Dr Abdul Halim Ismael: La notion de bienfaisance en finance islamique

9:28 - December 20, 2014
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Dubaї(IQNA)-Dans le cadre du 10ème forum économique islamique mondial (WEIF), qui s’est tenu il y a quelques semaines à Dubai, sous l’égide de l’émir Mohamed Ben Rachid Al Maktoum, a été primé un concept innovant de bienfaisance. Le lauréat, Dato Abdul Halim Ben Ismael originaire de Malaisie, est docteur en économie et philosophie diplômé de l’Université d’Oxford.

L’attribution du « Royal Award for islamic finance » vient récompenser ses travaux et ses recherches sur la création d’un système bancaire global dédié à la gestion de la bienfaisance: l’ensemble des donations (plus communément appelées Sadaqah). Il souhaite que l’expertise des établissements bancaires et financiers soit mise à profit pour aider à gérer de manière plus efficace et dans son ensemble la collecte et la répartition des dons des fidèles.

Pour ce faire, il exhorte les pays musulmans à se doter d’institutions bancaires spécifiques qu’il nomme « Maison de la Sadaqah ». Sous le contrôle avisé des banques centrales nationales, elles auraient pour mission de veiller à la centralisation des fonds et d’organiser la juste redistribution aux pauvres et nécessiteux.
le Dr Ismael précise, le prélèvement de la Zakat doit être une prérogative régalienne des états islamiques, comme c’est la pratique dans son pays de naissance. Selon l’économiste, il est préférable que ce service soit public et que ce fonctionnement soit la norme dans le monde musulman.

C’est une approche innovante et systémique que propose Abdul Halim, au lieu de palier aux insuffisances et à l’iniquité d’un système bancaire classique à la dérive, il entrevoit un outil basé sur les règles islamiques et capable d’apporter une solution complète au service de la Oumma.
Il propose donc une redéfinition des socles bancaires et financiers, où la banque redevient un outil au service de l’intérêt général. Des canaux de collectes de fonds de l’impôt sur la richesse et des donations, des programmes d’investissement conformes au droit musulman adossés à un circuit transparent de redistribution.

Néanmoins, cette configuration implique une intégrité sans faille des services bancaires qui doivent être sous contrôle permanent des gouvernements et des autorités monétaires afin que les gestions de fonds et de patrimoines soient strictement contrôlées et dissociées. Chaque euro récolté doit contribuer à produire de la richesse de manière licite au sein de l’économie réelle.

Il fustige l’état actuel de l’économie mondiale où le système bancaire classique, gangrené par la spéculation et englué dans des crises cycliques, n’a toujours pas su tirer leçon du passé.

Plus qu’une alternative, c’est un changement de paradigme économique proposé notamment au travers du concept de bienfaisance appliqué à la finance islamique, qui replacerait la banque à sa juste place, c’est à dire un outil permettant une meilleure redistribution des richesses au sein de la société. C’est un retour au message coranique et un rappel à l’ordre pour l’être humain. L’argent n’est qu’un moyen, un levier de création de richesse et non une finalité en soi.

ajib

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