Alors que ces derniers jours, la chute de plusieurs villes d'Afghanistan aux mains des talibans, a attiré l'attention au Moyen-Orient, dans d'autres parties du monde, des groupes terroristes affiliés à Daesh et à al-Qaïda continuent d'envahir l'Afrique.
L'étendue des activités de Daesh et des terroristes proches de Daesh en général, comme Boko Haram, s'étend en Afrique depuis près d'une décennie, et des problèmes comme la pauvreté et la corruption encouragent l’adhérence à ces groupes extrémistes. En d'autres termes, Daesh et al-Qaïda ont fait de l'Afrique une priorité après leur échec au Moyen-Orient.
Ces développements en Afrique ont incité Rome à accueillir une réunion le 28 juin 2021, pour discuter de l'influence croissante de l'Etat islamique sur le continent africain. Cela montre que les pays occidentaux sont très préoccupés par la transformation d'une région stratégique comme celle de l'Afrique de l'Ouest et de la côte d’ivoire, en un nouveau territoire de Daesh.
La zone où Daesh et d'autres groupes comme Boko Haram sont actifs, couvre une vaste zone allant du nord du Sénégal, du sud de la Mauritanie, du centre du Mali, du sud de l'Algérie et du Niger, du centre du Tchad, du sud du Soudan, du nord du Soudan du sud et de l'Érythrée. La région côtière a toujours été une zone de transit pour un grand nombre de migrants cherchant à rejoindre l'Europe. La zone est également une voie de transit pour la drogue, les armes et les extrémistes affiliés à des groupes terroristes.
La défaite de Daesh en Irak et en Syrie, n'a pas mis fin aux ambitions du groupe d'établir un califat mondial et n'a fait que changer sa situation géographique. D'autres groupes terroristes extrémistes en Afrique, comme Boko Haram au Nigeria et al-Shabab en Somalie, se sont en quelque sorte, placés sous l'égide de Daesh afin d'utiliser le nom du groupe. La Libye était une perspective importante en raison de la guerre civile après le renversement de Kadhafi. Les gisements de pétrole de la Libye, le manque d'autorité du gouvernement central et la proximité de l'Europe ont fait de la Libye une cible pour l'Etat islamique. En 2018 et 2019, de nombreux rapports prétendaient qu’al-Baghdadi avait déplacé sa base d'opérations en Libye avant ses défaites en Irak et en Syrie. Il y avait aussi des allégations selon lesquelles al-Baghdadi y aurait été vu. Mais tous ces rapports étaient faux. La présence de Daesh a été de courte durée en Libye, malgré le succès initial et la capture de la ville libyenne de Syrte.
Daesh a tenté de s'activer en Afghanistan et au Yémen. Aux Philippines, le groupe a soutenu les insurgés d'Abu Sayyaf qui y étaient actifs depuis quatre décennies. Abu Sayyaf est le plus important d'une douzaine de groupes extrémistes aux Philippines. En Afghanistan et au Yémen, l'Etat islamique n'a pas réussi à affirmer sa position malgré une activité généralisée. Aux Philippines, malgré un succès initial, il a été rapidement écrasé par l'armée philippine.
Mais la situation en Afrique de l'Ouest, était différente. Le groupe Boko Haram a connu un certain succès au Nigeria et dans d'autres pays de la région. Bien qu'al-Shabab et Boko Haram aient réaffirmé leur indépendance après l'éviction d'al-Baghdadi et qu'ils soient désormais relativement indépendants, Daesh a pu conserver sa place dans ses prétendus califats en Afrique.
En Afrique subsaharienne, ISIS opère désormais à travers deux groupes principaux. L'Afrique de l'Ouest, qui comprend le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun, le Burkina Faso et le Mali, et l'Afrique centrale, qui comprend la République démocratique du Congo et le Mozambique. Nosra al-Islam wal-Muslimin, une filiale d'al-Qaïda, opère dans la même région d'Afrique centrale que Daesh.
Le groupe du Sinaï a été le plus actif parmi les groupes liés à Daesh, en Afrique. Mais mis à part quelques attaques sporadiques dans la vallée du Nil et sur la côte de la mer Rouge, Daesh n'a pas été en mesure d'opérer régulièrement en dehors du désert du Sinaï, en raison de la puissance de l’armée et du renseignement de l'Égypte, et du régime sioniste.
Cependant, en Afrique de l'Ouest et Centrale, les groupes affiliés à Daesh sont confrontés à des gouvernements centraux faibles. A l'exception du Nigeria, ces pays ont des militaires inexpérimentés et mal entraînés. D'un autre côté, ces milices sont confrontées au manque d'installations et d'équipements de l’armée, et sont souvent impliquées dans des conflits politiques entre politiciens. Les principaux centres d'activité de l'Etat islamique dans la région côtière sont le Tchad, le Nigeria et le Niger. Au cours des deux dernières années, les terroristes de l'Etat islamique ont pris le contrôle de plus de 10 bases militaires dans la région. Certaines de ces bases n'étaient que des points de contrôle sans défense, mais d'autres étaient plus importantes et ont fourni un trésor d'armes et de munitions à Daesh.
La France est la puissance étrangère la plus importante dans la lutte contre Daesh en Afrique, en raison de ses liens étroits avec les gouvernements de la région qui sont le résultat d'années de colonialisme, ainsi que les États-Unis, qui tentent de freiner l'influence de l’économie chinoise en Afrique.
L'expérience de l'Irak et de la Syrie a montré que la prévention de la propagation et de la pénétration de Daesh et d'autres groupes nécessite une action internationale avec la présence de tous les gouvernements qui ont des intérêts en Afrique.
Les facteurs les plus importants de l’attirance des gens vers les groupes extrémistes en Afrique, ne sont pas idéologiques mais sont les problèmes économiques et la pauvreté. En d'autres termes, tant que la pauvreté, l'analphabétisme et la pauvreté culturelle règneront en Afrique, le terrorisme et l'extrémisme, qu'il s'agisse de l'extrémisme islamique de Daesh, de l'extrémisme chrétien de l'Armée de résistance en Ouganda, ou les conflits ethniques au Rwanda, se poursuivront.