caractère académique, non partisan et dénué de préjugés de la traduction d’Elin Wolf peut favoriser son acceptation par le public danois. Selon lui, une traduction des sens du Coran, sans entrer dans l’interprétation, peut représenter un outil utile pour les personnes abordant l’islam avec équité. Cette initiative s’inscrit enfin dans l’histoire des traductions coraniques au Danemark, la première datant de 1967, et marque une étape importante dans la diffusion du texte sacré dans ce pays.

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