Algérie : la timide bataille de Mohamed Aïssa contre le wahhabisme

10:47 - July 03, 2018
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Le ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs s’est lancé, depuis 2014, dans une guerre contre le wahhabisme. Mais Mohamed Aïssa évite soigneusement de nommer la doctrine saoudienne.

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« Ce n’est pas un secret. Des radicaux tentent de s’approprier les mosquées de la République. Ils ont réussi à infiltrer des groupes. Ils sont à l’origine de la mort de deux imams, comme ils ont blessé et insulté d’autres imams qui ne partagent pas leurs idéologies. » Samedi dernier, le ministre algérien des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a lancé une pique à peine cachée contre le wahhabisme, qui prospère en Algérie. Une façon, une nouvelle fois, de dire qu’il s’opposait à tout « islam importé. » Il dénonce aussi de la part des « extrémistes » des « tentatives insistantes d’accaparer des perchoirs de mosquées » et a donc décidé de geler les commissions des mosquées.


Le wahhabisme, un « un ennemi imaginaire » ?

En avril dernier, les propos de cheikh Ferkous excluant de nombreux courants des « gens de la sunna et du consensus » faisaient polémique. De quoi mettre à mal Mohamed Aïssa, qui défend depuis longtemps un « référent national », en opposition aux fatwas venues des pays du Golfe. Sauf que, comme dans son post publié sur les réseaux sociaux, le ministre des Affaires religieuses se gardait alors bien de citer le wahhabisme. Pire, le ministre des Affaires religieuses a longtemps asséné que le wahhabisme était « un ennemi imaginaire. » Il faut dire que concernant la doctrine venue d’Arabie Saoudite, Mohamed Aïssa souffle le chaud et le froid.


Exemple : fin 2016, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs se positionnait fermement contre la venue d’imams saoudiens en Algérie. « L’Algérie n’a pas besoin d’importer des imams d’Arabie Saoudite, ni d’Egypte ni du triste Yémen ! », écrivait-il alors. En avril dernier, il s’élevait contre les « doctrines sectaires », omettant soigneusement une fois encore de citer le wahhabisme, si ce n’est pour vanter le modèle saoudien qui « protège sa doctrine wahhabite et empêche l’introduction de toute autre pensée. » Quelques jours plus tard, le ministre précisait n’avoir « aucun problème avec l’idéologie religieuse qui règne en Arabie Saoudite. »


Islam « national » vs. Islam importé

Un discours changeant qui montre aussi le décalage entre les paroles et les actes. Pourtant, lors de son arrivée en 2014 au ministère des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa détonnait : il prônait, à la Grande mosquée de Paris, la « voie du juste milieu » et critiquait les cheikhs « autoproclamés ». Déjà à l’époque, il défendait un Islam « national », s’opposant au wahhabisme. Six mois après sa prise de fonctions, il assurait que les mosquées en Algérie étaient « immunisées » contre les idéologies extrémistes. Quatre ans plus tard, plusieurs personnalités religieuses dénoncent une propagation du wahhabisme. Preuve s’il en fallait que la réforme tant attendue du ministère des Affaires religieuses tarde à se mettre en place.

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