Plutôt thé à la menthe ou café ? Pâtisserie orientale ou gâteau traditionnel ? Jesus Christ ou Mahomet ? Nul besoin de choisir, dimanche après-midi, à la salle Brossolette : les participants venaient chacun avec leur foi et leurs délicieuses spécialités pour un goûter œcuménique. « On a mis les catholiques et les musulmans sur l’affiche, mais on aurait pu mettre les autres religions et les athées », précise Youssef Zaoumi, le secrétaire des Compagnons de la paix, l’association hôte, avec la paroisse Saint-Benoît des Marais, de ce moment de partage inédit.
Rares passerelles
« On a tâtonné pour savoir comment se rencontrer, mais à un moment, il faut oser, il faut se lancer », a expliqué au micro le père Jean-Baptiste Masson, après la projection d’une vidéo sur la fraternité intereligieuse. Il ne faut pas avoir peur de nos différences. »
De fait, si les hauts responsables des cultes s’affichent volontiers ensemble, les passerelles sont plus rares dans les quartiers. La réussite de cette initiative locale, qui a attiré plus d’une cinquantaine de personnes, tant des jeunes sportifs que des dames âgées ou des filles voilées, n’en est que plus réconfortante. « On apporte notre petite pierre, même si ce n’est pas facile et qu’il reste encore beaucoup de préjugés », confient Michelle, Annie, Marguerite et Annie. En grande discussion avec Suzanne, Mourad, des Aviateurs, espère « changer les idées » : « On est tous des êtres humains, il faut se respecter. »
« Merci aux chrétiens »
Les Compagnons de la paix entendaient aussi informer sur leur futur lieu de culte, rue Mermoz. En dissipant au passage les fantasmes. « C’est un rêve de trente ans qui se réalise », a insisté Youssef Zaoumi, avant de remercier « les chrétiens pour leur solidarité et leur soutien ». Les paroissiens ont des raisons de compatir : ils s’étaient eux-mêmes mobilisés, il y a quelques années, pour sauver l’église Saint-Charles.
Alors, quand Naceur Djlelloul, le président des Compagnons, propose de faire visiter la future salle de prière, tout le monde sort en file indienne. Dans l’ancien garage, paré d’un toit neuf et de carrelages, les travaux touchent à leur fin. L’ouverture est prévue le mois prochain. « C’est dingue comme c’est petit », s’étonne Adeline à la sortie. « C’est un premier pas », sourit Youssef Zaoumi.
Nordeclair