Mussaur régional de la Banque islamique de développement (Bid) à Dakar a salué les réalisations faites par le Sénégal, ces dernières années, dans le domaine des waqf. Il prenait part, hier, dans la capitale sénégalaise, à l’ouverture d’un atelier régional de deux jours sur : « le rôle du waqf dans le développement des institutions socio-économiques en Afrique de l’Ouest et du Nord ». Il a cité parmi les réalisations du gouvernement du Sénégal, le vote par l’Assemblée nationale de la loi sur le waqf, en 2014, suivi de la mise en place de la Haute autorité du waqf (Haw) et d’un projet de waqf pour la modernisation des « daaras » (écoles coraniques). Cette Haute autorité du waqf, selon sa directrice générale, Oulimata Diop, a pour mission de « gérer les waqf publics, contrôler et superviser les autres types de waqf ».
Mme Diop qui a représenté le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan à cet atelier régional rappelle que le Sénégal est l’un des premiers pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) à se doter d’une loi sur le waqf. Mieux, poursuit-elle, le pays est en train d’exploiter le potentiel de développement du waqf qui est un « instrument éprouvé de solidarité et de lutte contre la pauvreté de l’économie islamique et un levier innovant pour la finance sociale ». « L’intérêt manifesté par le gouvernement à l’égard du waqf trouve sa justification dans les défis socioéconomiques qui interpellent notre pays et les fondements de notre stratégie d’émergence qui mettent l’accent sur une croissance inclusive et une société solidaire, le développement de secteurs ayant des impacts significatifs sur l’amélioration du bien-être des populations et la garantie de l’accès aux services sociaux de base », a expliqué la directrice générale de la Haute autorité du Waqf.
Le groupe de la Bid, selon son directeur régional à Dakar, mène des efforts pour développer les instruments basés sur la finance islamique en Afrique de l’Ouest et dans les 57 pays membres de l’institution. L’atelier de partage d’expériences sur le waqf, ouvert, hier, à Dakar et qui regroupe des représentants des différents pays membres de l’Uemoa, dit-il, entre dans des actions menées par la Bid pour développer cet instrument innovant de finance. L’objectif est donc de partager les efforts dans le domaine des connaissances et de jeter les bases d’une coopération entre les institutions et la Haute autorité du waqf. Des pays comme le Koweit, le Maroc, l’Algérie ou la Mauritanie qui sont des références en développement du waqf et qui ont des représentants à cette rencontre vont partager leur savoir-faire dans ce domaine avec les pays de l’Uemoa. « Au regard de la pertinence et la richesse des thèmes qui seront abordés au cours de ces deux journées et de la qualité des experts, je suis convaincu que les participants auront les outils nécessaires pour bien appréhender le rôle du waqf dans le développement des institutions socioéconomiques et d’accompagner le développement des projets de waqf dans leurs pays respectifs », a conclu la directrice de la Haute autorité du waqf, Oulimata Diop.
Dr Abdou Diaw, responsable du Mba finance islamique au Cesag
« Le potentiel du waqf est inexploité »
Le Dr Abdou Diaw définit le waqf comme « une aumône durable dans le sens où le bien est maintenu ». Selon le droit musulman, le waqf est un bien dont la jouissance est donnée à un destinataire public (waqf public) ou à des membres spécifiques de la famille du donateur ou à des tiers (waqf familial). Le Dr Diaw, par ailleurs responsable du Mba Finance islamique au Cesag a expliqué, lors de sa présentation qui a porté sur : « l’objectif du waqf et ses perspectives modernes » qu’il existe plusieurs types de waqf tels que le waqf direct, le waqf indirect ou le waqf mixte qui combine les deux. A titre d’exemple de waqf direct, le Dr Diaw donne la construction d’un hôpital par un tiers mais dont les services sont gratuits. Par contre, la construction d’un building par un tiers dont les revenus générés par le building sont destinés à une catégorie de personnes est un waqf indirect. Toutefois, l’objectif principal du waqf pour la personne qui l’a constitué est « d’avoir l’agrément divin », renseigne l’enseignant au Cesag.
Cependant, le Dr Diaw constate que dans nos pays, le potentiel du waqf est inexploité alors que ce mode de finance, dit-il, peut être d’un grand apport dans le combat contre la pauvreté et les inégalités sociales. Pour une meilleure mobilisation des ressources à travers le waqf, le Dr Abdou Diaw souligne qu’il faut « utiliser efficacement la plateforme de la finance moderne ». Selon lui, il y a une possibilité de lever des fonds avec la finance digitale pour développer le waqf.
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