Le calendrier offre parfois de drôles de hasards. Ainsi ce week-end, marqué par le retour des beaux jours, a aussi offert deux rendez-vous placés sous le signe du religieux. Samedi, l’église Saint-Joseph a accueilli la Journée mondiale de prière des femmes. Hier, une conférence-débat était organisée à la grande mosquée sur le thème « Les beautés de l’islam ou comment expliquer l’islam à un non musulman ».
Deux événements qui n’avaient, a priori, rien à voir. Et pourtant, sur le fond, un même message s’est dégagé : la nécessité de se réinventer, de s’ouvrir à l’autre pour poser les bases d’un nouveau vivre ensemble.
Au pupitre de Saint-Joseph, Séverin Voedzo, abbé de la paroisse Saint-Jean, a joué la provocation face à la trentaine de fidèles présents. « Quand je vois notre moyenne d’âge aujourd’hui, je me dis que nous avons raté quelque chose » a-t-il lancé avant d’inviter son auditoire à « dépasser les différences d’âge, d’origine, de religion pour faire la promotion de l’homme en général. » Pour une Eglise qui voit ses bancs se vider inexorablement s’ouvrir serait une question de survie.
Se retrouver sur des valeurs communes
A la mosquée, dimanche, le temps était plutôt à l’apaisement pour « réhabiliter une image écornée », même si le rendez-vous était prévu bien avant les attentats de janvier. « Depuis que je suis arrivé, l’ouverture a toujours été mon maître-mot », explique Ali Sahab, président de l’association des musulmans du Territoire de Belfort.
« Aujourd’hui, les musulmans sont pris à partie. A raison parce que certains ont dévoyé les valeurs originelles de l’islam : amour, tolérance, miséricorde. Mais aussi à tort parce que les gens ont tendance à généraliser ces mauvais comportements à l’ensemble de la communauté. C’est pourquoi il nous faut nous ouvrir aux autres, leur expliquer ce qu’est vraiment l’islam, mais sans tomber dans les excès et sans nous poser en victimes », explique l’intervenant à la soixantaine de personnes, musulmans ou non, présentes dans la salle.
Interrogé sur les mouvements terroristes se réclamant de l’islam, l’imam de Belfort a rappelé que « les musulmans sont les premiers à souffrir de ce discours fondamentaliste qui ne colle pas à notre vision de la religion ». Avant d’appeler à « destructurer cette façon de voir l’islam promu par des gens qui s’improvisent imam et qui accaparent la parole aux noms des musulmans ».
Les questions qui ont suivi ont donné lieu à des débats animés, notamment sur le voile. Invitée à donner son point de vue, une femme de l’assistance explique « porter le voile comme un signe de soumission à Dieu, pas rapport à mon mari ». « Finalement, c’est la même chose que pour nos religieuses », explique cette Belfortaine catholique, provoquant quelques rires dans l’assemblée.
« Nous ne pouvons pas être d’accord sur tout. Mais nous pouvons sûrement nous retrouver sur la base d’un socle de valeurs communes pour définir les nouvelles règles d’un vivre ensemble », estimaient hier les responsables de la communauté musulmane belfortaine. Sur ce point, ils sont d’accord avec le prêtre de la paroisse Saint Jean-Baptiste.
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