La destruction de la bibliothèque de Bagdad par les Mongols en 656 de l’hégire, a été un des crimes les plus horribles de l'histoire de la pensée humaine.
Le Dr Hilal Kazem al-Shabli, professeur assistant des universités irakiennes, dans une interview à Al Jazeera, a déclaré : « Lors de cet évènement, les bibliothèques et les maisons des oulémas, des dirigeants et des dignitaires de Bagdad ont été attaquées par les Mongols, et la plupart d'entre eux ont quitté Bagdad. Les Mongols ne faisaient pas de distinction entre les livres religieux et les autres livres, car ils ne connaissaient pas la langue arabe ».
Asad Abdullah, un écrivain irakien, a déclaré : « Parmi les quelques livres qui ont survécu à la destruction, on peut citer le livre Al-Mufradat Fi Gharib Al-Quran de Hussein bin Muhammad Ragheb Isfahani (décédé en 1108). Ragheb Isfahani était né à Ispahan et vivait à Bagdad où il écrivait des livres de commentaire, de littérature et de rhétorique. Le livre Al-Mufradat Fi Gharib Al-Quran est un des livres les plus célèbres et les plus utiles de Ragheb Esfahani, dans ce livre qui est encore utilisé de nos jours, il a interprété les mots difficiles du Saint Coran qu’il a classés par ordre alphabétique ».
Le Dr Mohammad Abdul Qadir Al-Duri, expert en langue arabe, a déclaré : « Bagdad était autrefois un centre scientifique qui organisait des réunions scientifiques et linguistiques. A cette époque, l'école de Bagdad de grammaire arabe, était considérée comme une école prestigieuse qui avait ses propres principes et ses érudits. A cette époque, un scientifique d'Ispahan est venu vivre à Bagdad et a fait ses études dans ce domaine. Lors de l’invasion mongole, des milliers de livres ont été jetés dans le Tigre et la civilisation de cette époque a disparu ».
Le Dr Mahmoud Shamsuddin Al-Khazaei, chercheur et professeur d'université, a qualifié la chute de Bagdad de « catastrophe » pour la culture et la civilisation islamiques : « Les Mongols ont mis le feu à l'une des plus grandes bibliothèques du monde à l'époque, et ont jeté les livres dans le Tigre, au point que l'eau du Tigre est devenue rouge et bleue, à cause du sang des victimes et de l'encre des livres. Le manuscrit, à mon avis, est le manuscrit original qui a été retiré de l’eau. Le sauveur du livre a écrit sur la première page : « Ce qui a été jeté dans la rivière par le peuple tatar en 656, a été retiré de l'eau, par cet humble serviteur de Dieu, Muhammad ibn Abi Bakr ibn Abi Fawars ». Le reste est illisible à cause de la dissolution de l'encre ».
Le Dr Emad al-Din Khalil, penseur et historien musulman, a déclaré : « Tous les manuscrits n'ont pas été détruits, certains ont été transférés dans la ville de Maragheh en Iran, à l’époque. Environ 90 % des manuscrits des bibliothèques de Bagdad ont été détruits et les livres qui ont été sauvés sont mentionnés dans l'Histoire de la littérature arabe de Carl Brockelmann ».
Hussein Nahaba, éditeur et traducteur arabe, a qualifié l'occupation de Bagdad par les Mongols et l'incendie des bibliothèques, dont la Bibliothèque de la Sagesse de Bagdad, de grandes catastrophes. « Hulagu n'a pas seulement attaqué Bagdad mais toutes les villes irakiennes, et a tenté de détruire tout ce qui concernait la race arabe en Irak. Le vol des manuscrits se poursuit malheureusement. Un voyageur anglais, un des plus grands voleurs de livres de Bagdad, a volé plus de 1 200 manuscrits qu’il a emmenés au British Museum. Ces vols culturels se poursuivent aux yeux du monde, en toute impunité. Les bibliothèques et la presse irakiennes ont prospéré récemment, en particulier après la normalisation des relations de l’Iraq avec l’ONU et la levée des sanctions qui pesaient depuis 1990 sur ce pays. Les autorités irakiennes n'ont épargné aucun effort pour diffuser les idées des universitaires irakiens dans le monde arabe », a-t-il dit.