Algérie (IQNA) - L'islam et l'occident: Jacques Derrida rencontre Mustapha Chérif aux éditions Barsakh

13:21 - December 13, 2006
Code de l'info: 1513916
Ce colloque avait pour ambition mesurée de contribuer à plus de rapprochement et à moins d'abîmes.
«Le débat, la discussion, le dialogue sont plus que jamais vitaux»


«Raconter ma rencontre et mon entretien avec un philosophe majeur de notre temps, voilà un devoir d'amitié. C'est le résultat d'une conviction : l'amitié, le respect de l'autre, l'écoute sont le gage d'une saisie de ce qui demande à être compris», souligne Mustapha Chérif, en introduction à son ouvrage intitulé L'islam et l'occident, rencontre avec Jacques Derrida, récemment édité aux éditions Barzakh.
Plus qu'un essai philosophique, ou le récit d'une rencontre entre deux penseurs, l'un de l'Orient et l'autre de l'Occident, l'ouvrage se veut avant tout un «témoignage que le débat, la discussion, le dialogue sont plus que jamais vitaux». Ainsi, dans une actualité brûlante où l'Occident et l'Orient se heurtent dans un dialogue de sourds et où l'intolérance règne en maîtresse absolue, Mustapha Chérif apporte la preuve que le débat, l'échange d'idées et de concepts entre humains sont possibles dans la tour de Babel qu'est devenue le monde actuel.
Tout en soulignant que l'ignorance est la première cause de la haine, Mustapha Chérif éclaire les lecteurs au fils des pages sur le non fondement de préjugés spirituel et intellectuel qui sont galvaudés autant en Occident qu'en Orient. Par ailleurs, il rend également un hommage à Jaques Derrida, un des plus grands philosophes du XX ème siècle enfanté par l'Algérie et auteur, entre autres, de l'Ecriture et la différence.
Ce colloque avait pour ambition mesurée de contribuer à plus de rapprochement et à moins d'abîmes».
Dans le chapitre intitulé «Le vécu», le souvenir comme Algérien, Mohamed Chérif questionne Derrida sur l'impact de son origine algérienne, imprégnée de culture algérienne, sur son engagement et sa vocation philosophique. Derrida avait alors répondu que «l'héritage que j'ai reçu de l'Algérie est quelque chose qui a probablement inspiré mon travail philosophique».
Ainsi, il explique que tout le travail qu'il avait poursuivi, à l'égard de la pensée philosophique européenne, occidentale, n'aurait certainement pas été possible, si, dans son histoire personnelle-il n'avait été une sorte d'enfant de la marge de l'Europe, un enfant de la Méditerranée, qui n'était ni simplement français, ni simplement africain et qui a passé son temps à voyager d'une culture à une autre et à nourrir les questions qu'il se posait à partir de cette instabilité, qui, comme il le dit si bien, «a marqué le tremblement de terre de ma vie».
Pour conclure, cette prière de l'auteur «que la roue du temps ne s'enferme pas sur nous, que la roue de la "mondialité" ne broie pas nos différences, que l'oubli de ce qui est requis de nous soit éloigné. Cela se passe par la conscience commune que la différence est indispensable à notre vie».
Source: La Tribune
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