Une femme musulmane enceinte sauvagement agressée en Australie

9:43 - November 24, 2019
Code de l'info: 3471179
Mercredi 20 novembre 2019 restera un jour de triste mémoire pour Rana Elasmar, dont seul le baume du temps pourra cicatriser les blessures, visibles et invisibles.
Alors qu’elle était tranquillement attablée avec deux amies dans un café situé en plein cœur de Parramatta, un quartier très animé, métissé et bigarré situé à l’ouest de Sydney, cette future maman de 31 ans a vu subitement un inconnu s’approcher d’elles pour, selon les dires des médias australiens, mendier de l’argent.
 
Sans qu’elle ait eu le temps de pressentir le danger et de réagir, l’homme de taille imposante s’est jeté sur elle avec une sauvagerie inouïe. Après l’avoir apostrophé méchamment en proférant des insultes à caractère islamophobe (il criait d’après tous les témoins), Stipe Lazina – un « étranger âgé de 43 ans » ont indiqué les forces de l’ordre – l’a littéralement passée à tabac sous les yeux effarés de ses amies. Sa proie, une malheureuse femme musulmane voilée, enceinte de plusieurs mois, a vacillé sous la pluie de coups de poing et de pieds qu’il lui a administrés, à la tête et sur le corps.
 
Frappée à plus de 14 reprises, Rana Elasmar doit la vie sauve à l’intervention de ses deux amies, elles aussi vêtues d’un hijab et miraculeusement épargnées, qui ont su vaincre leur propre terreur, mais aussi des clients de l’établissement qui ont volé à sa rescousse.
 
Ce terrible déchaînement de violence, extrêmement traumatisant pour celle qui en a été la victime immédiate, mais aussi pour ses amies, ces victimes collatérales, a été qualifié de « raciste » par les autorités australiennes. Tous les témoignages recueillis sont catégoriques : Stipe Lazina, entré dans une rage folle, hurlait des insultes anti-musulmans pendant qu’il se déchaînait contre Rana Elasmar.
 
Sous le choc, les institutions musulmanes phares du pays et leurs plus éminents représentants ont sévèrement condamné cette agression insoutenable.
 
« Aucune femme ne doit être sujette à une telle attaque. Quelle atrocité de s’attaquer à une femme enceinte assise tranquillement avec ses amies ! L’agresseur doit ressentir la force de la justice sous toutes ses formes. Nous attendons que cette attaque, qui relève ouvertement du racisme et de l’Islamophobie, soit ainsi considérée et punie comme il se doit », a déclaré, consterné, Ratep Jneid, le président de la Fédération australienne des conseils islamiques (AFIC), au micro de l’agence turque Anadolu.
 
Ce dernier a exhorté le gouvernement et les forces de l’ordre à prendre le fléau de l’islamophobie et sa spirale infernale de violence à bras-le-corps, avant qu’une tragédie ne survienne sur le sol australien. L’Australie, est-il besoin de le rappeler, est la terre natale du terroriste d’extrême droite Brenton Harrison Tarrant, auteur du massacre de Christchurch qui a horrifié la Nouvelle-Zélande, ce havre de paix multiculturel.
 
Tandis que son agresseur était placé en détention provisoire, à l’issue de sa première comparution  devant le tribunal local de Parramatta, Rana Elasmar, profondément meurtrie dans sa chair et son âme, sortait de l’hôpital de Westmead, où elle avait été admise, pour regagner son domicile.
 
«Cet homme a verbalisé sa haine des musulmans avant de me frapper. Il a décidé qu’il allait agir avec sa haine alors qu’il ne me connaît pas, ni ne connaît ma religion. Je ne veux plus que cette attaque se reproduise. Je veux voir un monde où les gens se défendront contre des actes lâches comme celui-ci et s’uniront pour protéger les victimes », a appelé de ses voeux Rana Elasmar sur Facebook, avec un courage et une dignité qui forcent le respect.
oumma
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