La présence de l'Arabie saoudite sur le continent africain, en plus de l'influence politique et sécuritaire, a également des dimensions économiques. L'Afrique peut être considérée comme la plus grande région d'investissements au monde, et attire de nombreux pays depuis la Chine, jusqu’à l'Union européenne et les États-Unis.
Ses ressources minérales précieuses et diverses, une population jeune et une main-d'œuvre bon marché ont fait du continent africain un endroit idéal pour les investisseurs étrangers. L'Arabie saoudite considère le continent africain comme un bon endroit pour ses investissements économiques étant donné les points communs religieux, la prévalence de la langue arabe dans un certain nombre de pays du nord et de l'est de l’Afrique, et sa proximité géographique. Avec environ 4 milliards de dollars d’investissements dans tout le continent africain, l'Arabie saoudite est actuellement le cinquième investisseur en Afrique, selon les statistiques publiées par le site Web du magazine African Business en 2019. Les récents investissements saoudiens en Afrique, se sont concentrés sur l'agriculture, l'eau, l'énergie et le logement. Les investissements économiques saoudiens ne sont encore qu’à leurs débuts mais certains géants du gouvernement saoudien, comme la société chimique SABIC, qui détient 70% du capital d'Aramco, ont des bureaux ou des filiales au Maroc, en Tunisie et en Afrique du Sud, depuis une dizaine d’années.
Cependant Al-Saud a aussi des projets dans les domaines culturels et religieux, compte tenu de l'importante population musulmane africaine et du danger de la présence d'autres puissances comme l'Iran et la Turquie, qui les ont conduits à utiliser diverses méthodes pour promouvoir l’idéologie wahhabite. Les universités comme l'Université islamique de Médine et l'Université islamique de Riyad, ont formé des milliers d'imams et de prédicateurs, et proposent des bourses d'études depuis 1970, offertes en majorité aux musulmans africains. A leur retour, ces diplômés universitaires feront non seulement la promotion de l'islam wahhabite souhaité par les autorités saoudiennes dans les mosquées, souvent construites avec de l'argent de Riyad, mais resteront également fortement dépendants du gouvernement qui les a formés. Aujourd'hui, ces prédicateurs, formés dans ces universités depuis trente ans, occupent de hautes positions religieuses en Afrique, et influencent, dans une certaine mesure, les autorités politiques de leur pays.
Dans le domaine social, le gouvernement saoudien est également très actif. Plusieurs organisations caritatives saoudiennes donnent des fonds aux pays africains pour accroître indirectement l'influence du gouvernement saoudien wahhabite. Le meilleur exemple est la Fondation King Faisal, qui a 43 de ses 197 projets caritatifs dans les pays africains. Par ailleurs, des milliardaires de la famille royale saoudienne, comme Walid Bantalal Al Saud, neveu de l'actuel roi Abdallah, ont des programmes d'aide financière dans divers pays du continent africain, dont certains valent des millions de dollars.
Politiquement, l'influence de l'Arabie saoudite dans les pays africains a conduit certains pays du continent à s'orienter vers la politique saoudienne par crainte de l'influence de pays comme l'Iran symbole de la domination chiite, la Turquie pays islamique laïc, l'Indonésie et la Malaisie symboles d’un islam compatible avec le monde moderne. La rupture des liens entre plusieurs pays africains comme Djibouti et le Soudan avec l'Iran, après les événements de l'ambassade saoudienne à Téhéran, et avec le Qatar, après l'escalade des tensions politiques entre Riyad et Doha, et le blocus économique du Qatar font partie des effets de ces politiques.
Un autre exemple est le Soudan. En 2019, la question du Soudan est progressivement devenue une priorité de la politique étrangère saoudienne. Les manifestations d'avril 2019 ont évincé le président soudanais Omar al-Bachir qui était au pouvoir depuis 30 ans. Cela a incité l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à essayer d'exercer leur influence avec l'aide de Mohamed Hamdan Daglo, membre du Conseil militaire chargé du transfert de pouvoir, qui s'est rendu en Arabie saoudite en juillet 2019, sous prétexte d'accomplir le Hadj, afin d’obtenir une garantie de soutien de Ryad.
Cependant, les calculs des autorités saoudiennes concernant l'Afrique, n'ont pas toujours été corrects. Par exemple, le transfert de pouvoir après la chute d'Hosni Moubarak en Egypte et le cas similaire en Tunisie. D'un point de vue militaire, l'Arabie saoudite ne fournit qu’un soutien politique au général Khalifa Haftar en Libye où l'armée saoudienne n'est pas représentée alors que les Emirats arabes offrent un soutien militaire direct à Haftar. En revanche, l'Arabie saoudite est fortement impliquée militairement au Yémen. Néanmoins, les rivalités au sujet du leadership de la grande communauté musulmane africaine, dans le monde islamique, ont incité l'Arabie saoudite à investir dans le continent et à faire de l'Afrique, un endroit pour développer et promouvoir une idéologie qui peut être très extrémiste et apporter l'insécurité aux autres musulmans qui ne partagent pas l'idéologie saoudienne wahhabite ».
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