
89,7% des Bangladais sont musulmans avec une majorité de sunnites et 9,2% d’hindous. Comme l'islam a été historiquement, répandu par les soufis au Bangladesh, les adeptes des sectes soufies de confession Hanafite, ont une présence significative dans le pays.
Cette année, l'épidémie de corona a contraint les amoureux de l'Imam Hussein (AS) à organiser les cérémonies de deuil différemment des années précédentes, dans le respect des mesures d'hygiène et des protocoles de santé. Certains ont choisi le cyberespace pour célébrer les rituels d'Achoura.
Selon le conseiller culturel iranien à Dhaka, les musulmans du Bangladesh organisaient chaque année, avec passion, les cérémonies de deuil du mois de Muharram, et des représentations théâtrales étaient organisées dans tous les villages.
« A l'occasion du mois de Muharram, de nombreuses associations sociales et culturelles organisent des rassemblements, des discours religieux, des réunions de prière et de salutations au Prophète (psl). Des réunions spéciales sont organisées dans les mosquées. Les journaux et magazines publient des articles et des poèmes, et des expositions sont organisées à cette occasion, ainsi que des programmes spéciaux à la radiotélévision.
Dans le domaine littéraire, Le roman épique "Bishad Shindo" (Mer de la douleur) écrit par Mir Musharraf Hussein, a été publié en trois volumes en 1885, 1887 et 1891, bien que certains pensent que ce roman est quelque peu irréaliste et ne présente pas bien le mouvement Imam Hussein (AS). Par contre, l'esprit d’ashura est clairement présent dans les écrits et poèmes de Nazrul Islam, poète national du Bangladesh, qui n'était pas chiite mais a toujours eu un respect particulier pour les Ahl al-Bayt (as).
La cérémonie "Manik Ganj" le jour d'Achoura, date de plus de cent ans et est parrainée par l'un des grands soufis de la région, qui nourrit tous les participants ce jour-là, chaque année. Les habitants des villes voisines se rassemblent dans les Hosseiniyah de la ville, et la cérémonie se poursuit du lever au coucher du soleil. Cependant, il existe de nombreux erreurs historiques qui résultent d’un manque de connaissances et d’informations sur la vérité de l'événement d'Achoura et les objectifs du soulèvement de l'Imam Hussein (AS).

A Dhaka, se trouve l’ancien sanctuaire d’un descendant des Saints Imams (as) appelé "Hosseiniyah Dalan" dont l'architecture est l’architecture typique du Bangladesh. Un autre sanctuaire a été établi par Hadji Mohammad Mohsen, connu sous le nom de "héros de la générosité et du pardon", dans un endroit appelé Morali dans la ville de Jisur située à l'ouest du Bangladesh, qui existe toujours. Il y a aussi un autre endroit, connu sous le nom de "Karbala", dans la région de Jisour.
Les cérémonies de deuil du mois de Muharram au Bangladesh, avaient lieu à Dhaka mais ces dernières décennies, en raison de l'augmentation du nombre des adeptes de l'école des Ahl al-Bayt (as), en plus de Dhaka et du Dalan Hosseiniyah, des cérémonies sont organisées à Ghazi pour, Ji Sour, Bogra, Mir pour, Mohammad pour, Chittagong, Pelton, Magh Bazaar, Shakira et Kolno, la veille du 10ème jour du mois de Muharram. Influencée par la culture de l'Inde et du Pakistan, la cérémonie de Dalan Hosseiniyah a lieu en ourdou avec un accent spécial sur les représentations théâtrales. Dans d'autres centres, les cérémonies se déroulent principalement en bengali, et parfois, avec un minimum de possibilités mais le maximum de sincérité.
La presse bangladaise quant à elle, consacre également des articles à l’évènement d’Ashura et au soulèvement de l'Imam Hussein (as), chaque année. Bien entendu, diverses théories sont proposées et dans certains cas, suscitent des controverses. L'étude de la philosophie du soulèvement de l'Imam Hussein (AS) et du mouvement d’Ashura dans une perspective religieuse, humaine et même nationale, constitue le thème principal des articles, selon les idées des auteurs. Bien sûr, parfois des articles sont publiés par les partisans du mouvement wahhabite afin de remettre en question les cérémonies et les rituels de deuil.
En général, chaque année, la cérémonie de Muharram au Bangladesh a lieu avec une splendeur particulière, et la présence et la participation d’une majorité de sunnites. De ce point de vue, il faudrait accorder plus d'attention à cet évènement pour comprendre comment le nom de l'Imam Hussein (AS) est devenu l'axe d'unité et de solidarité des musulmans au Bangladesh », a-t-il dit.