Khofiz Shakhidi, entrepreneur tadjik vivant à Monaco et diplômé de l'Université d'Essex au Royaume-Uni, est actuellement président d'Alif Bank, une fintech de premier plan en Asie centrale. Dans une note d'Inacial Reporter, il évoque ainsi l'avenir de la fintech islamique et les perspectives de 2022 : « La capacité de la Fintech à maintenir une croissance régulière démontre le fort potentiel de ce secteur, à long terme. Les banques ont montré comment la technologie peut être utilisée pour accroître la fourniture de services financiers aux consommateurs, aux investisseurs et aux banques. Alors que ces institutions ont une part de marché croissante, les grandes banques profitent également des avantages de la transformation numérique pour s'assurer qu'elles peuvent répondre aux demandes changeantes de leurs clients. La principale raison du succès de la Fintech est son taux d'acceptation. En 2020, le taux d'acceptation mondial des produits Fintech était de 64 %. Le point important est que cela ne se limite pas à une région ou à un secteur spécifique, et le taux d'acceptation a été considérablement élevé dans les marchés avancés et émergents. La Fintech islamique est prête pour une croissance significative dans les années à venir. Selon les dernières statistiques disponibles de Dinar Standard et Elipses, la part de marché de la fintech islamique dans les pays membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) en 2020, a atteint 49 milliards de dollars et ce chiffre ne représente que 0,72 % du volume du marché mondial de la Fintech. Il est probable que le volume du marché de la Fintech islamique pour les membres de l'OCI, augmente de 21 % et atteigne 128 milliards de dollars d'ici 2025. Le taux de croissance annuel composé (TCAC) de la croissance mondiale des Fintech sur la même période, devrait être de 15 %. Il est évident que les investisseurs et les entreprises suivent de près l'évolution de la FinTech islamique et sa capacité à autonomiser une nouvelle génération de clients qui n'avaient pas initialement accès à ses services.
Les intermédiaires financiers au Royaume-Uni, doivent non seulement comprendre les principes de base de la finance islamique, mais aussi voir l'émergence des sociétés Fintech islamiques et leurs différences par rapport aux marques Fintech réputées.
Il existe deux facteurs interdépendants concernant la forte croissance de la fintech islamique. Le premier est le nombre des clients. D’après les chiffres, on prévoit que le nombre des musulmans sera d’environ 3 milliards d'ici 2060, et dans des régions comme l'Asie centrale, avec l'expansion des services FinTech, une nouvelle génération de consommateurs a désormais accès à l'infrastructure et à la technologie nécessaires pour répondre à ses besoins.
Un autre facteur est ce que j'appelle la « deuxième vague » de « sociétés fintech ». Il y a plus de cinq ans, les startups FinTech dirigées par des marques comme Monzo et Revolut sont devenues publiques et ont fourni des solutions financières innovantes aux consommateurs, aux entreprises et aux investisseurs qui ont pu ainsi surmonter les problèmes fondamentaux lors des transactions avec les grandes banques. Depuis, ces startups sont devenues de grandes entreprises suivies par une nouvelle vague d'entreprises FinTech à croissance rapide qui utilise la technologie pour attirer une population qui n'est pas encore en mesure d'atteindre la FinTech.
« Alif » est un exemple de fourniture de solutions fintech conformes à la loi islamique pour ceux qui souhaitent utiliser des services de financement islamiques. Le point important est que ces services ne sont pas réservés aux musulmans.
L'un des défis auxquels est confronté le secteur de la finance islamique est le manque de sensibilisation du marché et de connaissances sur les principes de base des produits et des services basés sur la charia. Il s'agit d'un problème courant dans les pays non musulmans, et le Royaume-Uni ne fait pas exception. Le Royaume-Uni s'emploie cependant activement à combler son manque de connaissances en matière de finances et de technologies financières islamiques, et à devenir une plaque tournante mondiale majeure pour les opérations de financement islamique.
Le rapport ICD-Refinitiv sur le développement de la finance islamique, a révélé qu'en 2019, le Royaume-Uni était le troisième plus grand fournisseur de formation en finance islamique, après l'Indonésie et la Malaisie. La même année, la Grande-Bretagne s'est classée au troisième rang mondial pour le nombre de conférences sur la Finance islamique. Ce sont des pas positifs et le rôle de la Grande-Bretagne dans le développement de la fintech islamique, est prometteur. Au Royaume-Uni, on estime à 100 000 le nombre de clients qui utilisent les services de financement islamique, et le gouvernement estime la valeur nette des actifs des fonds islamiques au Royaume-Uni, à 600 millions de pounds.
L'industrie se développe et permet à une nouvelle génération de profiter des applications fintech intelligentes. Dans cette optique, il est important pour les consultants et intermédiaires de s'assurer qu'ils connaissent bien, non seulement les principes financiers de base de la charia, mais aussi l'impact des technologies dans l'émergence des sociétés fintech islamiques.