Après les attentats contre Charlie Hebdo en janvier, le sentiment et les actes islamophobes augmentent irrémédiablement dans l'Hexagone. Fin-février, 71% des Français avaient ainsi "l'impression que l'islamophobie progresse", relevait un sondage Odoxa. Depuis que l'attaque de l'Isère occupe les unes, la communauté musulmane de Seine-Saint-Denis redoute un nouveau regain de stigmatisation.
Mohsen est inquiet. L'informaticien parisien de 35 ans, musulman pratiquant et porteur d'une fine barbe, redoute d'entendre encore et toujours les mêmes blagues qu'au mois de janvier. "Mohsen, tu vas venir avec une kalach demain ?". Ce climat de méfiance, le jeune homme l'attribue à l'amalgame trop souvent effectué entre islam et terrorisme. "À Charleston, là, on a jamais entendu que c'était un chrétien qui a tué 9 personnes dans une église. Et ce décalage, on le sent trop", fait-il remarquer.
Au-delà même de la question de l'islam, Abdelsalem Hitache, maire-adjoint chargé du vivre-ensemble en Seine-Saint-Denis, perçoit une forme de victoire du terrorisme. "Lorsqu'il arrive des attentats pareils, on me refait venir à mon état de fils d'étrangers", résume l'élu. "Finalement les gens qui commettent ces attentats nuisent aux Français d'origines étrangères et ils donnent tribune à ces racistes".
La tonalité est la même pour Siham Assagbe. Cette militante en faveur de l'accès aux droits et à l'égalité craint les effets collatéraux d'une progression trop importante de l'islamophobie. "Le risque c'est qu'on se déteste, le risque c'est qu'on ne se parle plus, le risque c'est d'augmenter les peurs, les divisions. J'espère que ça ne va pas s'empirer". Pour éviter cela, une seule voie, selon elle : tout faire pour éviter la stigmatisation.
rtl