La nouvelle Syrie face au dilemme de la normalisation avec Israël

14:51 - August 04, 2025
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IQNA-La situation actuelle en Syrie, marquée par la transition politique menée par le gouvernement d’Ahmed Al-Char’a, confronte les observateurs à une réalité complexe : celle d’une dynamique croissante de contacts entre Damas et Tel-Aviv.

Selon le politologue libanais Yahya Al-Sadeq, le véritable débat n’est plus de savoir si des négociations existent, mais bien à quel niveau elles se déroulent. Les enjeux oscillent entre une normalisation politique encouragée par les puissances occidentales, notamment les États-Unis, et un arrangement sécuritaire visant à contenir les attaques israéliennes dans le sud syrien.

Des informations sur des rencontres, tant directes qu’indirectes, ont circulé ces derniers mois, confirmées par Al-Char’a lui-même lors d’une réunion avec des représentants de Qouneitra. Il a admis des négociations indirectes par l’entremise de médiateurs internationaux, dont l’objectif déclaré serait de faire cesser les frappes israéliennes.

Des déclarations récentes de responsables israéliens et américains, comme Tsahi Hanegbi et Thomas Barrack, confirment cette dynamique, soulignant l’implication active de Tel-Aviv dans un dialogue sécuritaire avec le nouveau pouvoir syrien. Tandis que les médias arabes et occidentaux multiplient les spéculations, les contours réels d’un éventuel accord restent flous, et les conséquences pour l’avenir de la Syrie divisent déjà les analystes.

Syrie–Israël : réalités

Les récents développements dans les relations syro-israéliennes révèlent l’existence de négociations – directes ou indirectes – facilitées par des médiateurs arabes et occidentaux. Chaque partie a présenté ses demandes et visions pour l’avenir, tout en fixant ses propres lignes rouges. Damas, dirigé par le gouvernement de transition d’Ahmed Al-Char’a, semble chercher un équilibre entre survie politique, reconnaissance régionale et préservation des intérêts nationaux.
 
Trois facteurs déterminent l’issue de ces pourparlers. D’abord, l’opinion publique syrienne reste largement opposée à toute normalisation sans récupération complète du plateau du Golan, occupé depuis 1967. Une partie de la population accepte un dialogue conditionné par le retour des territoires selon le principe « la terre contre la paix ». D’autres refusent toute paix sans une solution globale du conflit israélo-arabe, incluant la création d’un État palestinien avec Jérusalem comme capitale.
 
Ensuite, la position d’Al-Char’a et de ses alliés armés est influencée par leur hostilité historique envers le régime précédent, qu’ils accusent d’avoir abandonné le Golan. Ils rejettent toute concession inférieure à celles défendues par Hafez Al-Assad dans les années 1990.
 
Enfin, le rôle des États-Unis reste décisif. Washington soutient le gouvernement d’Al-Char’a et pourrait exercer des pressions pour une paix imposée, notamment concernant le Golan, dont Trump avait reconnu l’annexion par Israël.
 
Côté israélien, deux constantes émergent : aucune négociation sur le statut du Golan et des conditions dictées par ses intérêts sécuritaires. Israël vise à transformer le sud syrien en zone tampon démilitarisée et à contenir toute présence de groupes de résistance.
 
Dans ce contexte, la perspective d’une normalisation durable reste fragile, conditionnée à des équilibres internes et régionaux en constante mutation.
 
Israël progresse sur le Golan
 
Dans un contexte de fragilité militaire, le gouvernement de transition syrien dirigé par Ahmed Al-Char’a semble privilégier un accord sécuritaire avec Israël, inspiré du modèle conclu avec la Turquie à la fin des années 1990. Ce projet vise d’abord à mettre fin aux frappes israéliennes sur le territoire syrien, notamment autour du palais présidentiel à Damas, réduisant ainsi la pression sur le régime et facilitant un redressement économique par le retour des investissements et de la diaspora.
 
Toutefois, ni Tel-Aviv ni Damas ne sont prêts à céder sur le dossier du Golan. Israël, fort de sa supériorité militaire, refuse toute discussion sur ce territoire stratégique, tandis que le régime syrien, malgré ses faiblesses, ne peut abandonner officiellement cette revendication nationale. Le sort du Golan pourrait donc être différé, comme lors de l’accord de désengagement de 1974, qui avait gelé le front pendant près de cinquante ans.
 
Enfin, l’échange sécuritaire est central : Al-Char’a voit dans cette coopération une réponse possible aux « ingérences étrangères » dans le sud syrien. Selon l’homme d’affaires américain Jonathan Bass, Al-Char’a aurait affirmé : « Nous avons des ennemis communs. Il est temps de construire une stabilité durable. »
 
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